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Mise jour: 27-Feb-2003 Publications OTAN

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Chapitre 5: Le rôle operationnel de l'Alliance dans le maintien de la paix
Le rôle de l'OTAN en rapport avec le conflit du Kosovo
 

Origine et déroulement du conflit


Le Kosovo se situe dans le sud de la Serbie et compte une population mixte dont la majorité est constituée d’Albanais de souche. La région a bénéficié d’une large autonomie au sein de l’ex-Yougoslavie jusqu’en 1989, année où le dirigeant serbe, Slobodan Milosevic, en modifia le statut, lui retirant son autonomie et la plaçant sous le contrôle direct de Belgrade, la capitale serbe. Les Albanais du Kosovo s’opposèrent vigoureusement à cette décision.

Au cours de 1998, le conflit ouvert entre les forces militaires et de police serbes et les forces des Albanais du Kosovo fit plus de 1 500 morts parmi ces derniers et contraignit 400 000 personnes à quitter leurs maisons. L’escalade du conflit, ses conséquences sur le plan humanitaire et les risques de débordement dans d’autres pays suscitèrent une vive inquiétude dans la communauté internationale. Le mépris affiché par le président Milosevic à l’égard des efforts diplomatiques déployés pour parvenir à un règlement pacifique de la crise et le rôle déstabilisateur joué par les forces militantes des Albanais du Kosovo furent une source de préoccupation supplémentaire.

Le 28 mai 1998, le Conseil de l’Atlantique Nord réuni au niveau des Ministres des affaires étrangères énonçait deux grands objectifs pour l’OTAN en ce qui concerne la crise du Kosovo :

  • aider à parvenir à une solution pacifique de la crise en contribuant à l’action de la communauté internationale;
  • promouvoir la stabilité et la sécurité dans les pays voisins, en accordant une attention particulière à l’Albanie et à l’ex-République yougoslave de Macédoine(1) .

Le 12 juin 1998, le Conseil de l’Atlantique Nord, réuni au niveau des Ministres de la défense, demandait que soient évaluées de nouvelles mesures susceptibles d’être prises par l’OTAN face à la crise qui se développait au Kosovo. Un grand nombre de solutions possibles furent alors envisagées.

Le 13 octobre 1998, à la suite d’une dégradation de la situation, le Conseil de l’OTAN autorisa des ordres d’activation en vue de frappes aériennes. Le but de cette décision était de soutenir les efforts diplomatiques visant à amener le régime de Milosevic à retirer ses forces du Kosovo et à coopérer pour mettre un terme à la violence et faciliter le retour des réfugiés chez eux. Au dernier moment, après de nouvelles initiatives diplomatiques, le président Milosevic accepta de se conformer aux exigences fixées, et les frappes aériennes furent annulées.

La résolution 1199 du Conseil de sécurité des Nations Unies exprima, entre autres, la grave préoccupation des membres devant l’usage excessif de la force de la part de l’armée yougoslave et des forces de sécurité serbes, et appela les deux parties au conflit à accepter un cessez-le-feu. Dans l’esprit de cette résolution, des limites furent fixées s’agissant de l’ampleur numérique des forces serbes au Kosovo et de la portée de leurs opérations, après la conclusion d’un accord distinct négocié avec le gouvernement serbe.

Il fut convenu, en outre, que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) mettrait en place une Mission de vérification au Kosovo (KVM), chargée de s’assurer du respect des obligations sur le terrain, et que l’OTAN assumerait une mission de surveillance aérienne. Ces deux missions furent approuvées dans la résolution 1203 du Conseil de sécurité. Plusieurs pays non-membres de l’OTAN acceptèrent de contribuer à la mission de surveillance.

Pour appuyer l’OSCE, l’Alliance constitua une force spéciale chargée d’aider à l’évacuation d’urgence des membres de la Mission de vérification si une reprise du conflit devait les mettre en danger. Cette force fut déployée dans l’ex-République yougoslave de Macédoine et placée sous la direction générale du Commandant suprême des forces alliées en Europe.

Malgré ces mesures, la situation au Kosovo s’embrasa à nouveau au début de 1999, suite à un certain nombre d’actes de provocation perpétrés par les deux parties et à un recours excessif et disproportionné à la force de la part de l’armée et de la police spéciale serbes. Grâce aux efforts de médiation des vérificateurs de l’OSCE, certains de ces incidents purent être désamorcés, mais, à la mi-janvier, une escalade de l’offensive menée par les Serbes contre les Albanais du Kosovo avait entraîné une nouvelle dégradation de la situation.

Les efforts internationaux furent relancés pour imprimer un nouvel élan à la recherche d’une solution pacifique au conflit. Les six pays du Groupe de contact(2) constitué par la Conférence de Londres de 1992 sur l’ex-Yougoslavie se réunirent le 29 janvier. Il fut décidé d’organiser d’urgence des négociations entre les deux parties au conflit, dans le cadre d’une médiation internationale.

L’OTAN a appuyé et renforcé les efforts du Groupe de contact en marquant son accord, le 30 janvier, sur le recours aux frappes aériennes si nécessaire, et en adressant une mise en garde aux deux parties au conflit. Les premières négociations de Rambouillet, près de Paris, qui se déroulèrent du 6 au 23 février, furent le point culminant de ces initiatives concertées; elles furent suivies d’une seconde série de négociations, à Paris, du 15 au 18 mars. A la fin de cette seconde série de pourparlers, la délégation des Albanais du Kosovo signa l’accord de paix proposé, mais les participants se séparèrent sans qu’ait été obtenue la signature de la délégation serbe.

Aussitôt après, l’armée et la police serbes firent monter en puissance leurs opérations contre les Albanais du Kosovo, en envoyant dans la région des renforts de troupes et des chars, en violation flagrante de l’accord d’octobre. Cette offensive systématique déclencha l’exode de dizaines de milliers de personnes.

Le 20 mars, la Mission de vérification de l’OSCE au Kosovo fut retirée de la région, l’obstruction des forces serbes ne lui permettant plus de poursuivre sa tâche. L'ambassadeur américain Richard Holbrooke se rendit alors à Belgrade pour une ultime tentative visant à persuader le président Milosevic de mettre fin aux attaques contre les Albanais du Kosovo, faute de quoi les frappes aériennes de l’OTAN seraient imminentes. Slobodan Milosevic ayant répondu par la négative, l’ordre de lancer les frappes aériennes fut donné le 23 mars (opération Force Alliée).

  1. La Turquie reconnaît la République de Macédoine sous son nom constitutionnel.
  2. L'Allemagne, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, la Russie et les Etats-Unis.