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Mise jour: 26-Feb-2003 Publications OTAN

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Chapitre 5: Le rôle operationnel de l'Alliance dans le maintien de la paix
Le processus de pacification dans l'ex-Yougoslavie
  Evolution du conflit

L'évolution du conflit a été très lente, et le processus qui a abouti à la signature de l'Accord de paix en Bosnie particulièrement laborieux. Les actions successives menées par l'Alliance pour appuyer les Nations Unies entre 1992 et 1995 sont décrites plus loin.

Tout au long de cette période, l'OTAN a établi des plans de circonstance pour une série d'options relatives au soutien des activités menées par les Nations Unies dans le cadre du conflit. Elle a ainsi communiqué aux Nations Unies des plans de circonstance concernant le respect de la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie-Herzégovine, l'établissement de zones de secours et de zones sanctuaires pour la population civile de Bosnie, et les moyens d'éviter une extension du conflit au Kosovo et à l'ex-République yougoslave de Macédoine (1). Des plans de circonstance pour la protection de l'aide humanitaire, le contrôle des armes lourdes et la protection des forces de l'ONU sur le terrain ont également été communiqués aux Nations Unies.

Juillet 1992
Des opérations de surveillance ont été engagées dans l'Adriatique par des navires de l'OTAN appartenant à la Force navale permanente de l'Alliance en Méditerranée, avec le soutien d'avions de patrouille maritime de l'OTAN. Ces opérations venaient à l'appui de l'embargo sur les armes décrété par les Nations Unies pour toutes les républiques de l'ex-Yougoslavie (résolution 713 du Conseil de sécurité) et des sanctions imposées à la République fédérale de Yougoslavie (résolution 757 du Conseil de sécurité).

Octobre 1992
Des avions du Système aéroporté de détection et de contrôle (AWACS) de l'OTAN ont entamé des opérations de surveillance à l'appui de la résolution 781 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui avait établi une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie-Herzégovine. Des informations sur les violations possibles de cette zone d'exclusion aérienne ont été communiquées régulièrement aux autorités compétentes des Nations Unies.

Novembre 1992
Les forces de l'OTAN et de l'UEO dans l'Adriatique ont engagé - en complément des opérations de surveillance maritime - des opérations visant à faire respecter les sanctions et l'embargo imposés par les Nations Unies (résolution 787). Ces opérations ne se limitaient plus à la simple constatation de violations possibles, mais permettaient aussi, en cas de besoin, d'arraisonner, d'inspecter et de dérouter des navires.

Mars 1993
Le 31 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 816, autorisant l'imposition du respect de la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie-Herzégovine et étendant l'interdiction à tous les vols d'avions et d'hélicoptères dans l'espace aérien correspondant, sauf ceux ayant l'accord de la FORPRONU.

Avril 1993
Une opération d'imposition des mesures menée par l'OTAN (Deny Flight) a été lancée à cet effet le 12 avril. Une cinquantaine de chasseurs et d'appareils de reconnaissance y ont participé dans un premier temps (ce nombre a par la suite été porté à plus de 200). Ces appareils, fournis par différents pays membres de l'Alliance, décollaient de bases aériennes situées en Italie et de porte-avions croisant dans l'Adriatique. Entre le début de l'opération et décembre 1995, les chasseurs et leurs appareils de soutien ont effectué près de 100.000 sorties.

Juin 1993
Lors d'une session conjointe tenue le 8 juin, le Conseil de l'Atlantique Nord et le Conseil de l'Union de l'Europe occidentale ont approuvé un concept d'opérations combinées de l'OTAN et de l'UEO visant à imposer le respect de l'embargo sur les armes décrété par les Nations Unies dans l'Adriatique. Ce concept prévoyait de mener une opération, baptisée Sharp Guard, comportant la mise en place d'un dispositif unique de commandement et de contrôle sous l'autorité des Conseils des deux Organisations. Le contrôle opérationnel de la Force occasionnelle conjointe de l'OTAN et de l'UEO était délégué, via le Commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), au Commandant des forces navales alliées du Sud Europe (COMNAVSOUTH), à Naples.

Au cours de l'opération, environ 74 000 navires ont été interpellés par les forces de l'OTAN et de l'UEO, près de 6 000 ont été inspectés en mer et un peu plus de 1 400 ont été déroutés et inspectés dans un port. Aucune violation effective de l'embargo n'a été signalée, mais six navires qui tentaient de passer outre ont été arraisonnés.

Le 18 juin 1996, l'embargo sur les armes décrété par les Nations Unies a été levé, et l'opération Sharp Guard a été suspendue. Le Conseil de l'Atlantique Nord et le Conseil de l'UEO ont toutefois indiqué que l'OTAN et l'UEO se tenaient prêtes à reprendre les opérations de contrôle si des sanctions devaient à nouveau être imposées en application de la résolution 1022 du Conseil de sécurité.

Août 1993
Un certain nombre de décisions ont été prises par le Conseil de l'Atlantique Nord dans le cadre d'une résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies au sujet de la protection générale des zones de sécurité (résolution 836). Le 2 août, face à des attaques répétées, le Conseil de l'Atlantique Nord a décidé de prendre immédiatement des dispositions en vue d'être prêt à réagir avec plus de fermeté pour le cas où l'étranglement de Sarajevo et d'autres zones se poursuivrait et où il ne serait pas mis fin aux actions destinées à entraver la fourniture de l'aide humanitaire; il s'agirait notamment de mener des frappes aériennes contre les responsables de ces attaques. Les autorités militaires de l'OTAN ont été chargées d'élaborer des options opérationnelles pour les frappes aériennes, en étroite coordination avec la FORPRONU.

Le 9 août, le Conseil de l'Atlantique Nord a approuvé une série d'"options opérationnelles pour les frappes aériennes en Bosnie-Herzégovine" recommandées par le Comité militaire de l'OTAN. Ces options portaient sur le processus de choix des cibles et sur les dispositions relatives au commandement et au contrôle OTAN/ONU pour les frappes aériennes.

Janvier 1994
Au Sommet de Bruxelles, les dirigeants des pays de l'Alliance ont réaffirmé qu'ils étaient prêts à lancer des frappes aériennes afin d'empêcher l'étranglement de Sarajevo, des zones de sécurité et d'autres zones menacées en Bosnie-Herzégovine.

Février 1994
Le 9 février, en suite à une demande du Secrétaire général de l'ONU, le Conseil de l'Atlantique Nord a autorisé le Commandant en chef des forces alliées du Sud Europe (CINCSOUTH) à lancer des frappes aériennes - à la requête des Nations Unies - contre les positions d'artillerie et de mortiers à l'intérieur ou autour de Sarajevo dont la FORPRONU avait déterminé qu'elles étaient à l'origine des attaques dirigées contre des cibles civiles dans cette ville. Le Conseil a également décidé que toutes les armes lourdes détenues dans une zone d'exclusion de 20 km autour de Sarajevo devaient être retirées ou placées sous le contrôle de la FORPRONU dans les 10 jours. Passé ce délai, les armes lourdes encore détenues par telle ou telle partie qui se trouveraient dans la zone d'exclusion et ne seraient pas sous le contrôle de la FORPRONU seraient exposées à des frappes aériennes.

Le 28 février, quatre avions de combat survolant la Bosnie-Herzégovine au mépris de l'interdiction décrétée ont été abattus par des avions de l'OTAN. Il s'agissait pour l'Alliance du premier engagement militaire de son histoire.


Avril 1994
Les 10 et 11 avril, à la demande des Nations Unies, des appareils de l'OTAN ont assuré un appui aérien rapproché pour protéger le personnel des Nations Unies se trouvant à Gorazde, endroit considéré par les Nations Unies comme appartenant à une zone de sécurité.

Le 22 avril, après que le Secrétaire général des Nations Unies eut demandé à l'OTAN d'appuyer les efforts de l'ONU visant à mettre fin au siège de Gorazde et de protéger d'autres zones de sécurité, le Conseil de l'Atlantique Nord a annoncé que des frappes aériennes seraient déclenchées si les Serbes de Bosnie ne cessaient pas immédiatement leurs attaques.

Le 24 avril, les forces des Serbes de Bosnie s'étaient retirées à trois kilomètres du centre de Gorazde, et les convois d'aide humanitaire et les équipes médicales étaient autorisés à entrer dans la ville. Le Conseil a déclaré que des frappes aériennes seraient lancées s'il subsistait, après le 27 avril, des armes lourdes appartenant aux Serbes de Bosnie dans une zone d'exclusion de 20 km autour du centre de Gorazde.

La conduite de frappes aériennes a également été autorisée en cas d'attaque à l'arme lourde, de quelque distance que ce soit, contre d'autres zones de sécurité désignées par les Nations Unies (Bihac, Srebrenica, Tuzla et Zepa). Ces autres zones de sécurité pourraient aussi devenir des zones d'exclusion si, de l'avis des commandants de l'OTAN et de l'ONU, il y avait concentration ou mouvement d'armes lourdes dans un rayon de 20 km autour d'elles.

Juillet 1994
Les autorités militaires de l'OTAN ont été chargées d'établir des plans de circonstance pour aider les forces de l'ONU à se retirer de Bosnie-Herzégovine et/ou de Croatie si cela devenait inévitable.

Août 1994
Le 5 août, à la demande de la FORPRONU, des avions de l'OTAN ont attaqué un objectif à l'intérieur de la zone d'exclusion de Sarajevo. Cette action avait été ordonnée en suite à un accord entre l'OTAN et la FORPRONU, après que des Serbes de Bosnie se furent emparés d'armes entreposées sur un site de regroupement proche de Sarajevo.

Septembre 1994
Le 22 septembre, à la suite d'une attaque dirigée par les Serbes de Bosnie contre un véhicule de la FORPRONU dans les environs de Sarajevo, des appareils de l'OTAN ont effectué une frappe aérienne contre un char appartenant aux forces serbes de Bosnie, à la demande de la FORPRONU.

Novembre 1994
Le 19 novembre, en vertu de la résolution 958 du Conseil de sécurité, le Conseil de l'Atlantique Nord a approuvé l'extension à la Croatie des opérations d'appui aérien rapproché, afin de protéger les forces des Nations Unies présentes dans ce pays.

Le 21 novembre, des appareils de l'OTAN ont attaqué l'aérodrome d'Udbina, situé en territoire croate sous contrôle serbe, en réponse à des attaques lancées depuis cet aérodrome contre des cibles situées dans la région de Bihac, en Bosnie-Herzégovine.

Le 23 novembre, après des tirs de missiles sol-air dirigés contre deux appareils de l'OTAN à partir d'un site se trouvant au sud d'Otoka (dans le nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine), des frappes aériennes ont été menées contre des radars de défense aérienne situés dans ce secteur.


Mai 1995
A la suite de violations des zones d'exclusion et de bombardements de zones de sécurité, les forces de l'OTAN ont effectué des frappes aériennes, les 25 et 26 mai, contre des dépôts de munitions des Serbes de Bosnie situés à Pale. Quelque 370 membres des Forces de paix des Nations Unies en Bosnie ont alors été pris en otages et utilisés comme boucliers humains à proximité de cibles potentielles, les Serbes de Bosnie espérant ainsi empêcher de nouvelles frappes aériennes.

Le 30 mai, les Ministres des affaires étrangères des pays de l'OTAN réunis à Noordwijk (Pays-Bas) ont condamné l'escalade de la violence en Bosnie et les actes d'hostilité des Serbes de Bosnie à l'encontre du personnel des Nations Unies.

Juin 1995
Des plans concernant une opération dirigée par l'OTAN et destinée à appuyer le retrait des forces des Nations Unies ont été approuvés à titre provisoire par le Conseil de l'Atlantique Nord. L'Alliance a exprimé l'espoir que ses plans et ses préparatifs contribueraient au maintien d'une présence des Nations Unies dans l'ex-Yougoslavie.

A la date du 18 juin, les derniers otages des Nations Unies avaient été relâchés. Les forces de maintien de la paix de l'ONU qui avaient été isolées sur des sites de regroupement d'armes proches de Sarajevo ont été retirées.

Juillet 1995
Le 11 juillet, les Nations Unies ont demandé à l'OTAN de fournir un appui aérien rapproché pour protéger des Casques bleus menacés par les forces des Serbes de Bosnie avançant sur Srebrenica, considérée par les Nations Unies comme zone de sécurité. Sous le contrôle des Nations Unies, des objectifs désignés par l'ONU ont été attaqués par des appareils de l'OTAN. Malgré l'appui aérien fourni par l'OTAN, la zone de sécurité de Srebrenica est tombée aux mains des forces des Serbes de Bosnie, qui ont, peu après, occupé la zone de sécurité de Zepa, toute proche.

Le 25 juillet, le Conseil de l'Atlantique Nord a autorisé l'établissement de plans visant à prévenir par la dissuasion une attaque contre la zone de sécurité de Gorazde, ainsi que le recours aux moyens aériens de l'OTAN si cette zone de sécurité était menacée ou attaquée.

Août 1995
Le 1er août, le Conseil a pris des décisions similaires en vue de prévenir des attaques contre les zones de sécurité de Sarajevo, Bihac et Tuzla. Le 4 août, des appareils de l'OTAN ont attaqué des radars de défense aérienne des forces serbes de Croatie situés à proximité de l'aérodrome d'Udbina et de Knin, en Croatie.

Le 30 août, en riposte à la poursuite des tirs de l'artillerie des Serbes de Bosnie sur Sarajevo, des appareils de l'OTAN ont déclenché une série de frappes aériennes contre des objectifs militaires des Serbes bosniaques en Bosnie, avec l'appui de la Force de réaction rapide des Nations Unies postée sur le Mont Igman. Les opérations aériennes ont commencé après que les commandants des Nations Unies eurent conclu qu'une attaque au mortier ayant frappé Sarajevo deux jours plus tôt provenait de positions des Serbes de Bosnie.

Les opérations ont été décidées conjointement par le Commandant en chef des forces alliées du Sud Europe (CINCSOUTH) et le Commandant des Forces de paix des Nations Unies, en application de la résolution 836 du Conseil de sécurité de l'ONU et des décisions prises par le Conseil de l'Atlantique Nord le 25 juillet et le 1er août, et entérinées par le Secrétaire général des Nations Unies.

Les objectifs communs de l'OTAN et de l'ONU étaient les suivants : réduire la menace pesant sur la zone de sécurité de Sarajevo et décourager d'autres attaques contre les zones de sécurité en général, obliger les Serbes de Bosnie à retirer leurs armes lourdes de la zone d'exclusion totale autour de Sarajevo, assurer une complète liberté de mouvement aux forces et au personnel des Nations Unies ainsi qu'aux organisations non gouvernementales, et permettre la libre utilisation de l'aéroport de Sarajevo.

Septembre 1995
Le 20 septembre, les Commandants des forces de l'OTAN et des Nations Unies sont arrivés à la conclusion que les Serbes de Bosnie avaient respecté les conditions fixées par l'ONU et ont suspendu les frappes aériennes. Ils ont cependant souligné que toute attaque contre Sarajevo ou une autre zone de sécurité, ainsi que toute violation des dispositions relatives à la zone d'exclusion autour de Sarajevo, à la liberté de mouvement ou au fonctionnement de l'aéroport de Sarajevo, feraient l'objet d'une enquête et pourraient entraîner une reprise des frappes aériennes.

Octobre 1995
Le 4 octobre, après le verrouillage d'un avion de l'Alliance par un radar antiaérien, des appareils de l'OTAN ont tiré trois missiles sur deux stations radar des Serbes bosniaques.
Le 9 octobre, en réponse à une demande d'appui aérien des forces de paix des Nations Unies, qui étaient depuis deux jours la cible d'un pilonnage d'artillerie des Serbes de Bosnie, des appareils de l'OTAN ont attaqué un bunker de commandement et de contrôle des forces serbes de Bosnie, près de Tuzla.

Novembre 1995
Devant l'amélioration des perspectives de paix en Bosnie, l'Alliance a réaffirmé qu'elle était prête à contribuer à la mise en œuvre d'un plan de paix, et elle a accéléré les préparatifs de l'envoi d'une force dirigée par l'OTAN et chargée de la mise en œuvre des aspects militaires de l'Accord de paix.

Le 21 novembre, l'Accord de paix sur la Bosnie a été paraphé par la République de Bosnie-Herzégovine, la République de Croatie et la République fédérale de Yougoslavie, à Dayton (Ohio, Etats-Unis).

La conclusion de l'Accord de paix a permis au Conseil de sécurité des Nations Unies de suspendre les sanctions (résolution 1022) et de lever l'embargo sur les armes, à certaines conditions (résolution 1021).

L'application des sanctions par l'OTAN et l'UEO a pris fin le 22 novembre 1995; les sanctions pouvaient toutefois être à nouveau imposées si les conditions fixées par les Nations Unies n'étaient pas remplies.

Décembre 1995
L'Accord de paix sur la Bosnie a été signé à Paris le 14 décembre.

L'OTAN a mis fin à l'opération d'imposition des mesures (Deny Flight) qu'elle avait lancée en avril 1993. Le 15 décembre, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 1031, qui prévoyait de transférer la responsabilité de ces opérations de l'ONU à l'OTAN à compter du 20 décembre et chargeait l'OTAN de mettre en œuvre les aspects militaires de l'Accord de paix.

A partir de cette date, c'est la Force de mise en œuvre (IFOR) (voir ci-après) qui a contrôlé l'espace aérien de la Bosnie-Herzégovine, dans le cadre de sa mission.

Le Conseil de l'Atlantique Nord a par ailleurs décidé qu'en vertu de la résolution 1037 du Conseil de sécurité de l'ONU, il fallait, dans le cadre de l'opération Joint Endeavour, assurer l'appui aérien rapproché des forces de paix des Nations Unies présentes en Slavonie orientale (ATNUSO).

Cet appui aérien rapproché a pris fin en janvier 1998, avec l'expiration du mandat de l'ATNUSO.

  1. La Turquie reconnaît la République de Macédoine sous son nom constitutionnel.