1958 – 2018 : Le programme pour la science au service de la paix et de la sécurité a 60 ans
Le programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (programme SPS) célèbre en 2018 ses 60 années d’existence. Ce programme trouve son origine dans un rapport entériné le 13 décembre 1956 par le Conseil de l’Atlantique Nord et qui portait sur le renforcement de la coopération et de la coordination entre Alliés dans des domaines autres que militaires, dans l’esprit des articles 2 et 4 du Traité de l'Atlantique Nord. Ce rapport, établi par les ministres des Affaires étrangères de trois pays de l’OTAN – M. Lester B. Pearson (Canada), M. Gaetano Martino (Italie) et M. Halvard Lange (Norvège) – et connu sous le nom de « rapport des Trois Sages », proposait des mesures concrètes pour accroître la coopération dans les domaines politique, économique et scientifique, et contenait un chapitre consacré à la coopération scientifique et technologique.
Le programme scientifique de l’OTAN qui voit ensuite le jour est une conséquence directe des recommandations formulées en 1957 par les Trois Sages, alors qu’est lancé Spoutnik I et que se révèle ainsi l’écart entre les Soviétiques et les Alliés en matière de technologies de missile. Le programme vise à promouvoir les projets scientifiques et la collaboration entre scientifiques des pays de l’OTAN de manière à faciliter les échanges et à optimiser le rendement des capitaux investis dans la recherche. En 1958 est nommé le premier conseiller scientifique auprès du secrétaire général, et le 29 mars de cette année-là, le Comité scientifique de l’OTAN tient sa première réunion. Ce comité, composé de représentants des pays membres « qualifiés ayant pleine autorité pour traiter des questions d'action scientifique », formule des recommandations à l’intention du Conseil de l'Atlantique Nord. Il a pour vocation de promouvoir la coopération scientifique au profit de la sécurité des Alliés, de renforcer le lien transatlantique et d’accroître la solidarité.
Durant la période de la détente, dans les années 1960, les Alliés prennent progressivement conscience qu’ils sont confrontés à des problèmes environnementaux communs qui risquent de menacer le bien-être et le progrès. C’est ainsi qu’en 1969, le Conseil de l’Atlantique Nord crée le Comité sur les défis de la société moderne (CDSM). Le CDSM, étendu par la suite aux pays partenaires, constitue une enceinte privilégiée pour l’échange de connaissances et de l’expérience sur les aspects techniques et scientifiques des questions sociales et environnementales concernant tant le secteur civil que le secteur militaire ainsi que sur l’action des pouvoirs publics en la matière.
En 1992, suite aux changements politiques qu’ont connus l’Europe centrale et orientale et l’Union soviétique, les activités du Comité scientifique et du CDSM connaissent une expansion géographique considérable avec la création du Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA). Le CCNA devient plus tard le Conseil de partenariat euro-atlantique, qui permet de mener un dialogue et des consultations sur les questions en rapport avec la politique et la sécurité et des activités de coopération pratique dans le cadre d’un partenariat.
En 2003, le Comité scientifique et son programme sont transférés à la Division Diplomatie publique, nouvellement établie au sein de l’Organisation. Ce transfert conduit à une réorientation globale du programme scientifique, qui est désormais axé sur la sécurité, conformément aux nouvelles orientations et aux nouveaux objectifs de l’OTAN. Ce n’est qu’en 2006 que le programme restructuré prend le nom de « programme pour la science au service de la paix et de la sécurité », suite à la fusion du Comité scientifique et du CDSM. Quelques années plus tard, en 2010, le programme SPS et ses responsables sont transférés à la Division Défis de sécurité émergents (ESC), créée cette année-là. Suite à cela, en 2012, les priorités clés du programme SPS sont actualisées, l’accent étant mis tout particulièrement sur les nouveaux défis de sécurité, tels que la cyberdéfense, le terrorisme et la sécurité énergétique.
Comme l’illustre ce rapide retour en arrière, en 60 ans d’existence, le programme scientifique civil de l’OTAN a été remanié et adapté à mesure qu’évoluaient le contexte politique et les conditions de sécurité. Dans les premières années, le programme scientifique a contribué à asseoir la réputation de l’OTAN en tant que pourvoyeur de sécurité grâce aux contacts noués avec le monde scientifique et le secteur civil, selon le principe de solidarité. Au fil des ans, et en particulier à la fin de la Guerre froide, ce programme interne à l’Alliance a évolué jusqu’à s’ouvrir aux pays partenaires et à proposer une coopération pratique au travers des différents cadres de partenariat de l’OTAN. Depuis la création du programme, un vaste réseau international de scientifiques et d’experts des pays membres de l’OTAN et des pays partenaires s’est constitué. Et, témoignage de l’excellence scientifique qu'il promeut, le programme SPS compte plus de 20 lauréats du prix Nobel parmi ses participants.
Aujourd’hui, le programme SPS se fonde sur des mécanismes éprouvés et mondialement reconnus permettant de mener avec tous les pays partenaires des activités de coopération pratique axées sur la recherche, l’innovation technologique et l’échange de connaissances dans le domaine scientifique. Il offre un financement, une expertise et un soutien à des projets sur mesure ayant trait à la sécurité et qui contribuent aux objectifs stratégiques de l’OTAN et relèvent des domaines prioritaires de la coopération menée avec les pays partenaires.
Coup de projecteur sur quelques activités phares du programme SPS
Ces dix dernières années, le programme SPS a permis de mener près de 800 activités en collaboration dans les 29 pays membres et les 41 pays partenaires de l’OTAN, sur des questions telles que la cyberdéfense (Jordanie) ou le déminage à but humanitaire (Ukraine). Les principales activités phares réalisées dans le cadre programme SPS au cours de la décennie écoulée sont les suivantes :
- Fourniture d’une connexion internet à haut débit aux établissements universitaires et institutions gouvernementales afghanes au travers du programme SOIE-Afghanistan
- Transformation de comburant de propergol toxique en engrais en Azerbaïdjan et en Ouzbékistan
- Mise en place d’un système multinational de télémédecine permettant à des médecins spécialistes d’intervenir à distance dans des situations d’urgence
- Élaboration d’un programme d’intervention d’urgence en cas de séisme dans le Caucase aux fins du renforcement de la coopération régionale
- Mise en place d’un système national de coordination de la gestion de crise en Mauritanie, appelé à servir de modèle pour toute la région du Sahel
- Mise au point de systèmes avancés de détection pour le déminage et la neutralisation des explosifs et des munitions en Égypte
- Fourniture d’un soutien sur mesure pour la mise en œuvre de l'ensemble complet de mesures d’assistance en faveur de l'Ukraine
- Contributions aux initiatives de renforcement des capacités de défense et des capacités de sécurité s'y rapportant pour l’Iraq, la Jordanie et la République de Moldova
- Établissement d’un système de commandement de nouvelle génération pour la gestion des incidents (NICS) dans les Balkans occidentaux
- Mise en place d'un consortium pour donner suite aux travaux de conception de systèmes de détection en temps réel d’explosifs pour les transports en commun
- Ensemble de stages de formation SPS sur mesure dans les domaines de la défense CBRN, de la sécurité énergétique et de la cyberdéfense pour tous les pays de l'Initiative de coopération d'Istanbul (ICI), en partenariat avec le Centre régional OTAN-ICI, établi au Koweït