La 47e conférence annuelle du Comité OTAN sur la dimension de genre se focalise sur le thème « Analyser selon le genre » et célèbre le 25e anniversaire du Bureau de la conseillère pour les questions de genre de l’État-major militaire international
Du 3 au 5 octobre 2023, environ 200 participants venus de 44 pays membres ou partenaires de l’Alliance ont assisté à la conférence annuelle du Comité OTAN sur la dimension de genre (NCGP), en ligne ou en présentiel au siège de l’Organisation. Le thème de cette année était « Analyser selon le genre ».
Ouvrant cette conférence, Mircea Geoană, secrétaire général délégué de l’OTAN, a déclaré qu’il était essentiel pour notre sécurité de mettre résolument l’accent sur les aspects liés au genre. Il a également observé que « nous faisons face à de multiples menaces et défis qui ont tous une dimension de genre ». Il a par ailleurs souligné que « comme celles et ceux qui portent l’uniforme jouent un rôle fondamental pour notre sécurité, leurs paroles et leurs actes ont une grande importance », et que « l’intégration de la dimension de genre permet de rendre nos armées plus crédibles, plus efficaces et plus fortes ».
Mme Irene Fellin, représentante spéciale du secrétaire général de l’OTAN pour les femmes, la paix et la sécurité (FPS), a, elle, accueilli les participants par un message vidéo dans lequel elle a détaillé les quatre domaines prioritaires d’ici au sommet de Washington, prévu pour l’an prochain. Les trois premiers domaines sont la « direction » fixée par l’OTAN, à savoir l’intégration des éléments liés aux FPS et à la sécurité humaine dans les tâches fondamentales de l’Organisation, le « dialogue » visant à intensifier les interactions de l’OTAN avec divers acteurs tels que la société civile et la jeunesse, et la « déstabilisation » qui résulte de la démultiplication et de la complexité croissante des conflits et qui oblige l’OTAN à s’adapter et à tirer parti des nouvelles opportunités. Le quatrième domaine est le rôle joué par l’Alliance pour encourager la mise en œuvre du programme FPS via le réexamen l’actualisation de sa politique FPS.
Les membres du premier panel étaient l’amiral Keith Blount, commandant suprême adjoint des Forces alliées en Europe, le vice-amiral Scott Bishop, représentant militaire du Canada auprès de l’OTAN, le lieutenant-général (en retraite) E. John Deedrick, ancien représentant militaire des États-Unis auprès de l’OTAN, et Mme Carmen Romero, secrétaire générale adjointe déléguée pour la diplomatie publique. Leurs interventions ont porté sur les étapes à suivre dans l’intégration de la dimension de genre après le sommet de Vilnius. Ce panel de haut niveau a notamment examiné, d’une part, les principaux moyens d’analyse selon le genre utilisés par le leadership de l’OTAN pour s’assurer que les opérations et missions prennent en considération la dimension de genre, et, d’autre part, comment faire en sorte que les femmes aient une meilleure connaissance de l’OTAN. Dans la discussion, il a également été souligné que la pluralité des perspectives permet d’obtenir de meilleurs résultats opérationnels et d’approfondir la connaissance de la situation.
Le deuxième panel, intitulé « Le conflit en Ukraine – Analyse selon le genre », a mis en lumière l’impact disproportionné qu’a cette guerre sur les femmes et les enfants. Les intervenants étaient Mme Larysa Kompantseva, chef du département de communication stratégique et de linguistique appliquée de l’Académie nationale du Service de sécurité d’Ukraine, le capitaine Matthew Stoner, conseiller en entraînement de la police auprès de la mission de la police canadienne en Ukraine, et Mme Cori Fleser, chercheur senior non résident travaillant pour l’Initiative de sécurité transatlantique du Centre Scowcroft pour la stratégie et la sécurité (Atlantic Council). Ils se sont penchés sur l’utilisation par la Russie de la désinformation dans le conflit en Ukraine, sur les principaux axes de travail que les conseillers pour les questions de genre (GENAD) peuvent mettre en œuvre dans leur coordination avec les forces armées ukrainiennes, et sur l’utilisation dans le conflit d’informations fondées sur le genre, en notant la façon dont cela a contribué à la prise de décisions et motivé l’assistance apportée à l’Ukraine en matière de sécurité. Ils ont aussi signalé que, lorsque des civils interagissent avec des militaires, ils perçoivent un même conflit différemment en fonction de leur expérience personnelle, ce qui devrait être pris en compte grâce à une analyse selon le genre suivant une approche intersectionnelle intégrant d’autres facteurs tels que l’âge.
Les personnes qui travaillent sur les questions de genre à l’OTAN – la lieutenant-colonel Katherine Prudhoe, de l’État-major militaire international de l’OTAN (EMI), la lieutenant-colonel Sheri Lattemore, du Commandement allié Opérations (ACO) et la commandant Lauranne Bureau, du Commandement allié Transformation (ACT) –, ainsi que la lieutenant-colonel Lena P. Kvarving, du Centre nordique pour les questions de genre dans les opérations militaires (NCGM), ont ensuite présenté leurs points de situation annuels. Elles ont notamment discuté de l’actualisation des mandats du Bureau de la GENAD de l’EMI et du NCGP, du développement de la doctrine et de l’attribution du statut de « centre d’excellence » au NCGM après l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
Le troisième panel, « Conduite d’une analyse interne », a examiné la façon dont différentes organisations internationales pratiquent l’analyse selon le genre. Mmes Apollina Kyle et Patricia Nguyen, du Bureau de la GENAD de l’EMI, ont présenté une synthèse des rapports nationaux dans laquelle est examinée la plus importante quantité de statistiques sur le genre réunies par l’OTAN. Elles ont détaillé les conclusions de la synthèse 2020 des rapports nationaux remis au NCGP et expliqué comment la méthodologie a été rationalisée. Mme Terhi Lehtinen, chef de la Division Coordination horizontale de l’État-major de l’Union européenne (EMUE), a examiné comment intégrer systématiquement l’analyse selon le genre et l’égalité des genres dans l’analyse des conflits afin que, dans son action extérieure, l’Union européenne (UE) prenne mieux en compte les questions de genre, notamment grâce au troisième plan d’action sur l’égalité entre les hommes et les femmes (GAP III) (période 2020-2024) et aux orientations opérationnelles pour 2022 sur l’intégration des politiques d’égalité hommes-femmes dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) militaire. Ensuite, M. Martin Dexborg, conseiller chargé des questions de genre à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a défini les trois piliers du plan d’action de cette Organisation, lequel plan comprend des programmes internes et externes ainsi qu’un soutien aux membres. Il a présenté le rapport d’activité annuel de l’OSCE, qui est composé de documents analytiques contenant des objectifs et des stratégies pour deux ou trois années, et qui donne des mesures concrètes de recrutement axées autant sur l’organisation dans son ensemble que sur les spécificités des unités afin d’améliorer les comptes rendus et de renforcer la sensibilisation du personnel et des responsables.
La journée s’est conclue sur un point de situation présenté par la lieutenant-colonel Jane Male, présidente du Comité exécutif du NCGP, et la lieutenant-colonel Françoise Verbanck, vice-présidente de ce même Comité.
La deuxième journée de la conférence a été amorcée par Mme Deborah Ozga, déléguée des États-Unis, qui a ouvert un dialogue sur la mise en œuvre de l’analyse selon le genre entre plusieurs spécialistes des outils disponibles en la matière. Mme Louise Olsson, de l’Institut international de recherche pour la paix d’Oslo (PRIO), a expliqué la matrice Olsson sur la dimension de genre dans les opérations militaires, tandis que le commandant Wilco van den Berg, du NCGM, a présenté l’outil d’analyse selon le genre pour les militaires développé par le Centre.
Le deuxième panel a été l’occasion d’un débat entre les représentants de la France, du Portugal et des États-Unis au sujet des enseignements tirés de l’analyse des besoins selon le genre. Mmes Inka Lilja et Karin Carlsson, du Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF), ont examiné l’initiative Elsie, dont l’objectif est de renforcer la participation des femmes dans les activités de maintien de la paix. M. Alan Okros a, pour sa part, présenté les conclusions d’un groupe d’étude OTAN qui réfléchit à la manière dont la dimension de genre et les perspectives culturelles peuvent être intégrées avec succès dans les programmes d’enseignement militaire supérieur.
Pour terminer, la commandant Lauranne Bureau et Mme Megan Huber, du Bureau de la GENAD de l’ACT, ont communiqué les premières conclusions du projet d’innovation AzuirtOwl visant à créer un outil d’analyse selon le genre plus efficace et efficient afin de soutenir directement la planification et la conduite des opérations.
La dernière journée a été consacrée à des séances à participation restreinte, au cours desquelles les Alliés ont discuté de la marche à suivre par le NCGP et des recommandations à remettre au Comité militaire de l’OTAN.