L'OTAN et l'Afghanistan
Pendant près de vingt ans, les pays membres et les pays partenaires de l’OTAN ont déployé des forces militaires en Afghanistan sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. Les Alliés étaient arrivés en Afghanistan après les attentats terroristes du 11-Septembre contre les États-Unis, déterminés à faire en sorte que le pays ne redevienne pas un sanctuaire à partir duquel des terroristes internationaux pourraient attaquer les pays membres de l’OTAN. Au cours des vingt années écoulées, aucun attentat terroriste organisé depuis l’Afghanistan n’a été perpétré sur le territoire de l’Alliance.
La citadelle d’Hérat, où le secrétaire général de l’OTAN s’est rendu en mai 2011.
En février 2020, les États-Unis et les talibans ont signé un accord sur le retrait des forces internationales d’Afghanistan pour mai 2021. En avril 2021, les ministres des Affaires étrangères et les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont décidé de retirer l’intégralité des troupes de l’Alliance présentes en Afghanistan dans un délai de quelques mois.
Pendant l’été 2021, suite à la chute du gouvernement afghan et à la débâcle des forces de défense et de sécurité nationales afghanes, l’OTAN s’est donné comme priorité de faire en sorte que le personnel des pays de l’Alliance et des pays partenaires, ainsi que les Afghans ayant eu des liens avec l’OTAN, puissent être évacués en toute sécurité. En août 2021, plus de 120 000 personnes – quelque 2 000 Afghans ayant travaillé pour l’OTAN, et leurs familles – ont été évacuées par transport aérien OTAN depuis l’aéroport de Kaboul dans le cadre de l’action de la coalition. Nombre d’entre elles ont déjà été réinstallées dans des pays membres ou partenaires de l’Alliance. L’OTAN s’emploie, avec les Alliés, à assurer le logement, les soins de santé et le soutien pour plusieurs autres personnes pendant que des dispositions sont prises pour leur transfert vers des pays de l’Alliance ou des pays partenaires.
- Les Alliés sont arrivés en Afghanistan en 2001. À partir d’août 2003, l’OTAN a dirigé la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), sous mandat de l’ONU. L’objectif était de créer les conditions devant permettre au gouvernement afghan d’exercer son autorité dans tout le pays et de développer les capacités des forces de sécurité nationales afghanes, y compris dans la lutte contre le terrorisme international. La mission de la FIAS a pris fin en décembre 2014, lorsque les forces de défense et de sécurité nationales afghanes ont endossé l’entière responsabilité de la sécurité de leur pays.
- En janvier 2015, l’OTAN a lancé la mission Resolute Support (RSM) de formation, de conseil et d’assistance au profit des forces et des institutions de sécurité afghanes afin de combattre le terrorisme et de sécuriser le pays. Toutes les forces engagées dans la mission s’étant retirées en août 2021, la RSM s’est achevée au début du mois de septembre de la même année.
- Au vu des circonstances actuelles, l’OTAN a suspendu tout soutien à l’Afghanistan. Tout gouvernement afghan à venir devra respecter les obligations internationales de l’Afghanistan, protéger les droits de la personne au sein de la société afghane dans son ensemble, en particulier ceux des femmes, des enfants et des minorités, préserver l'état de droit, permettre un accès sans entraves de l’aide humanitaire, et veiller à ce que l’Afghanistan ne redevienne jamais un sanctuaire pour les terroristes.
- En décembre 2021, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN ont eu un échange de vues sur le retour d'expérience concernant l’action de l’Alliance en Afghanistan, et ils ont examiné une évaluation politique et militaire approfondie comprenant des conclusions et recommandations clés.
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Le processus de retour d'expérience concernant l’Afghanistan
Suite à l'effondrement rapide du gouvernement afghan et des forces afghanes en août 2021, une évaluation politique et militaire approfondie a été réalisée à l’automne, avec la participation active des Alliés et de plusieurs experts.
Cette évaluation montre que, pour son action en Afghanistan, l’OTAN a pu s’appuyer sur des compétences et des capacités militaires immenses et que, dans un environnement de sécurité de plus en plus complexe, la gestion de crise doit rester pour elle une tâche fondamentale. Elle montre aussi que le niveau d’ambition de la communauté internationale en Afghanistan allait largement au-delà du démantèlement des sanctuaires terroristes et que, à l’avenir, les Alliés devraient en permanence évaluer les intérêts stratégiques, définir des objectifs réalisables, et rester conscients des dangers liés à l'élargissement d'une mission.
Plusieurs autres recommandations ont été faites, notamment pour ce qui est de maintenir l’interopérabilité avec les partenaires d’opération ; de prendre en compte les normes politiques et culturelles des pays hôtes ainsi que leur capacité à absorber le renforcement des capacités et la formation ; d’assurer la remontée d’informations en temps voulu et de mener des consultations substantielles. Il ressort également de l’évaluation que l'OTAN devrait réfléchir à la manière de renforcer les capacités qui lui permettront de conduire à l’avenir des opérations d'évacuation de grande ampleur sur court préavis.
Les principales conclusions et recommandations qui ont été formulées sont destinées à éclairer les responsables politiques et militaires des pays de l'OTAN lorsqu'ils seront amenés à envisager d'entreprendre de nouvelles opérations de gestion de crise et à en superviser le déroulement.
En savoir plus sur le processus de retour d'expérience concernant l’Afghanistan [pdf].
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La mission Resolute Support (2015–2021)
Lancée par l’OTAN le 1er janvier 2015, la mission Resolute Support a mené principalement des activités de formation, de conseil et d’assistance au niveau des ministères chargés de la sécurité, au sein d’autres institutions nationales, ainsi qu’aux échelons supérieurs de l’armée et de la police. Elle a également apporté un appui aux forces d’opérations spéciales et à l’armée de l’air afghanes.
La mission non combattante a assumé des fonctions de soutien dans divers domaines, parmi lesquels : la planification opérationnelle, l'élaboration du budget, le processus de génération de force, la gestion et le développement du personnel, le maintien en puissance logistique et le contrôle civil. L’objectif était de garantir que les forces et les institutions de défense et de sécurité nationales afghanes agissent dans le respect de l'état de droit et de la bonne gouvernance.
En août 2020, l’effectif de la RSM était d’environ 10 000 personnes, mises à disposition par 36 pays de l’OTAN et pays partenaires et réparties entre un pôle principal (Kaboul/Bagram) et quatre pôles régionaux (Mazar-i-Charif (nord), Herat (ouest), Kandahar (sud) et Laghman (est)).
Le 14 avril 2021, les Alliés ont décidé de commencer, pour le 1er mai, à retirer les forces de la RSM. La mission a pris fin début septembre 2021.
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Le soutien financier des forces de défense et de sécurité nationales afghanes
Au sommet tenu à Bruxelles en 2018 et au sommet du pays de Galles, en 2014, les pays de l’Alliance et leurs partenaires d’opération ont réaffirmé l'engagement pris au sommet de Chicago de contribuer au soutien financier des forces de défense et de sécurité nationales afghanes (ANDSF) après 2014. C'est la communauté internationale dans son ensemble qui a pris en charge le financement de cet effort.
Le fonds d'affectation spéciale pour l'armée nationale afghane (ANA), dont la gestion était assurée par l’OTAN, était l’un des quatre mécanismes de financement permettant de fournir un soutien financier aux forces et aux institutions de sécurité afghanes. Les trois autres étaient le fonds d’affectation spéciale pour l’ordre public en Afghanistan (LOTFA), qui servait à financer les traitements des fonctionnaires de la police et de la justice et à développer les capacités du ministère de l’Intérieur, et qui était administré par le Programme des Nations Unies pour le développement ; l’Afghanistan Security Forces Fund (ASFF) des États-Unis, qui servait à couvrir les dépenses d’équipement et de fonctionnement des forces de sécurité afghanes ; et l’engagement pris par le gouvernement afghan en vue de fournir chaque année 500 millions de dollars des États-Unis.
À la date du 31 mai 2021, le total des contributions apportées au fonds d’affectation spéciale pour l’ANA depuis sa création, en 2007, dépassait les 3,4 milliards de dollars.
Les crédits destinés aux ANDSF sont actuellement gelés, et le fonds d’affectation spéciale pour l’ANA est en cours de clôture.
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La mission de la FIAS (2001-2014)
Déployée en 2001 – initialement sous la direction de certains Alliés sur la base d’une rotation semestrielle – la FIAS a été chargée, à la demande du gouvernement afghan et sous mandat de l’ONU, d’aider le gouvernement afghan à maintenir la sécurité, dans un premier temps à Kaboul et dans les alentours exclusivement. L’OTAN a accepté de prendre le commandement de la force en août 2003. Le Conseil de sécurité de l’ONU a ensuite autorisé l’extension progressive des opérations de la FIAS à l’ensemble du pays.
La FIAS a été l’une des plus grandes coalitions de l’histoire et la mission la plus longue et la plus difficile menée par l’OTAN à ce jour. À son niveau d’effectifs maximal, la force comptait plus de 130 000 soldats, provenant de 50 pays membres et partenaires de l’OTAN.
Dans le cadre de l’action globale de la communauté internationale, la FIAS s’est employée à créer les conditions devant permettre au gouvernement afghan d’exercer son autorité dans tout le pays.
Le développement de forces de sécurité nationales afghanes professionnelles, performantes et autonomes a été un élément fondamental des efforts déployés par la FIAS et l’objectif premier de la mission OTAN de formation en Afghanistan (NTM-A). Ces travaux ont été menés en étroite coopération avec la Mission de police de l’Union européenne en Afghanistan (EUPOL Afghanistan) et le ministère afghan de la Défense.
Après sa création en 2002, l’armée nationale afghane (ANA), qui était une force axée sur l’infanterie, est progressivement devenue une armée à part entière disposant d’éléments de combat et de capacités facilitatrices – police militaire, renseignement, capacités d’ouverture d’itinéraires, appui tactique, services de santé, aviation, et logistique. Le rôle de la police nationale afghane (ANP) a évolué, passant petit à petit de la lutte contre l’insurrection à un rôle davantage civil, grâce au développement de capacités dans toute une série de domaines allant des enquêtes criminelles jusqu’au contrôle de la circulation. L’armée de l’air afghane a vu son effectif augmenter régulièrement, tant au niveau du personnel civil que des équipages aériens militaires et du personnel de maintenance et de soutien. La flotte des aéronefs à voilure fixe et à voilure tournante s'est aussi étoffée.
Un processus graduel de transition vers la prise en charge par les Afghans de la pleine responsabilité de la sécurité – connu sous le nom d’Inteqal en dari et en pashto – a été lancé en 2011. Ce processus s’est achevé dans les délais prévus, en décembre 2014, lorsque la mission de la FIAS a pris fin et que les forces afghanes ont pris en charge l’entière responsabilité de la sécurité de leur pays.
La FIAS a contribué à créer un environnement sûr, propice à une amélioration de la gouvernance et du développement socioéconomique. Pendant les dix années de la mission de la FIAS, l’Afghanistan a progressé plus que n’importe quel autre pays au niveau des soins de santé de base et du développement. Le taux de mortalité maternelle a chuté et l’espérance de vie a augmenté. Une scène médiatique dynamique s’est développée. Des millions de personnes ont pu exercer leur droit de vote lors de cinq scrutins depuis 2004, et notamment lors du scrutin présidentiel et des élections provinciales de 2014, qui ont abouti à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
(Pour en savoir plus sur la mission de la FIAS)
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Une action collective de la communauté internationale
Pour relever les défis de l’Afghanistan, il a fallu adopter une approche globale incluant les acteurs civils et militaires et visant non seulement à assurer la sécurité, mais aussi à promouvoir la bonne gouvernance, l’état de droit et le développement à long terme. Dans le cadre de son action en Afghanistan, l’OTAN a joué un rôle de soutien auprès du gouvernement afghan et travaillé en étroite coordination avec d’autres partenaires internationaux, dont la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), la Banque mondiale, l’Union européenne et le secteur du développement.
Dès le début, l’Alliance a aussi collaboré étroitement avec de nombreux pays partenaires. Parmi les pays contribuant à la FIAS figuraient des pays partenaires de régions très éloignées comme l’Australie et l’Amérique latine. Ils représentaient plus d’un quart des pays membres de l’ONU, preuve que la mission de la FIAS bénéficiait d’un large soutien international. L’Australie, la Géorgie et la Jordanie comptaient parmi les principaux contributeurs de troupes non OTAN.
Les partenaires ont continué de soutenir la mission Resolute Support.
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Les grandes étapes des relations
SEPTEMBRE 2001 – JUILLET 2003
LE 11-SEPTEMBRE ET LA CHUTE DU RÉGIME TALIBAN : LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE SE MOBILISE11 septembre 2001 : quatre attaques terroristes coordonnées sont lancées contre plusieurs cibles aux États-Unis, entraînant la mort de près de 3 000 personnes.
12 septembre 2001 : les pays de l'OTAN et les pays partenaires condamnent ces attentats et offrent leur soutien aux États-Unis. Les Alliés décident d'invoquer l'article 5 du Traité de Washington – la clause de défense collective de l'Alliance – pour la première fois dans l'histoire de l'OTAN, s'il est établi que les attaques étaient dirigées depuis l’étranger contre les États-Unis.
2 octobre 2001 : informé par un haut responsable américain des résultats de l’enquête sur les attentats du 11-Septembre, le Conseil de l'Atlantique Nord décide que les attaques seront considérées comme relevant de l'article 5 du Traité de Washington.
7 octobre 2001 : suite au refus des talibans de leur livrer Oussama Ben Laden et de fermer les camps d'entraînement utilisés par les terroristes, les États-Unis lancent des frappes aériennes contre Al-Qaida et les talibans en Afghanistan avec le soutien de leurs alliés. Des forces terrestres sont déployées deux semaines plus tard, marquant le début de l'opération Enduring Freedom, soutenue par une coalition de pays alliés.
14 novembre 2001 : la résolution 1378 du Conseil de sécurité de l'ONU préconise que les Nations Unies jouent un rôle central dans la mise en place d'une administration de transition et invite les États membres à envoyer des soldats de la paix en Afghanistan.
5 décembre 2001 : à une conférence organisée sous l'égide de l'ONU à Bonn, les représentants des factions afghanes nomment Hamid Karzaï chef d'un gouvernement intérimaire. Ils signent également l'Accord de Bonn, qui prévoit la mise en place d'une force internationale de maintien de la paix chargée d'assurer la sécurité en Afghanistan.
20 décembre 2001 : la résolution 1386 du Conseil de sécurité de l'ONU autorise le déploiement de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) à Kaboul et aux alentours afin d'aider à stabiliser l'Afghanistan et à créer les conditions d'une paix durable.
Janvier 2002 : le premier contingent des soldats de la paix de la FIAS arrive en Afghanistan et s'y déploie au titre du chapitre VII de la charte de l'ONU (Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression). Le Royaume-Uni assure la première rotation semestrielle du commandement de la FIAS ; 18 autres pays déploient des forces et des moyens.
28 mars 2002 : la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) est mise en place à la demande du gouvernement intérimaire d'Afghanistan afin d'aider ce dernier et le peuple afghan à jeter les bases d'une paix et d'un développement durables dans le pays.
Novembre 2002 : les forces armées des États-Unis commencent à établir des équipes de reconstruction provinciales (PRT) en Afghanistan – d'abord à Gardez, puis à Bamian, Kunduz, Mazar‑i-Charif, Kandahar et Herat – chargées de coordonner le redressement du pays avec les agences de l'ONU et des organisations non gouvernementales. Certaines de ces PRT passeront plus tard sous le contrôle de pays membres de l'OTAN et de pays partenaires.
21-22 novembre 2002 : le sommet de Prague ouvre la voie à un élargissement de la présence de l'OTAN « hors zone ».
AOÛT 2003 – PRINTEMPS 2006
L'OTAN PREND LA DIRECTION DE LA FIAS ET ÉLARGIT SON CHAMP D'ACTION AU NORD ET À L'OUESTAoût 2003 : l’OTAN prend la direction de la FIAS.
31 décembre 2003 : la FIAS, dirigée par l'OTAN, commence à élargir son champ d'action au nord en prenant le commandement de la PRT dirigée par l'Allemagne à Kunduz.
Janvier 2004 : l'ambassadeur Hikmet Çetin (Turquie) devient le premier haut représentant civil de l'OTAN en Afghanistan.
28 juin 2004 : au sommet d'Istanbul, l'OTAN annonce qu'elle va établir quatre autres PRT dans le nord du pays, à Mazar-i-Charif, Maimana, Faizabad et Baghlan.
Mai-septembre 2004 : la FIAS élargit son champ d'action à l'ouest, en prenant d'abord le commandement de PRT dans les provinces d'Herat et de Farah, puis d'une base de soutien avancée (base logistique) à Herat, et ensuite de PRT à Chaghcharan, capitale de la province de Ghor, et à Qala-i-Naw, capitale de la province de Badghis. La FIAS, dirigée par l'OTAN, fournit désormais une aide en matière de sécurité sur la moitié du territoire afghan.
1er octobre 2004 : l'extension de la mission de la FIAS aux neuf provinces du nord de l'Afghanistan est achevée.
29 octobre 2004 : dans un message vidéo, Oussama Ben Laden revendique les attentats du 11‑Septembre et menace l'Occident de nouvelles attaques.
Septembre 2005 : l'OTAN déploie, à titre temporaire, 2 000 hommes supplémentaires en Afghanistan, en vue d’apporter un soutien à l’occasion des élections provinciales et législatives.
18 septembre 2005 : des élections législatives ont lieu en Afghanistan. À la chambre basse du Parlement, 68 sièges sur 249 sont réservés à des femmes (23 sur 102 à la chambre haute).
8 juin 2006 : réunis à Bruxelles, les ministres de la Défense des 37 pays de l'OTAN et pays partenaires contribuant à la FIAS confirment qu'ils sont prêts à étendre les opérations de la FIAS au sud de l'Afghanistan. Il s'agit de la toute première réunion ministérielle en configuration FIAS. Cette configuration sera ensuite utilisée régulièrement.
JUILLET 2006 - AOÛT 2009
D’UNE MISSION DE SOUTIEN DE LA PAIX À UNE OPÉRATION DE COMBAT : EXTENSION DE LA FIAS AU SUD ET À L'EST31 juillet 2006 : la FIAS, dirigée par l'OTAN, prend la relève du commandement de la région sud de l'Afghanistan, précédemment assuré par les forces de la coalition dirigée par les États-Unis, sa zone d'opérations couvrant alors six provinces supplémentaires – Daykondi, Helmand, Kandahar, Nimruz, Uruzgan et Zabul ; elle prend en même temps le commandement de quatre PRT supplémentaires. La FIAS commande donc, au total, 13 PRT dans le nord, l'ouest et le sud, couvrant ainsi environ les trois quarts du territoire de l'Afghanistan.
5 octobre 2006 : la FIAS met en œuvre la phase finale de son extension en assumant le commandement des forces militaires internationales jusqu’alors subordonnées à la coalition dirigée par les États-Unis. En outre, elle commence à déployer des équipes de formation et de mentorat auprès d'unités de l'armée nationale afghane à divers échelons de commandement.
28-29 novembre 2006 : au sommet de Riga, les dirigeants des pays de l'OTAN décident de lever certaines des réserves et restrictions imposées au niveau national concernant les modalités d'emploi, le calendrier et le lieu de stationnement de leurs forces.
3 avril 2008 : au sommet de Bucarest, les pays contribuant à la FIAS présentent une vision stratégique pour l'Afghanistan fondée sur quatre principes : un engagement ferme et commun s'inscrivant dans la durée ; le soutien à une prise de responsabilités accrue par les Afghans et au renforcement de leur leadership ; une approche globale de la communauté internationale, conjuguant efforts civils et militaires ; ainsi qu’une coopération et un engagement intensifiés avec les pays voisins de l’Afghanistan, en particulier le Pakistan.
Août 2008 : la responsabilité principale de la sécurité de la ville de Kaboul est transférée aux forces afghanes.
17 février 2009 : le nouveau président américain, Barack Obama, annonce le déploiement de 17 000 soldats supplémentaires en Afghanistan au printemps et en été pour faire face à une recrudescence de l'activité des talibans et pour endiguer l'arrivée massive de combattants étrangers dans le sud de l'Afghanistan.
27 mars 2009 : le président Obama annonce une nouvelle stratégie pour l'Afghanistan et le Pakistan. Il décide aussi de déployer 4 000 soldats en Afghanistan qui seront chargés de la formation des forces de sécurité afghanes.
3-4 avril 2009 : au sommet de Strasbourg-Kehl, les dirigeants des pays de l'Alliance décident d'envoyer 5 000 soldats supplémentaires pour former les forces de sécurité afghanes et assurer la sécurité dans le cadre des élections présidentielles en août.
SEPTEMBRE 2009 – FÉVRIER 2011
LUTTE CONTRE L’INSURRECTION : PLUS D'HOMMES SUR LE TERRAIN21 novembre 2009 : conformément aux décisions prises au sommet de Strasbourg-Kehl en avril 2009, la mission OTAN de formation en Afghanistan est officiellement activée. Elle a pour but de centraliser toutes les activités de formation des forces afghanes.
Décembre 2009 : suite à un réexamen de la campagne militaire, le président Obama décide d'envoyer des renforts et de déployer 30 000 hommes supplémentaires, tout en promettant de commencer, dès l’été 2011, à retirer les troupes américaines. Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN annoncent le déploiement de 7 000 soldats supplémentaires.
28 janvier 2010 : à une conférence internationale organisée à Londres, des représentants de haut niveau de plus de 70 pays examinent des plans visant à transférer progressivement la responsabilité des opérations de sécurité aux forces de sécurité afghanes.
20 juillet 2010 : la Commission conjointe Afghanistan-OTAN pour l'Inteqal est mise en place en tant que mécanisme servant à évaluer le niveau de préparation des districts et des provinces en vue du transfert de la responsabilité principale de la sécurité aux Afghans.
20 juillet 2010 : lors d'une conférence organisée à Kaboul par le gouvernement afghan et coprésidée par les Nations Unies, le gouvernement renouvelle son engagement envers le peuple afghan et présente son plan pour l'amélioration du développement, de la gouvernance et de la sécurité.
19-20 novembre 2010 : au sommet de Lisbonne, les dirigeants des pays de l'OTAN décident, d’un commun accord avec le gouvernement afghan, que la pleine responsabilité de la sécurité en Afghanistan sera transférée de la FIAS aux forces afghanes pour fin 2014. Il est prévu de confier progressivement cette responsabilité aux Afghans à partir de 2011, en commençant par les régions relativement stables. L'OTAN et l'Afghanistan signent également une déclaration sur un partenariat durable, mettant en place un cadre pour un soutien politique et pratique à long terme, appelé à perdurer après la mission de la FIAS.
MARS 2011 - DÉCEMBRE 2014
TRANSITION VERS LA PRISE EN CHARGE PAR LES AFGHANS DE LA RESPONSABILITÉ EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ22 mars 2011 : le président Karzaï annonce le lancement du processus de transfert de la responsabilité en matière de sécurité dans un premier groupe de provinces et de districts afghans.
1er mai 2011 : Ben Laden est abattu au Pakistan par les forces d'opérations spéciales des États-Unis.
22 juin 2011 : le président Obama annonce des plans pour le retrait de 10 000 soldats pour la fin de l'année et du reste des « renforts » (20 000 hommes) pour l'été 2012.
26 novembre 2011 : des responsables pakistanais affirment que des avions de l'OTAN ont tué au moins 25 soldats lors de frappes contre deux postes militaires à la frontière nord-ouest avec l'Afghanistan. L'OTAN lance une enquête, qui établira par la suite que cet incident est imputable à une mauvaise coordination et à des erreurs commises tant par les forces de l'OTAN que par les forces pakistanaises.
5 décembre 2011 : une conférence internationale se tient à Bonn sur le thème de la coopération avec l'Afghanistan après le départ de la FIAS fin 2014. Le président afghan s'engage à renforcer la lutte contre la corruption en échange du maintien de l'aide internationale au développement. Le Pakistan boycotte la conférence pour protester contre les frappes aériennes mortelles de l'OTAN en novembre.
1er avril 2012 : le Centre régional de formation de la police de Mazar-i-Charif est transféré aux Afghans. Il deviendra plus tard le site d'entraînement de la police d'ordre public afghane.
21 mai 2012 : au sommet de Chicago, les dirigeants des 28 pays de l'OTAN et des 22 pays partenaires de coalition au sein de la FIAS prennent un engagement clair à long terme vis-à-vis de l'Afghanistan en annonçant qu'ils continueront de soutenir les forces de sécurité afghanes après la fin de la mission de la FIAS en 2014 en leur dispensant formation, conseils et assistance. Des engagements d'un montant de plus de 4 milliards de dollars sont pris en faveur du soutien des forces afghanes.
8 juillet 2012 : à la conférence des donateurs pour l'Afghanistan organisée à Tokyo, la communauté internationale s'engage à allouer 16 milliards de dollars pour l'aide au développement jusqu'en 2015, après le départ de la FIAS. Mais la pression est mise sur le gouvernement pour l'amener à organiser des élections inclusives, transparentes et crédibles ; lutter contre la corruption et améliorer la gouvernance ; respecter la Constitution, en particulier les droits de l'homme ; et faire régner l'état de droit
16 juillet 2012 : le commandement des opérations spéciales de l'armée nationale afghane est mis en place.
1er février 2013 : le commandement des forces terrestres afghanes est mis en place afin de superviser toutes les opérations en Afghanistan.
1er avril 2013 : l'Université nationale de défense d'Afghanistan est créée ; elle assurera la formation des futurs officiers de l'armée nationale afghane.
24 novembre 2013 : la Loya Jirga se prononce en faveur d'un accord de sécurité bilatéral avec les États-Unis et invite le président Hamid Karzaï à le signer immédiatement. Cet accord régit la présence des troupes américaines en Afghanistan après 2014 et est nécessaire pour permettre à des milliers de soldats américains de rester en Afghanistan après le départ de la FIAS.
Septembre 2014 : au sommet de l’OTAN au pays de Galles, les dirigeants des pays contribuant à la FIAS soulignent leur engagement à continuer d’apporter un soutien à l’Afghanistan après 2014.
30 septembre 2014 : une convention sur le statut des forces entre l'OTAN et l'Afghanistan est signée à Kaboul. Ratifiée par le Parlement afghan, elle constitue le cadre juridique d'une nouvelle mission non combattante dirigée par l'OTAN (la mission « Resolute Support »), dont le but sera de dispenser formation, conseils et assistance aux forces et aux institutions de sécurité afghanes à partir de janvier 2015.
12 décembre 2014 : le Conseil de sécurité de l'ONU adopte à l'unanimité la résolution 2189 et salue la mise en place de la mission Resolute Support.
28 décembre 2014 : une cérémonie est organisée à Kaboul pour marquer officiellement la fin de la mission de la FIAS en Afghanistan, mettant un terme à un processus de transition de trois ans, qui a permis de transférer progressivement la responsabilité de la sécurité aux Afghans. Les forces de sécurité afghanes assument désormais l'entière responsabilité de la sécurité de l’Afghanistan.
JANVIER 2015 – AOÛT 2021
FORMATION, CONSEIL ET ASSISTANCE POUR LES INSTITUTIONS DE SÉCURITÉ AFGHANES1er janvier 2015 : la mission Resolute Support (RSM) est lancée afin de dispenser formation, conseils et assistance aux forces de défense et de sécurité nationales afghanes (ANDSF).
13 mai 2015 : les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN décident que l'Alliance maintiendra une présence sous direction civile en Afghanistan après la fin de la RSM pour continuer de dispenser conseils et formation aux institutions de sécurité afghanes afin de les aider à devenir autonomes.
15 octobre 2015 : le secrétaire général de l'OTAN se félicite de la déclaration du président Obama, qui a annoncé que les États-Unis maintiendraient le niveau actuel de leurs forces en Afghanistan en 2016 et qu’ils conserveraient une présence importante sur place au-delà de 2016.
1er décembre 2015 : les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN et des pays partenaires d'opération de la RSM approuvent un plan pour le maintien de la mission de formation en Afghanistan en 2016 et commencent à prendre des dispositions pour garantir le financement des forces et institutions de sécurité afghanes jusqu'à fin 2020.
9 juillet 2016 : au sommet de l’OTAN à Varsovie, les dirigeants des pays de l’Alliance et leurs homologues des pays partenaires de la RSM reconnaissent que les institutions et les forces de sécurité afghanes continuent de se développer et de progresser, mais que des difficultés et des lacunes capacitaires persistent et qu’un soutien international reste nécessaire. Ils réaffirment leur engagement mutuel à garantir la sécurité et la stabilité à long terme en Afghanistan en maintenant la RSM au-delà de 2016, en continuant de fournir un soutien financier aux forces de défense et de sécurité nationales afghanes jusqu’à fin 2020, et en renforçant le partenariat durable entre l’Afghanistan et l’OTAN.
5 octobre 2016 : 75 pays et 26 organisations et agences internationales s’engagent à fournir un soutien financier de 15,2 milliards de dollars à l’Afghanistan jusqu’en 2020.
9 novembre 2017 : les ministres de la Défense des pays de l’OTAN et des pays partenaires décident d’accroître l’effectif des troupes mises à la disposition de la RSM (d’environ 13 000 à 16 000 hommes). Ils confirment que les forces de sécurité afghanes continueront d’être financées jusqu'en 2020 au moins.
27 avril 2018 : les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN réaffirment leur engagement en faveur du développement des forces de défense et de sécurité afghanes au travers d'une approche conditionnelle pour la mission Resolute Support. Ils expriment leur soutien au président afghan, qui propose que des pourparlers de paix se tiennent entre le gouvernement d’union nationale et les talibans, dans le cadre d’un processus dirigé et contrôlé par les Afghans. Ils soulignent aussi qu’il est important que les élections législatives et présidentielles, prévues respectivement pour 2018 et 2019, soient régulières et inclusives.
8 juin 2018 : les ministres de la Défense des pays de l’OTAN et des pays partenaires parlent du renforcement du soutien de la RSM au gouvernement afghan et aux forces de sécurité afghanes.
12 juillet 2018 : les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Alliance et des pays contribuant à la RSM rencontrent le président afghan au sommet de Bruxelles. Ils se félicitent des progrès que réalisent les institutions de sécurité afghanes grâce aux activités de renforcement des capacités menées par la RSM, ainsi que des réformes institutionnelles conduites par les Afghans. Ils soulignent que des forces afghanes performantes, professionnelles et autonomes seront mieux à même d’assurer la sécurité du pays, de créer les conditions propices au règlement négocié du conflit dans le cadre d’un processus de paix dirigé et pris en charge par les Afghans, et de montrer aux talibans qu’ils ne pourront l’emporter par la force. Ils accueillent favorablement la proposition, inédite, de pourparlers de paix sans conditions faite par le gouvernement afghan aux talibans et appellent ces derniers à participer de manière crédible à ce processus. Les Alliés et les partenaires ont réaffirmé l'importance d'une bonne gouvernance, qui soit inclusive, du renforcement des institutions, ainsi que du développement social et économique, autant d’éléments qui aideront à instaurer les conditions d’une stabilité sur le long terme et influeront fortement sur les migrations. Le gouvernement afghan a pris un certain nombre d’engagements à cet égard.
29 février 2020 : le secrétaire général Jens Stoltenberg assiste, aux côtés du président afghan Ashraf Ghani et du secrétaire à la Défense des États-Unis Mark Esper, à une cérémonie organisée pour marquer l’annonce de la déclaration conjointe entre les États-Unis et la République islamique d’Afghanistan et la signature d’un accord entre les États-Unis et les talibans. Le Conseil de l’Atlantique Nord salue ces premières avancées majeures sur la voie d’un règlement pacifique du conflit en Afghanistan et s’engage à procéder à des ajustements conditionnels, notamment en réduisant la présence militaire.
24 avril 2020 : le Conseil de l’Atlantique Nord estime que la perspective de l’ouverture de négociations visant à la conclusion d’un accord de paix global en Afghanistan est une occasion historique de mettre fin au conflit qui se prolonge depuis des décennies. Les Alliés appellent instamment les dirigeants politiques afghans et leurs partisans à s’unir pour résoudre leurs différends et former un gouvernement inclusif, tout en appelant aussi les talibans à réduire la violence et à créer les conditions propices à l’ouverture de négociations.
14 juillet 2020 : le Conseil de l’Atlantique Nord appelle toutes les parties à régler rapidement les questions encore en suspens qui continuent d’empêcher l’ouverture de négociations intra-afghanes inclusives, et il estime que le niveau actuel de la violence – lié en particulier aux attaques menées par les talibans contre les forces de sécurité nationales afghanes – demeure inacceptable.
12 septembre 2020 : les pays de l'OTAN saluent l’ouverture des négociations de paix intra-afghanes annoncée lors d’une cérémonie à Doha le 12 septembre 2020. Ils exhortent le gouvernement afghan et les talibans à remplir leurs engagements en faveur de la conclusion d’un accord de paix global.
14 avril 2021 : les Alliés décident d’entamer le retrait des forces de la RSM pour le 1er mai et de le mener à bien en quelques mois.
14 juin 2021 : au sommet de Bruxelles, les dirigeants des pays de l’Alliance confirment la décision de mettre un terme à la présence militaire, tout en s’engageant à continuer de former et de soutenir financièrement les institutions et les forces de sécurité afghanes et à maintenir le Bureau du haut représentant civil à Kaboul afin de continuer à entretenir des relations diplomatiques avec l’Afghanistan. Ils s’engagent également à assurer la continuité des activités de l’aéroport international Hamid Karzaï pour que l’Afghanistan reste connecté au reste du monde. Les Alliés réitèrent également leur soutien au processus de paix dirigé et pris en charge par les Afghans.
DEPUIS AOÛT 2021
ÉVACUATION DU PERSONNEL, FIN DE LA RSM ET RÉINSTALLATION DES AFGHANS ÉVACUÉSAoût 2021 : suite à la chute du gouvernement afghan et à la débâcle des forces de défense et de sécurité nationales afghanes, l’OTAN se donne comme priorité de faire en sorte que le personnel des pays de l’Alliance et des pays partenaires, ainsi que les Afghans ayant eu des liens avec l’OTAN, puissent être évacués en toute sécurité. Grâce aux efforts conjoints des Alliés, près de 2 000 Afghans ayant travaillé pour l’OTAN, ainsi que leurs familles, sont évacués de Kaboul, dans le cadre de la plus grande mission d’évacuation dans l’histoire de l’Alliance. L’OTAN travaille jour et nuit pour coordonner les évacuations, tâche pour laquelle le haut représentant civil de l’OTAN, l’ambassadeur Stefano Pontecorvo, et ses collaborateurs jouent un rôle majeur. En deux semaines, plus de 120 000 personnes sont évacuées à bord de centaines d’avions mis à disposition par les Alliés. Des soldats américains, britanniques, turcs et norvégiens jouent un rôle clé dans la sécurisation de l’aéroport et le bon fonctionnement d’un hôpital de campagne, tandis qu’environ 800 membres du personnel de l’OTAN assurent des fonctions essentielles comme le ravitaillement en carburant et les communications. Au terme de l’évacuation, toutes les activités de coopération menées avec l’Afghanistan sont suspendues.
Septembre 2021 : toutes les forces engagées dans la mission s’étant retirées en août, la RSM s’achève début septembre 2021.
Automne 2021 : l’OTAN lance l’opération Allied Solace afin de faciliter la réinstallation des Afghans ayant eu des liens avec l’Organisation et de leurs familles. Des soldats de pays de l’Alliance appartenant à la Force de réaction de l'OTAN aident à transférer les personnes évacuées vers des zones d’étape temporaires situées en Allemagne, en Pologne et au Kosovo, puis à les réinstaller dans différents pays de l’Alliance. Les Alliés et les partenaires de l’OTAN continuent de travailler ensemble pour aider les Afghans évacués à entamer une nouvelle vie. Au cours de l’automne, plusieurs centaines d’anciens employés afghans et leurs familles sont réinstallés dans des pays de l’Alliance
Décembre 2021 : les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN ont un échange de vues sur le retour d'expérience concernant l’action de l’Alliance en Afghanistan, et ils examinent une évaluation politique et militaire approfondie comprenant des conclusions et recommandations clés.