Relations avec la Russie
Pendant plus de trente ans, l’OTAN s’est efforcée de bâtir un partenariat avec la Russie, en instaurant un dialogue et une coopération pratique dans des domaines d’intérêt commun. Malgré cela, la Russie n’a cessé de violer les règles et les principes qui avaient contribué à la stabilité et à la prévisibilité de l’ordre de sécurité européen, surtout ces dix dernières années. La guerre d’agression que la Russie mène contre l’Ukraine a fait voler en éclats la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique et nuit gravement à la sécurité internationale. Compte tenu des politiques et des agissements hostiles de la Russie, l’OTAN ne peut plus la considérer comme un partenaire. La Fédération de Russie constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés. L’OTAN reste néanmoins disposée à maintenir ouverts les canaux de communication avec Moscou pour réduire les risques et prévenir toute escalade. Elle ne cherche pas la confrontation et ne représente aucune menace pour la Russie. L’Alliance continuera de répondre de façon concertée et responsable aux menaces et aux actes d’hostilité de ce pays.
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- Après la fin de la Guerre froide et la dissolution de l’Union soviétique, l’OTAN s’est efforcée de bâtir un partenariat et de mener un dialogue avec la Russie, notamment au travers du Conseil OTAN-Russie (COR), organe destiné aux consultations sur des questions de sécurité, ainsi qu’à la coopération.
- Toutefois, en réponse aux actions agressives de la Russie contre l’Ukraine, notamment l’annexion, illégale et illégitime, de la Crimée, l’OTAN a suspendu toute coopération pratique, tant civile que militaire, avec Moscou en avril 2014, tout en maintenant ouverts les canaux de communication politiques et militaires.
- Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les relations entre l’OTAN et la Russie sont au plus bas depuis la Guerre froide. L’OTAN condamne avec la plus grande fermeté la guerre d’agression russe contre l’Ukraine. Il s’agit d’une violation flagrante du droit international, et notamment de la Charte des Nations Unies. Les Alliés exigent que la Russie mette fin immédiatement à cette guerre et retire complètement et sans condition toutes ses forces d’Ukraine, conformément aux résolutions applicables de l’Assemblée générale des Nations Unies.
- En plus de sa guerre brutale et illégale contre l’Ukraine, la Russie a adopté un mode de comportement agressif envers ses voisins et la communauté transatlantique au sens large. Par la coercition, la subversion, l’agression et ses tentatives d’annexion, elle cherche à exercer un contrôle direct et à établir des sphères d’influence. Elle emploie des moyens conventionnels, cyber ou hybrides contre les pays membres et partenaires de l’OTAN. Sa posture militaire coercitive, sa rhétorique et le fait qu’elle soit manifestement prête à mettre la force au service de ses objectifs politiques ébranlent l’ordre international fondé sur des règles.
- Compte tenu des politiques et des agissements hostiles de la Russie, l’Alliance ne peut plus la considérer comme un partenaire. La Fédération de Russie constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique.
- L’OTAN est déterminée à entraver les actions agressives de la Russie et à y faire échec, ainsi qu’à l’empêcher de mener des activités de déstabilisation à l’encontre de l’OTAN et des Alliés. Les Alliés restent néanmoins disposés à maintenir ouverts les canaux de communication avec Moscou pour réduire les risques et prévenir toute escalade.
- L’OTAN aspire à la stabilité et à la prévisibilité dans la zone euro-atlantique, y compris dans ses relations avec la Russie. Pour que ces relations évoluent, il faudra que la Fédération de Russie se départisse de son attitude agressive et qu’elle se conforme pleinement au droit international.
- Réaction à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine
- Préoccupations d'ordre plus général concernant le comportement de la Russie
- Évolution des relations OTAN-Russie
- Domaines clés de la coopération avant avril 2014
Réaction à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine
L’OTAN condamne avec la plus grande fermeté la guerre d’agression illégale et injustifiable que la Russie a lancée contre l’Ukraine en l’absence de toute provocation, une guerre qui porte gravement atteinte à la sécurité et à la stabilité dans la région euro-atlantique et dans le reste du monde et qui viole de manière flagrante le droit international. En envahissant certaines parties d’Ukraine et en essayant d’annexer illégalement la Crimée ainsi que les régions de Donetsk, de Kherson, de Louhansk et de Zaporijia, la Russie a violé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et n’a pas respecté les engagements qu’elle a pris dans la Charte des Nations Unies, l’Acte final d’Helsinki et le mémorandum de Budapest. Nous ne reconnaissons pas et ne reconnaîtrons jamais les annexions, illégales et illégitimes, auxquelles la Russie a procédé, y compris celle de la Crimée.
Les Alliés exigent que la Russie mette fin immédiatement à cette guerre et retire complètement et sans condition toutes ses forces d’Ukraine, conformément aux résolutions applicables de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Les Alliés appellent par ailleurs la Russie à respecter pleinement le droit international humanitaire et à permettre aux acteurs humanitaires d’intervenir en toute sécurité et sans entrave pour apporter une aide à toutes les personnes qui en ont besoin. L’effroyable cruauté de la Russie a causé d’immenses souffrances et des déplacements massifs de population, touchant de manière disproportionnée les femmes et les enfants. La Russie est responsable de la mort de milliers de civils et a infligé de lourds dégâts aux infrastructures civiles, empêchant des millions d’Ukrainiens d’accéder aux services de base. Les atteintes aux droits de la personne et violations de ceux-ci, les crimes de guerre et les autres violations du droit international – en particulier à l’encontre de la population civile ukrainienne, et notamment la déportation d’enfants et les violences sexuelles liées au conflit – commis par les forces et les responsables russes ne sauraient rester impunis. Tous ceux qui se sont rendus coupables de tels actes devront en répondre.
La guerre déclenchée par la Russie représente une menace pour la sécurité et la stabilité mondiales. Le chantage énergétique de la Russie, les perturbations qu’elle cause dans l’approvisionnement alimentaire au niveau mondial, ses activités hybrides malveillantes, ses cyberattaques, les campagnes de désinformation qu’elle mène à l’échelle internationale et son discours irresponsable en matière nucléaire sont révélateurs de son mépris pour les règles internationales et pour la sûreté, la sécurité et le sort de milliards de personnes de par le monde. La Russie poursuit ses tentatives délibérées de faire barrage aux exportations agricoles ukrainiennes, dont dépendent des centaines de millions de personnes à travers le monde.
En 2014, lorsque la Russie a annexé, illégalement, la Crimée et lancé son offensive dans l’est de l’Ukraine, l’OTAN a pris fermement position en manifestant son attachement sans faille à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, s’étendant à ses eaux territoriales. En conséquence de l’annexion, illégale et illégitime, de la Crimée, les Alliés avaient décidé en 2014 de suspendre toute coopération pratique avec la Russie dans les domaines civil et militaire, tout en maintenant ouverts les canaux de communication politiques et militaires. À la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, l’Alliance a suspendu tout dialogue politique avec la Russie. Les Alliés restent disposés à maintenir ouverts les canaux de communication avec Moscou pour réduire les risques et prévenir toute escalade.
Soutien de l’OTAN à l’Ukraine
L’OTAN est et restera solidaire du gouvernement, des forces armées et du peuple ukrainiens, qui défendent héroïquement leur nation et leur sol, en même temps que nos valeurs communes. L’Alliance soutient pleinement l’Ukraine dans l’exercice de son droit naturel de légitime défense, qui est consacré par l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Depuis le début de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, les Alliés apportent à cette dernière un soutien politique et une aide économique, militaire, financière et humanitaire d’une ampleur inédite, l’assistance militaire se chiffrant à quelque 40 milliards d’euros par an. Au sommet de Washington, en 2024, les Alliés ont réaffirmé leur détermination à aider l’Ukraine à mettre en place des forces capables de vaincre l’agresseur russe aujourd’hui et de le dissuader de commettre une nouvelle agression demain. À cet effet, les Alliés comptent dégager une enveloppe de base d’au moins 40 milliards d’euros pour l’année à venir, et maintenir ensuite l’assistance à la sécurité à un niveau soutenable. L’OTAN et les Alliés sont plus que jamais résolus à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra pour que celle-ci l’emporte.
Pour en savoir plus : Relations avec l’Ukraine
Posture de dissuasion et de défense renforcée de l’OTAN
L’OTAN renforce sa posture de dissuasion et de défense depuis la première invasion de l’Ukraine et l’annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014. Suite à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, en 2022, les Alliés ont activé les plans de défense de l’OTAN et déployé des milliers de soldats supplémentaires depuis les deux rives de l’Atlantique. Ainsi, plus de 40 000 soldats, appuyés par d’importants moyens aériens et navals, sont désormais sous le commandement direct de l’OTAN dans la partie orientale du territoire de l’Alliance. Parmi ceux-ci, on peut citer les forces déployées dans le cadre des huit groupements tactiques multinationaux de l’OTAN – en Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Slovaquie – qui s’étendent sur tout le flanc est de l’Alliance, de la mer Baltique, au nord, à la mer Noire, au sud. Ces forces bénéficient du soutien de dizaines de milliers d’autres soldats déployés par des Alliés à titre individuel, et des plus de 500 000 soldats des forces à haut niveau de préparation, qui peuvent être déployées rapidement, si nécessaire. Par ailleurs, les Alliés s’attachent à améliorer leur résilience et celle de leurs infrastructures face aux attaques hybrides et aux cyberattaques.
Pour en savoir plus : Dissuasion et défense
Sanctions à l’encontre de la Russie
Suite à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les Alliés ont imposé à celle-ci de lourdes sanctions qui concourent à priver de ressources la machine de guerre du Kremlin. Ils continuent de travailler sur ces sanctions afin d’accentuer la pression sur Moscou.
En outre, le Conseil de l’Europe (dont tous les pays européens de l’OTAN sont membres) s’est prononcé à l’unanimité en faveur de la création d’un mécanisme international d’indemnisation, qui utilisera les avoirs russes gelés pour reconstruire l’Ukraine et indemniser les victimes de la guerre d’agression menée par la Russie. De son côté, l’Union européenne (UE) a marqué son accord pour l’utilisation des revenus exceptionnels générés par les avoirs russes immobilisés dans l’UE au bénéfice de l’Ukraine. Enfin, les pays du G7 se sont accordés sur un prêt de 50 milliards de dollars à l’Ukraine, financé par les bénéfices des avoirs russes gelés.
Pays rendant possible la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine
L’OTAN condamne tous ceux qui facilitent et, par conséquent, prolongent la guerre d’agression que la Russie mène contre l’Ukraine.
Le Bélarus continue de rendre possible cette guerre en mettant à disposition son territoire et ses infrastructures, y compris pour que la Russie puisse, comme elle l’a annoncé, y stationner des armes nucléaires.
La Corée du Nord et l’Iran alimentent cette guerre d’agression en fournissant un soutien militaire direct à la Russie, notamment des munitions et des drones.
La République populaire de Chine (RPC) joue désormais un rôle déterminant dans la guerre de la Russie contre l’Ukraine au travers de son partenariat dit « sans limite » et du large soutien qu’elle apporte à la base industrielle de défense russe, notamment en transférant des biens à double usage, tels que des composants d’armes, des équipements et des matières premières, qui sont ensuite utilisés par le secteur de la défense russe. La RPC ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l’Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela nuise à ses intérêts et à sa réputation.
Les Alliés exhortent tous les pays à se garder d’apporter à la Russie une aide de quelque nature que ce soit dans le cadre de l’agression de l’Ukraine.
Guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine depuis 2014
Depuis la première invasion russe et l’annexion, illégale, de la Crimée en 2014, les Alliés ont appelé la Russie à mettre un terme à son intervention dans l’est de l’Ukraine. Ils ont exhorté la Russie à garantir un accès sans entrave aux ports ukrainiens ainsi que la liberté de navigation après que la Russie a fait un usage injustifié de la force contre des navires ukrainiens et leurs équipages en 2018. Ils ont également condamné la construction, par la Russie, du pont du détroit de Kertch en 2019, qui constitue une violation supplémentaire de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Les Alliés ont par ailleurs noté que la violence et l’insécurité dans la région avaient conduit à la destruction tragique, le 17 juillet 2014 au-dessus de l’Ukraine, de l’avion de la compagnie Malaysia Airlines qui assurait le vol MH17, provoquant la mort de ses 298 passagers. Conformément à la résolution 2166 du Conseil de sécurité de l’ONU, les Alliés ont demandé que cet incident fasse l’objet d’une enquête internationale indépendante complète et approfondie. En mai 2018, le secrétaire général a exhorté la Russie à admettre le fait et à s’associer pleinement à tous les efforts déployés pour établir les responsabilités, après que les Pays-Bas et l’Australie ont annoncé qu’ils tenaient la Russie en partie responsable de la destruction en vol du MH17.
Les Alliés ont appelé toutes les parties concernées à mettre pleinement en œuvre les accords de Minsk de 2014, qui visent à régler le conflit dans le respect total de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Cependant, au lieu de s’engager de manière constructive dans les pourparlers en format Normandie et au sein du Groupe de contact trilatéral, de reconnaître son rôle en tant que partie au conflit (fourniture d’armes, d’équipements, de personnel et d’argent aux groupes séparatistes) et d’assumer sa responsabilité en tant que signataire des accords de Minsk, Moscou a continué de se présenter comme un médiateur entre l’Ukraine et ses régions séparatistes. En reconnaissant les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Louhansk le 21 février 2022, la Russie a violé le droit international, nié ses engagements au titre des accords de Minsk et tenté de créer un faux prétexte pour son invasion à grande échelle de l’Ukraine trois jours plus tard.
D’avril 2021 jusqu’à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les Alliés ont continué d’exhorter Moscou à inverser immédiatement le processus de renforcement massif de son dispositif militaire en Ukraine et alentour. Ils ont aussi appelé la Russie à mettre un terme à ses provocations et à procéder immédiatement à une désescalade des tensions aux frontières de l’Ukraine ainsi qu’en Crimée, territoire ayant été annexé de manière illégale, et à choisir la voie de la diplomatie. C’est dans cet esprit que les Alliés ont eu des pourparlers avec la Russie dans le cadre d’une réunion du Conseil OTAN-Russie tenue à Bruxelles le 12 janvier 2022. La Russie a refusé la voie de la diplomatie et du dialogue dans laquelle l’OTAN et ses pays membres lui avaient proposé à plusieurs reprises de s’engager. La Russie porte seule l’entière responsabilité de cette guerre.
Préoccupations d'ordre plus général concernant le comportement de la Russie
La guerre de la Russie contre l’Ukraine n’est pas l’unique source de préoccupations de l’OTAN.
En plus de l’Ukraine, les Alliés continuent en effet de manifester leur soutien en faveur de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Géorgie et de la République de Moldova à l’intérieur de leurs frontières internationalement reconnues, et d’appeler la Russie à retirer les forces qu’elle a stationnées dans ces trois pays sans leur consentement. Par ailleurs, l’OTAN n’a cessé d’exhorter la Russie à jouer un rôle plus constructif dans les Balkans occidentaux et à mettre un terme à ses activités et sa rhétorique déstabilisatrices.
Moscou a adopté un mode de comportement agressif envers ses voisins et la communauté transatlantique au sens large. La Russie s’attache à déstabiliser des pays situés à l’est ou au sud du territoire de l’OTAN. Dans le Grand Nord, sa capacité à entraver le renfort d’Alliés par le nord de l’Atlantique ainsi que la liberté de navigation dans cette zone constitue un défi stratégique pour l’Alliance. Dans les régions de la mer Baltique, de la mer Noire et de la Méditerranée, elle continue de porter atteinte à la sécurité et aux intérêts des Alliés.
La Russie modernise ses forces nucléaires et développe leurs vecteurs, tout en brandissant la menace nucléaire. Par la coercition, la subversion, l’agression, et des tentatives d’annexion, elle tente d’exercer un contrôle direct et d’établir des sphères d’influence. Elle emploie des moyens conventionnels, cyber ou hybrides contre les Alliés et les partenaires. Elle mène une vaste campagne de désinformation contre l’Occident, en exploitant les vulnérabilités existantes pour faire pression, semer la division et attiser les tensions. Sa posture militaire coercitive, sa rhétorique et le fait qu’elle soit manifestement prête à mettre la force au service de ses objectifs politiques ébranlent l’ordre international fondé sur des règles.
Toutes ces provocations menacent la sécurité de la zone euro-atlantique et alimentent l’instabilité le long des frontières de l’OTAN et au-delà. Cette instabilité est préjudiciable à la prévisibilité de l’environnement de sécurité – l’OTAN ne peut exclure la possibilité d’une atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de ses pays membres. L’Alliance doit donc réagir en conséquence, en renforçant sensiblement sa posture de dissuasion et de défense à l’appui de tous ses pays membres, en améliorant sa résilience face à la coercition russe, et en aidant ses partenaires à s’opposer aux ingérences malveillantes et à contrer toute agression.
Les activités suivantes préoccupent particulièrement l’OTAN :
Renforcement du dispositif militaire de la Russie
La Russie a renforcé, dans tous les domaines, son dispositif et sa présence militaires dans les régions de la mer Baltique, de la mer Noire et de la Méditerranée, et elle conserve des capacités militaires importantes dans l’Arctique. Sa posture plus affirmée, ses capacités militaires innovantes et ses provocations continuent de menacer la sécurité de la zone euro-atlantique. Ces provocations prennent notamment la forme de mouvements de troupes à proximité des frontières de l’OTAN, de violations répétées de l’espace aérien de l’Alliance, et d’exercices d’alerte de grande envergure organisés sans préavis. En réponse à cela, l’OTAN et les Alliés continueront de mener les activités requises, de manière calibrée et coordonnée.
Intégration militaire avec le Bélarus
Le Bélarus est complice de la Russie dans la guerre menée par cette dernière contre l’Ukraine. Son soutien est déterminant, et il continue de mettre son territoire et ses infrastructures à la disposition des forces russes pour leur permettre d’attaquer l’Ukraine.
Le renforcement de l’intégration militaire entre la Russie et le Bélarus, notamment le déploiement de capacités militaires avancées et de troupes russes au Bélarus, a des implications pour la stabilité régionale et la défense de l’Alliance. L’OTAN reste vigilante et continue de suivre de près la situation.
Les Alliés appellent le Bélarus à mettre fin aux actes de malveillance qu’il commet à l’encontre de ses voisins, à respecter les droits de la personne et les libertés fondamentales, et à se conformer au droit international.
Modernisation des forces nucléaires
La Russie s’appuie davantage sur les systèmes d’armes nucléaires et elle continue de diversifier ses forces nucléaires, notamment en mettant au point de nouveaux systèmes nucléaires et en déployant des moyens de frappe à double capacité de courte portée et de portée intermédiaire, autant d’éléments qui représentent une menace croissante pour l’Alliance. Il est inacceptable qu’elle utilise de tels vecteurs pour mener des attaques contre la population et les infrastructures civiles critiques en Ukraine. Les Alliés condamnent la rhétorique nucléaire, irresponsable, de la Russie et le fait qu’elle brandit la menace nucléaire, y compris le stationnement annoncé d’armes nucléaires au Bélarus, ce qui traduit une posture d’intimidation stratégique. L’OTAN n’a cessé de répéter que tout emploi d’armes chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires par la Russie aurait de graves conséquences.
Intensification des activités hybrides
La Russie a récemment intensifié ses actions hybrides agressives à l’encontre des Alliés, notamment en faisant appel à des intermédiaires, dans le cadre d’une campagne menée dans la zone euro-atlantique. Il s’agit entre autres de sabotage, d’actes de violence, de provocations aux frontières de pays de l’Alliance, d’instrumentalisation de la migration irrégulière, d’actes de cybermalveillance, de perturbations électroniques, de campagnes de désinformation et d’influence politique malfaisante, ou encore de coercition économique. Ces agissements constituent une menace pour la sécurité des Alliés.
Les activités malveillantes menées par la Russie sur le territoire de l’Alliance ont conduit à des enquêtes et à l’inculpation de plusieurs personnes pour leur rôle dans des activités étatiques hostiles ayant touché la Tchéquie, l’Estonie, l’Allemagne, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et le Royaume-Uni. L’Allemagne et la Tchéquie ont chacune attribué la responsabilité des actes dont elles ont été la cible au groupe de pirates informatiques APT28, soutenu par la Fédération de Russie, et plus particulièrement par la Direction principale du renseignement (GRU) de l’État-major général des forces armées russes. Ce même acteur a déjà ciblé d’autres entités publiques nationales, des opérateurs d’infrastructures critiques ainsi que d’autres entités sur le territoire de l’Alliance, notamment en Lituanie, en Pologne, en Slovaquie et en Suède.
La Russie a intensifié sa campagne hybride dirigée contre les Alliés ces dernières années, mais celle-ci ne date pas d’hier. Au cours des dix dernières années, les Alliés ont condamné les actes perpétrés par des agents liés à la Russie dans une série d’incidents, et notamment l’explosion de dépôts de munitions à Vrbetice (Tchéquie) en 2014 ; l’utilisation d’un agent neurotoxique de qualité militaire à Salisbury (Royaume-Uni) en 2018 ; l’attaque contre les bureaux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye (Pays-Bas) en 2018 ; le piratage de SolarWinds aux États-Unis en 2019-2020 ; et la campagne de piratage informatique menée contre un parti politique en Allemagne en 2024.
Les Alliés continueront d’accroître leur résilience et de renforcer les instruments qu’ils utilisent déjà pour contrer et dénoncer les activités hybrides de la Russie. Ils condamnent l’attitude de la Russie et appellent celle-ci à respecter ses obligations internationales, comme le font les Alliés. Le comportement de la Russie n’aura pas raison de la détermination des Alliés et ne les dissuadera pas de soutenir l’Ukraine.
Partenariat stratégique de la Russie avec la République populaire de Chine (RPC)
Le partenariat dit « sans limites » entre la RPC et la Russie, ainsi que leurs tentatives, se conjuguant entre elles, qui visent à déstabiliser l’ordre international fondé sur des règles, vont à l’encontre des valeurs et des intérêts de l’OTAN. Les Alliés appellent la RPC, qui, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a une responsabilité particulière pour ce qui est de faire respecter les buts et les principes de la Charte des Nations Unies, à cesser de soutenir matériellement et politiquement l’effort de guerre russe, et notamment à cesser de transférer des biens à double usage, tels que des composants d’armes, des équipements et des matières premières, qui sont ensuite utilisés par le secteur de la défense russe. La RPC ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l’Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela nuise à ses intérêts et à sa réputation.
Violations et retraits de traités de maîtrise des armements
La Russie a renié ses engagements et obligations de longue date en matière de maîtrise des armements, les violant ou n’en appliquant que certains, et a ainsi fragilisé l’architecture mondiale de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération.
- Les Alliés condamnent la suspension par la Russie du nouveau traité START, qui contribue à la stabilité internationale en limitant les forces nucléaires stratégiques de la Russie et des États-Unis. Les Alliés condamnent le non-respect par la Russie de ses obligations juridiquement contraignantes en vertu du traité. Ils appellent la Russie à revenir à la pleine application de ce traité ainsi qu’à agir de manière responsable et à œuvrer de manière constructive à la réduction des risques stratégiques et nucléaires.
- Les Alliés condamnent la décision prise par la Russie de se retirer du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe (FCE), document historique au cœur de l’architecture de sécurité européenne qui fixe des limites vérifiables et juridiquement contraignantes pour des catégories clés d’équipements militaires conventionnels. Depuis de nombreuses années, la Russie bafoue les obligations qui lui incombent en vertu du traité FCE, comme en témoigne en particulier la décision qu’elle a prise en 2007, sans base juridique, de ne plus appliquer ce traité. Elle s’est retirée du traité FCE le 7 novembre 2023. Par conséquent, les Alliés ont suspendu l’application du traité FCE aussi longtemps que nécessaire.
- En juin 2021, les Alliés ont déclaré regretter vivement la décision de la Russie de se retirer du Traité sur le régime « Ciel ouvert », qui autorise des vols de surveillance au-dessus du territoire des pays signataires afin d’accroître la transparence et de réduire les malentendus. Le retrait russe est devenu effectif le 18 décembre 2021.
- Les Alliés ont aussi condamné la mise en œuvre sélective par la Russie du Document de Vienne, lequel accroît la transparence au travers d’échanges d’informations sur les forces armées et sur les activités militaires telles que des exercices.
- En décembre 2018, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN ont souscrit à l’analyse des États-Unis selon laquelle la Russie manquait gravement aux obligations qui sont les siennes en vertu du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). En réponse à ce manquement russe, les États-Unis ont annoncé, le 1er février 2019, qu’ils suspendaient les obligations qui sont les leurs au titre du traité FNI. Au cours des six mois suivants, les Alliés sont restés ouverts au dialogue et ont abordé avec la Russie le manquement constaté. Cependant, la Russie a continué de nier cette violation du traité FNI, a refusé d’apporter une réponse crédible, et n’a pris aucune mesure concrète dans le sens d’un retour à un respect total et vérifiable. En conséquence, le 2 août 2019, les États-Unis ont décidé de se retirer du traité, avec le plein soutien des Alliés.
Comportement irresponsable dans l’espace
Les pays de l’OTAN ont condamné le tir d’essai d’un missile antisatellite auquel la Russie a procédé de manière inconsidérée et irresponsable le 15 novembre 2021. Cet essai a généré un champ de débris orbitaux qui a entraîné un risque sensiblement accru pour les vies humaines et pour les moyens spatiaux d’un grand nombre de pays et d’entités. Ce comportement dangereux est en contradiction directe avec les affirmations de la Russie, qui se dit opposée à « l’arsenalisation » de l’espace, et il a mis à mal l’ordre international fondé sur des règles. Les pays de l’OTAN restent déterminés à protéger et à préserver l’accès à l’espace à des fins pacifiques et les possibilités d’exploration pacifique de celui-ci au profit de l’humanité tout entière. Ils s’opposent à tout placement d’armes nucléaires en orbite autour de la Terre, placement qui constituerait une violation de l’article IV du traité sur l’espace extra-atmosphérique et menacerait gravement la sécurité à l’échelle mondiale.
Posture agressive de la Russie
Les actions de la Russie traduisent une posture d’intimidation stratégique. Elles requièrent de l’OTAN qu’elle continue de suivre tous ces développements et adapte sa posture en conséquence. Les Alliés continueront de collaborer étroitement pour faire face à l’ensemble des menaces et des défis que présente la Russie.
Évolution des relations OTAN-Russie
Pendant plus de trente ans, l’OTAN s’est efforcée de bâtir un partenariat avec la Russie, en instaurant un dialogue et une coopération pratique dans des domaines d’intérêt commun. Aujourd’hui toutefois, les relations entre l’OTAN et la Russie sont au plus bas depuis la Guerre froide.
Les relations entre l’OTAN et la Russie ont débuté après la fin de la Guerre froide et la dissolution de l’Union soviétique, lorsque la Russie est devenue membre du Conseil de coopération nord-atlantique (en 1991). À ce forum de dialogue a succédé en 1997 le Conseil de partenariat euro-atlantique, qui réunit les Alliés et les pays partenaires de la zone euro-atlantique.
La coopération pratique a démarré lorsque la Russie a rejoint le programme du Partenariat pour la paix (en 1994) et déployé des troupes à l'appui d'opérations de soutien de la paix dirigées par l'OTAN dans les Balkans occidentaux à la fin des années 1990.
L'Acte fondateur OTAN-Russie, de 1997, a donné un caractère plus formel aux relations bilatérales, notamment au travers de la création du Conseil conjoint permanent OTAN-Russie (CCP) comme forum de consultation et de coopération.
La Russie a gelé ses relations avec l’OTAN du fait de divergences sur la crise au Kosovo en 1999, mais elle a repris ses activités de coopération – notamment en participant à la Force pour le Kosovo (KFOR), dirigée par l’OTAN – ainsi que les réunions au sein du CCP après la fin de la campagne aérienne de l’OTAN au Kosovo.
Le dialogue et la coopération ont été renforcés en 2002, lorsque le CCP a été remplacé par le Conseil OTAN-Russie (COR), établi en vertu de la Déclaration de Rome de 2002 pour servir de forum de consultation, de construction du consensus, de coopération, de prise de décision commune et d’action conjointe. En son sein, les différents États membres de l’OTAN et la Russie travaillent ensemble, en partenaires égaux, sur un large éventail de questions de sécurité d’intérêt commun.
Pour faciliter les contacts réguliers et la coopération, l'OTAN et la Russie ont décidé de mettre en place des canaux de communication politiques et militaires. Par ailleurs, la Russie a établi une mission diplomatique auprès de l’OTAN (en 1998). De son côté, l’OTAN a ouvert à Moscou un bureau d’information (en 2001) et une mission de liaison militaire (en 2002).
Le Bureau d’information de l’OTAN sert de point focal pour la diffusion, en Russie, d’informations sur l’OTAN, contribuant ainsi à mieux faire comprendre à l’opinion publique russe l’évolution des relations entre la Fédération de Russie et l’OTAN. Le Bureau d’information de l’OTAN a contribué à ces objectifs en transmettant à l’opinion publique russe des informations OTAN officielles sur support papier ou numérique, en parrainant des projets de communication menés par des organisations non gouvernementales russes et en fournissant des informations sur les programmes de formation et les programmes scientifiques de l’OTAN aux institutions russes et aux candidats russes potentiels. Le Bureau a également organisé des visites, aussi bien pour des visiteurs russes au siège de l'OTAN à Bruxelles et sur d'autres sites de l’Organisation que pour des représentants de l’OTAN en Fédération de Russie.
La mission de liaison militaire a contribué aux relations OTAN-Russie en gardant ouvert un canal de communication entre le Comité militaire de l’OTAN à Bruxelles et le ministère de la Défense de la Fédération de Russie. Le maintien d’un tel canal de communication au niveau des instances militaires a permis d'accroître la prévisibilité et de réduire le risque de malentendus susceptibles de déclencher des conflits.
À la suite de l’action militaire disproportionnée menée par la Russie en Géorgie en août 2008, les réunions formelles du COR ont été temporairement suspendues, de même que la coopération dans certains domaines ; les réunions et la coopération ont repris au printemps 2009. Les Alliés continuent de condamner la décision de la Russie de reconnaître les régions géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud en tant qu’États indépendants et appellent la Russie à revenir sur cette décision.
Toute coopération pratique, tant civile que militaire, avec la Russie a été suspendue en avril 2014, en réponse à l’intervention militaire et aux actions agressives menées par ce pays en Ukraine, ainsi qu’à son annexion illégale et illégitime de la Crimée, que les Alliés ne reconnaissent pas et ne reconnaîtront jamais.
En octobre 2021, la Russie a suspendu les travaux de sa mission diplomatique auprès de l’OTAN et a demandé à l’Organisation de fermer son bureau d’information à Moscou et de suspendre les travaux de sa mission de liaison militaire dans la capitale. L’OTAN regrette la décision de la Russie de restreindre les canaux politiques de communication et de dialogue. L’OTAN reste déterminée à faire usage des lignes de communication militaires existant entre elle et la Russie afin de favoriser la prévisibilité et la transparence et de réduire les risques, et elle appelle la Russie à faire de même.
Tout au long de sa guerre d’agression contre l’Ukraine, la Russie a refusé la voie de la diplomatie et du dialogue dans laquelle l’OTAN et ses pays membres lui avaient proposé à plusieurs reprises de s’engager. Elle a enfreint les fondements mêmes du droit international, notamment la Charte des Nations Unies. En outre, les agissements de la Russie constituent un rejet flagrant des principes consacrés dans l’Acte fondateur OTAN-Russie ; c’est la Russie elle-même qui a renié les engagements qu’elle a pris dans ce cadre. Pour que ces relations évoluent, il faudra que la Fédération de Russie se départisse de son attitude agressive et qu’elle se conforme pleinement au droit international.
Domaines clés de la coopération avant avril 2014
Jusqu’à la suspension des activités en avril 2014, l'OTAN et la Russie ont coopéré dans toute une série de domaines, notamment les suivants :
Soutien aux opérations dirigées par l’OTAN. Pendant plusieurs années, la Russie a aidé la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) – qui opérait en Afghanistan sous la direction de l’OTAN, en vertu d’un mandat de l’ONU – grâce à diverses dispositions visant à faciliter le transit par le territoire russe de biens non militaires destinés à cette force. Plusieurs navires russes ont été déployés à l'appui d'Active Endeavour, l'opération maritime de lutte contre le terrorisme menée par l'OTAN en Méditerranée, et dans le cadre d'Ocean Shield, l'opération de lutte contre la piraterie menée par l'OTAN au large de la corne de l'Afrique. La Russie a contribué aux opérations de soutien de la paix dirigées par l'OTAN en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, jusqu'au retrait de ses troupes début 2003.
Soutien aux forces armées afghanes. Le projet de fonds d’affectation spéciale du COR pour la maintenance des hélicoptères, lancé en 2011, a permis de dispenser des formations aux forces armées afghanes pour aider celles-ci à exploiter et à maintenir en condition leur flotte d'hélicoptères ainsi qu'à procéder à des évacuations médicales. Fin 2013, une quarantaine de techniciens afghans avaient bénéficié de formations.
Formation de personnels d’Afghanistan et des pays d’Asie centrale à la lutte contre les stupéfiants. Le projet du COR sur la formation à la lutte contre les stupéfiants, lancé en décembre 2005, a contribué à renforcer les capacités locales et à favoriser la mise en réseau et la coopération régionales entre agents de rang intermédiaire d'Afghanistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Pakistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et d'Ouzbékistan. Il a été mené avec le concours de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Plus de 3 500 agents ont bénéficié d’une formation dans le cadre du projet. Depuis la suspension de la coopération avec la Russie, l'OTAN a organisé un nouveau projet avec l'ONUDC.
Lutte contre le terrorisme. Un plan d'action du COR contre le terrorisme a été lancé en décembre 2004. La coopération menée dans ce domaine a englobé la conduite d'exercices et d'échanges d'informations réguliers ainsi que de consultations approfondies sur des questions telles que la gestion des conséquences, la lutte contre les engins explosifs improvisés, ou l'organisation et la sécurisation d'événements très médiatisés. Un système d’échange d’informations a été mis en place, dans le cadre de l’Initiative sur l’espace aérien en coopération, l’idée étant d’assurer la transparence de la circulation aérienne et la notification rapide de toute activité aérienne suspecte dans le but d’aider à prévenir des attentats terroristes tels que ceux perpétrés le 11 septembre 2001 contre les États-Unis. Le projet STANDEX a permis de développer des technologies pour la détection à distance des explosifs dans les réseaux de transport en commun, et des essais en conditions réelles ont été menés avec succès en juin 2013.
Défense antimissile de théâtre/défense antimissile balistique. L'OTAN et la Russie partageaient une préoccupation commune : la menace sans précédent que représentait, pour les forces déployées, la multiplication de missiles balistiques toujours plus précis. Une étude, lancée en 2003, a permis d'évaluer dans quelle mesure il était possible de rendre interopérables les systèmes de défense antimissile de théâtre des Alliés et de la Russie, et des exercices de poste de commandement/exercices assistés par ordinateur ont été organisés en vue d'élaborer des mécanismes et des procédures applicables aux opérations conjointes. Au sommet de Lisbonne, en 2010, les dirigeants des pays du COR ont approuvé une évaluation conjointe de la menace liée aux missiles balistiques et sont convenus de procéder à une analyse conjointe du cadre à mettre en place pour la coopération en matière de défense antimissile. La Russie continue d'exprimer certaines préoccupations quant à la capacité de défense antimissile prévue par l'OTAN, mais les Alliés soulignent qu'elle est destinée à assurer la défense contre des menaces potentielles émanant de l’extérieur de la zone euro-atlantique et qu’elle n'est pas dirigée contre la Russie et ne portera pas atteinte à son dispositif de dissuasion stratégique.
Non-prolifération et maîtrise des armements. Les discussions menées entre experts ont porté sur des questions relatives à la non-prolifération des armes de destruction massive ; elles ont débouché sur des recommandations visant à renforcer le régime de non-prolifération existant et ont permis d'étudier la possibilité d’une coopération pratique en matière de protection contre les armes nucléaires, biologiques et chimiques. Il y a eu des discussions franches sur des questions liées à la maîtrise des armements conventionnels, comme le traité FCE, le traité « Ciel ouvert » ou les mesures de confiance et de sécurité. L'une des grandes priorités était d'œuvrer en faveur de la ratification du traité FCE adapté ; les Alliés ont dès lors fait part de leur préoccupation lorsque la Russie a « suspendu » unilatéralement sa participation au traité FCE en décembre 2007 puis lorsqu'elle a décidé en mars 2015 de suspendre sa participation au Groupe consultatif commun, qui se réunit régulièrement à Vienne pour faire le point sur l’application de ce traité.
Armes nucléaires. Plusieurs séminaires ont été consacrés à la doctrine et à la stratégie nucléaires, aux enseignements tirés d’incidents et d’accidents liés à des armes nucléaires et aux mesures à prendre en cas de détection d’engins nucléaires ou radiologiques improvisés. Entre 2004 et 2007, des experts et des représentants de pays membres du COR ont également assisté en tant qu’observateurs à quatre exercices sur le terrain simulant une réponse à un accident impliquant des armes nucléaires, en Russie et dans les trois pays membres de l’OTAN dotés de l’arme nucléaire (France, Royaume-Uni et États-Unis). Ces activités ont permis d’accroître la transparence, de favoriser une interprétation commune des procédures de réponse à ce type d’accident et de renforcer la conviction que les États dotés de l’arme nucléaire étaient parfaitement capables de réagir efficacement à une situation d’urgence de ce type.
Coopération entre militaires. Dans le cadre du COR, les arrangements de liaison militaire avaient été renforcés, tant dans les Commandements alliés Opérations et Transformation qu’à Moscou. La coopération entre militaires devait avant tout renforcer la confiance et la transparence, et rendre les forces de l’OTAN et celles de la Russie plus aptes à travailler ensemble, dans la perspective d’éventuelles opérations militaires conjointes. Cette coopération portait notamment sur la logistique, la lutte contre le terrorisme, la recherche et le sauvetage en mer, la lutte contre la piraterie, la défense antimissile de théâtre/défense antimissile balistique et les échanges entre écoles militaires, ainsi que sur des activités militaires du même ordre.
Recherche et sauvetage d’équipages de sous-marins. La coopération en matière de recherche et sauvetage en mer d’équipages de sous-marins s’était considérablement intensifiée à la suite de la signature, en février 2003, d’un accord-cadre de coopération dans ce domaine. La Russie a ainsi participé à trois exercices menés par l’OTAN durant la période 2005-2011.
Transparence, stratégie et réforme de la défense. Dans le but d’instaurer la confiance et la transparence, un dialogue avait été mené sur les questions de doctrine, de stratégie et de politique, notamment en rapport avec la réforme de la défense, les armes nucléaires, ainsi que l’organisation générale et la posture des forces. Les initiatives lancées dans le domaine de la réforme de la défense mettaient l’accent sur la réorganisation des forces armées, la gestion des ressources humaines et financières, la réforme des industries de défense, la gestion des conséquences de la réforme de la défense, et le volet défense de la lutte contre le terrorisme. De 2002 à 2008, le Centre OTAN-Russie de réinsertion a aidé des militaires russes dégagés des cadres à retourner à la vie civile en leur fournissant des informations sur la recherche d’emploi et la reconversion ainsi que des formations et des services de placement. D'abord implanté à Moscou, le Centre a étendu progressivement ses activités à d’autres régions. Au total, quelque 2 820 militaires dégagés des cadres des forces armées russes ont bénéficié d’un programme de reconversion, dont plus de 80 % ont trouvé un emploi dans le secteur civil.
Coopération des industries de défense. La vaste « Étude sur la coopération OTAN-Russie en matière d’industries de défense et de recherche et technologie (R&T) pour la défense », lancée en janvier 2005 et achevée en 2007, avait conclu qu’il serait intéressant de conjuguer les capacités scientifiques et technologiques face aux menaces mondiales.
Logistique. La Russie et les Alliés étudiaient des possibilités de coopération logistique, dans le secteur civil comme dans le secteur militaire, notamment dans le transport aérien, le ravitaillement en vol, les services de santé et l’épuration de l’eau. Ils ont organisé des réunions et des séminaires où ils ont échangé des informations sur leurs politiques, leur doctrine et leurs structures logistiques, ainsi que leurs expériences, pour être à même de mieux se comprendre dans ce domaine.
Situations d’urgence dans le domaine civil. De 1996 à 2014, l’OTAN et la Russie ont coopéré à la mise sur pied d’une capacité leur permettant de réagir conjointement face à des situations d’urgence (tremblements de terre, inondations, etc.) et de gérer les conséquences d'attentats terroristes. Par ailleurs, en 1998 a été créé, sur proposition de la Russie, le Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC).
Coopération scientifique. Depuis 1992, la Russie prenait une part active au programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS). Des scientifiques et des experts russes ont travaillé sur des questions de sécurité très diverses, comme la défense contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, la détection des mines et la lutte contre le terrorisme (notamment la détection des explosifs, comme dans le cas du projet STANDEX précité), ainsi que les risques pour l'environnement et la sécurité posés par les déversements d’hydrocarbures et les décharges de munitions en mer Baltique. Au travers d’une subvention à la recherche accordée dans le cadre du programme SPS, l'OTAN a également soutenu les travaux d’un scientifique russe devenu lauréat du prix Nobel de physique, Jaurès Alferov.
Terminologie et formation linguistique. Des glossaires portant sur l’ensemble des activités de coopération OTAN-Russie ont été établis pour faciliter la bonne compréhension des termes et concepts utilisés par l’OTAN et par la Russie. Cette coopération dans le domaine linguistique a été élargie en 2011, avec le lancement d'un projet visant à harmoniser la formation linguistique destinée aux experts militaires et à des experts civils sélectionnés du ministère russe de la Défense.