Le plus vaste projet au monde de démilitarisation stimule l'industrie en Ukraine
Le projet pour la destruction des munitions conventionnelles, des armes légères et de petit calibre et des mines terrestres en Ukraine, financé par un fonds d'affectation spéciale OTAN/PPP, progresse de manière significative, mais son financement futur reste problématique. Ce projet, qui a fait l'objet d'une conférence tenue dans la capitale ukrainienne, Kiev, le 8 avril dernier, contribue à faire face à la menace potentielle que représentent les vastes stocks d'armes et munitions anciennes et obsolètes accumulées par l'Ukraine depuis la seconde guerre mondiale. Il a également stimulé l'industrie ukrainienne et permis de créer 110 emplois.
Organisée conjointement par l'Ukraine et l'Agence OTAN de soutien (NSPA), la conférence a rassemblé des représentants des États-Unis, pays chef de file du projet, de l'OTAN et des pays partenaires, d'agences gouvernementales et d'entreprises étatiques ukrainiennes associées à l'exécution du projet, ainsi que d'organisations internationales et des médias.
La directrice générale adjointe du consortium d’État des industries de défense Ukroboronprom, Mme Tetiana Khrypko, a souligné que la mise en œuvre du projet relevant du fonds d'affectation spéciale OTAN/PPP en Ukraine permettait non seulement de détruire les munitions et armes légères et de petit calibre excédentaires, mais stimulait également l'industrie ukrainienne. « Grâce au financement de l’OTAN, un certain nombre d'entreprises ukrainiennes ont été en mesure de moderniser leurs équipements, » a-t-elle expliqué, ajoutant que les sociétés ukrainiennes associées au projet ont désormais la capacité de détruire en toute sécurité quelque 100 000 tonnes de munitions par an.
Le financement reste problématique
M. Bulent Tudes, le directeur de programme en charge du projet à la NSPA, a déclaré que « les travaux menés dans le cadre de ce projet se sont déroulés jusqu'ici conformément au calendrier ». Cependant, il prévient qu'un financement supplémentaire sera requis pour pouvoir maintenir ce rythme. « Nous aurions besoin d'un financement supplémentaire de 4 millions d'euros d'ici la fin de l'année. À défaut de ces fonds, je crains que les entreprises participant au projet n'éprouvent des difficultés à maintenir le personnel en place et à continuer de faire fonctionner les équipements. »
M. Steven Costner, directeur adjoint du Bureau pour l'élimination et la réduction des armes du Département d’État des États-Unis, a mis l'accent sur le fait que le manque de soutien financier pour la mise en œuvre du projet est dû à la diminution du nombre de pays donateurs. « Au cours de la première phase du projet, on comptait dix-huit donateurs, tandis que pour la deuxième phase, nous n'en avons que sept à ce jour, dont la Norvège qui a apporté sa contribution à l'Ukraine à titre bilatéral », a-t-il déclaré.
Lançant un appel à d'autres donateurs, M. Costner a ajouté que la mise en œuvre de la deuxième phase du projet de démilitarisation de l'Ukraine nécessiterait un budget global de 25 millions d'euros.
Destruction de stocks dangereux
Le projet relevant du fonds d'affectation spéciale a été lancé en 2006, suite à une demande d'assistance formulée par le gouvernement ukrainien. Il vise à démanteler 133 000 tonnes de munitions obsolètes, un million et demi d'armes légères et de petit calibre excédentaires et trois millions de mines antipersonnel de type PFM-1 en quatre étapes sur une période de 12 ans.
La première phase de ce projet a été menée à bien début 2012. Elle a permis de détruire en toute sécurité 15 000 tonnes de munitions, 400 000 armes légères et de petit calibre, et 1 000 systèmes antiaériens portables avec un apport financier international représentant 10,8 millions d'euros.
Dans la deuxième phase du projet, qui a débuté en avril 2012 et qui devrait durer quatre ans, il est prévu de détruire 73 500 tonnes de munitions conventionnelles, 366 000 armes de petit calibre et trois millions de mines terrestres de type PFM-1.
Les travaux dans le cadre de la deuxième phase sont exécutés par les entreprises et installations étatiques suivantes : Ukroboronleasing, située à Kamianets-Podilskyï, le centre de démilitarisation d'Ukroboronservice, qui relève d'Ukroboronprom et est situé à Hrechanyky dans la région de Khmelnytskyï, l'Institut national de recherche sur les produits chimiques à Chostka, et deux usines chimiques à Donetsk et à Pavlohrad.