Les capacités de l’OTAN en période d’austérité
Le secrétaire général de l’OTAN, Fogh Anders Rasmussen, a clairement indiqué qu’il comptait « couper dans le gras et faire gagner du muscle » avec la réforme de l’OTAN qui est en cours. Grâce à cette réforme, l’OTAN sera plus efficace (priorité aux capacités essentielles comme la cyberdéfense et la défense antimissile), plus engagée (collaboration avec d’autres organisations internationales et les pays partenaires) et plus efficiente (usage optimal de l’argent du contribuable).
Un Sea Harrier décolle du porte-avions britannique HMS Invincible. Le 24 novembre, quatre Harrier se sont élancés pour la dernière fois du HMS Ark Royal, sonnant ainsi le départ à la retraite des Harrier britanniques, victimes des réductions budgétaires.
La crise financière mondiale et l'austérité qui en découle dans les budgets des gouvernements des pays de l'Alliance ont rendu la réforme d'autant plus urgente. Si une réforme structurelle peut rendre certains aspects des réductions budgétaires moins pénibles, moins d’argent est généralement synonyme de moins de capacités. En attendant, l'OTAN doit assumer plus de responsabilités que jamais, ce qui explique qu’il est essentiel que les Alliés maintiennent leurs dépenses de défense à des niveaux permettant de répondre de façon appropriée aux besoins actuels et futurs. Quelles seront les conséquences de la crise financière pour les budgets militaires de l’OTAN ? Les nouvelles restrictions financières et budgétaires se traduiront-elles par des coupes dans les budgets de défense, qui entraîneront à leur tour une limitation excessive des capacités, avec des conséquences négatives pour la sécurité des Alliés ?
Telles étaient quelques-unes des questions posées lors d’un atelier organisé le 23 novembre au siège de l’OTAN et intitulé « Tendances financières et budgétaires observées dans les pays de l'Alliance et leurs implications sur l'abordabilité et la soutenabilité des dépenses de défense ».
Organisée par la Section Économie de la défense et de la sécurité de la Division Affaires politiques et politique de sécurité de l'OTAN, cette conférence a réuni des experts internationaux venant de tous les pays de l’Alliance. L’ambassadeur Dirk Brengelmann, secrétaire général adjoint pour les affaires politiques et la politique de sécurité, a ouvert les débats par quelques remarques sur l’importance du nouveau concept stratégique et l’incidence de la crise économique et financière sur l’avenir des dépenses de défense. Cet atelier a, entre autres, donné l’occasion d’évaluer les tendances économiques internationales actuelles et d’examiner le risque d’un protectionnisme industriel et économique qui découlerait des déséquilibres économiques mondiaux d’aujourd’hui.
Lors d’une séance tenue en début d’après-midi sur l’incidence de l’instabilité économique mondiale sur les dépenses de défense des Alliés, plusieurs participants ont exprimé leurs inquiétudes pour l’avenir. Mme Petya Koeva Brooks, chef de la Division des perspectives de l’économie mondiale du Fonds monétaire international, a fait remarquer que « les défis sur le plan des dépenses de défense sont aussi grands, si pas plus encore, que sur le plan des budgets en général. J’ai été frappée par l’ampleur du problème… Il faudra [prendre des décisions difficiles], vu l’importance d’une prise en compte des problèmes de sécurité. Nous n’aurons pas le choix ».
M. James Soligan, directeur du Centre for Transatlantic Security à la National Defence University de Washington, a fait observer que nombreux sont ceux qui, au sein de l'alliance transatlantique, ne sont peut-être pas préparés aux réductions qui s'opèrent. « Les Européens font confiance aux États-Unis pour mettre certaines capacités à la disposition de l’Alliance », a déclaré M. Soligan. « Ils pourraient être surpris si les États Unis procédaient à des coupes budgétaires importantes qui réduisent ces capacités ».
La disparité entre les capacités qui pourraient être disponibles et les capacités nécessaires pour les missions à mener est un thème qui est apparu à plusieurs reprises dans les débats. M. Gordon Adams, professeur à la School of International Service à l’American University de Washington, ne s’est pas montré optimiste. Il a estimé que ni le nouveau concept stratégique, ni la toute récente revue de défense quadriennale des États-Unis n’avaient jusqu’à présent permis d’établir un ordre de priorité satisfaisant dans les missions. « La priorité est la même pour tout », a affirmé M. Adams. « Avec moins de ressources, les choses vont devoir changer ».