Le corps de réaction rapide – France se prépare pour de nouvelles tâches
L'an prochain, le commandement de la composante terrestre de la Force de réaction de l'OTAN (NRF) passera, dans le cadre de la rotation, au Quartier général du corps de réaction rapide – France (QG CRR - FR). Celui-ci vient d'effectuer une série d'entraînements exigeants en préparation de la certification définitive, qui aura lieu en Pologne au mois de novembre dans le cadre de l'exercice Steadfast Jazz. Une fois certifié, il pourra commander jusqu'à 30 000 soldats.
« Je suis fier de l'esprit d’équipe et de l'approche positive qui ont été manifestés tout au long de la préparation à la certification NRF », déclare le général Philippe Van Impe, responsable de la Division Entraînement et coordonnateur de la préparation NRF. « Cétait vraiment, comme on dit en France, l'esprit des mousquetaires : un pour tous et tous pour un. »
Avant d'être placées en alerte, et, potentiellement, activées en cas de crise, les composantes de la NRF sont obligatoirement soumises à une période d'entraînement et de certification de douze mois, dont six mois de préparation nationale. Cette période est immédiatement suivie d'une phase de préparation interarmées conduite par l'OTAN.
Implanté dans la Citadelle de Lille, le QG CRR - FR a démarré sa préparation au mois de septembre 2012, avec un plan détaillé déterminant les besoins en entrainement individuel et collectif, de même que les concepts et les procédures opérationnelles.
Baptisé Citadel Pégasus, ce programme de formation prévoit une préparation physique intense avec exercices de tir, formation aux premiers soins et protection contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN). Des exercices ont également été organisés pour tester toute la chaîne de déploiement d'un poste de commandement et les savoir-faire pour planifier et conduire des opérations de haute intensité.
Prêts pour Steadfast Jazz
« Le commandement terrestre allié à Izmir (Turquie) a évalué les entraînements réalisés par le QG de Lille et les résultats sont positifs », explique le général Van Impe. « C'est encourageant pour le personnel et pour nous tous. Nous sommes prêts pour l'exercice Steadfast Jazz ! »
Durant l'exercice Steadfast Jazz, en novembre, le QG sera confronté au défi de s'entraîner à planifier une opération faisant intervenir des forces terrestres, aériennes et maritimes de différents pays dans un environnement complexe.
« Le scénario tient compte de la réalité des opérations modernes, avec la nécessité d'agir dans un cadre interarmées et aux côtés d'acteurs civils tels que les organismes gouvernementaux, les organisations internationales et les ONG intervenant sur ces théâtres d'opérations », précise le général Van Impe.
« De plus, le QG CRR - FR devra faire face aux menaces liées aux cyberattaques et au risque d'emploi d'armes nucléaires, biologiques et chimiques », ajoute-t-il.
Pour l'exercice, la France fournira le bataillon CBRN avec le 2e régiment de dragons. Son rôle : donner l'alerte, détecter, identifier les agents chimiques et appliquer les mesures de décontamination.
Haut niveau de préparation
Dans les 14 jours qui suivent une décision de faire intervenir la NRF, le QG CRR - FR doit être en mesure de déployer un poste de commandement sur le théâtre d'opérations.
« Pour l'exercice Steadfast Jazz, cette durée doit tenir compte des contraintes en temps de paix pour ce qui est de la disponibilité des moyens aériens et ferroviaires », explique le général Van Impe. Dans ce cas, le déploiement complet du poste de commandement, des systèmes d'information et de commandement associés et des matériels prendra en réalité environ un mois.
Les premiers éléments ont déjà été déployés, comme les équipes en charge de transformer le camp de Drawsko en poste de commandement. La liaison avec le pays hôte, la Pologne, a été établie. À son arrivée, le QG CRR - FR sera ainsi totalement autonome. Le reste du personnel, composé de 350 soldats de 12 pays différents, sera déployé en Pologne par avion militaire fin octobre, avec 5 tonnes de fret.
Simultanément, un centre opérationnel a été installé au sein de la Citadelle pour suivre le déploiement.
Planifier un concept d'opération
Avant tout déploiement sur un théâtre, un concept d’opération doit être défini. Les planificateurs jouent ici un rôle essentiel.
C’est la fonction de la capitaine Virginie Meynard, qui est officier plan au Service Communication du QG CRR - FR. La capitaine Meynard, qui a rejoint la Citadelle en août 2012, a suivi la préparation nationale à l’exercice Steadfast Jazz, et elle se déploiera en Pologne avec le reste du contingent du QG CRR - FR pour finaliser la planification de l’exercice en termes de communication dans la manœuvre.
« Dans le cadre du scénario de l’exercice Steadfast Jazz, j’analyse la situation médiatique du théâtre et je soumets au commandement des recommandations tenant compte des risques et des opportunités médiatiques que peuvent engendrer les opérations sur le terrain », précise la capitaine Meynard.
Comme les autres planificateurs dans leur domaine de spécialité, elle a entrepris cette tâche en mai 2013. C’est à ce moment en effet que le Commandement allié de forces interarmées de Brunssum a activé son groupe de planification opérationnelle afin de rédiger un concept d’opération pour répondre à une crise émergente définie par le scénario.
En 2014, elle sera en alerte NRF et prête à partir quand et où cela sera nécessaire. « Ma famille est prévenue, et mon paquetage est prêt », conclut la capitaine Meynard. Il est vrai qu'elle n'en est pas à sa première expérience des déploiements multinationaux, ayant participé aux opérations dirigées par l'OTAN au Kosovo en 2006 et en Afghanistan en 2011 et 2012.
Un QG multinational certifié
Le Quartier général du Corps de réaction rapide - France a été créé le 1er juillet 2005. La prestigieuse Citadelle de Lille, inscrite à l'inventaire des monuments historiques, a été bâtie par Vauban, l’ingénieur du roi Louis XIV.
Sous commandement français, le QG CRR - FR comprend environ 425 militaires dont, à ce jour, 18% de militaires provenant de 11 pays de l'OTAN.
Pour lui permettre de mener des opérations de haute intensité dans la durée, le QG CRR - FR reçoit des compléments opérationnels français et alliés qui portent alors ses effectifs « en temps de crise » à environ 750 personnes.