[ NATO SPEECHES ]

Commission
de la
Défense
du Parlement
belge

22 avr. 1997

Allocution

du Secrétaire général


Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs,

Je remercie la Commission parlementaire pour cette invitation à venir au Parlement et à prendre la parole à l'ouverture de vos travaux. Il s'agit d'un moment privilégié pour un Secrétaire général de l'OTAN que de s'adresser ainsi à un parlement national. Ma présence ici aujourd'hui est néanmoins logique et naturelle.

Elle est naturelle parce que l'OTAN se sent tout à fait chez elle à Bruxelles. Lorsque Sa Majesté le Roi Albert a rendu visite à l'OTAN, au mois de mars, j'ai souligné combien l'Organisation apprécie l'aide, le soutien et la compréhension que lui apporte le pays hôte et attache beaucoup d'importance à ce que la Belgique continue à jouer un rôle actif de pays hôte pour faire face aux impératifs de la transformation de l'OTAN, notamment son élargissement. Elle est logique parce que le grand débat que vous lancez aujourd'hui est un débat important, dont les résultats intéresseront tous les Alliés.

En tant que Secrétaire général de l'OTAN, je ne veux ni préjuger de vos discussions ni anticiper sur vos débats en formulant des recommandations détaillées ou en suggérant des conclusions précises. En dernière analyse, c'est au gouvernement belge et au peuple belge qu'il appartient de déterminer les missions, la structure et le financement des forces armées belges. Mais, cette question n'est pas sans incidence pour les Alliés et l'Alliance prise globalement. C'est pourquoi je saisis cette opportunité pour vous faire part des points de vue exprimés et des conclusions dégagées par l'Alliance, en ce qui concerne à la fois ses missions globales et la contribution que la Belgique apporte, et devrait apporter, à leur accomplissement.

Pour commencer, permettez-moi d'examiner du point de vue de l'Alliance, le contexte général de sécurité dans lequel s'insère votre politique nationale de sécurité. L'OTAN prépare, et c'est là un élément particulièrement important, une réunion au sommet pour le mois de juillet. En tant qu'Allié apportant une contribution significative à l'élaboration de la politique de l'Alliance et à sa mise en oeuvre, la Belgique sera concernée par les décisions qui se préparent actuellement. C'est donc avec plaisir que j'accepte cette tâche de description du contexte général.

Les avantages et les objectifs d'une adhésion à l'OTAN ne doivent pas être mis en question. Grâce à une défense collective efficace, les Alliés ont joui de la plus longue période de paix et de sécurité des temps modernes. Mais, depuis le début de cette décennie, qui a constitué une période inhabituellement calme et riche d'enseignements, l'OTAN ne s'est plus limitée à la défense collective. Une nouvelle Europe s'est fait jour, et l'Alliance a joué un rôle décisif dans cette évolution. La responsabilité de l'édification de cette nouvelle Europe n'appartient pas uniquement à l'OTAN. Il s'agit d'une oeuvre collective, dans laquelle l'OTAN, l'Union européenne, l'UEO et l'OSCE, se renforçant mutuellement, s'inscrivent dans la même architecture de sécurité.

L'OTAN occupe une place très importante dans cette architecture. Les défis d'aujourd'hui, sur le plan de la sécurité, sont peut-être moins immédiatement menaçants, mais ils sont bien réels et relativement complexes. Le plus grand de ces défis, à n'en pas douter, est de modifier l'environnement de sécurité en Europe et de créer les conditions d'une paix durable, de stabilité et, finalement, de prospérité.

Mais, de même que l'environnement de sécurité dans lequel opère l'OTAN a changé, l'Alliance a commencé à changer. Vous pouvez observer la preuve de cette évolution en Bosnie, où l'OTAN dirige une coalition pour la paix, sans précédent dans l'histoire. Le type de relations que nous souhaitons établir avec la Russie, l'Ukraine et d'autres partenaires constitue également une preuve positive de ce qu'il existe une nouvelle OTAN, qui a élaboré une nouvelle approche de la sécurité.


Permettez-moi donc d'expliquer comment l'Alliance en est arrivée là.

L'OTAN a amorcé une révision fondamentale de ses politiques au sommet de Londres, en 1990. Ce processus reposait sur un ensemble d'hypothèses de base sur le futur environnement de sécurité.

La première concernait la disparition d'une menace globale. Il y aurait, certes, un dividende de la paix, dont nous pourrions - et dont nous devrions - bénéficier. Mais d'autres problèmes et risques subsistaient. La nécessité d'un cadre stable pour la coordination de notre sécurité et de notre défense n'avait donc pas disparu.

La deuxième hypothèse retenue par l'Alliance au début des années 90 était que, pour modeler notre nouvel environnement de sécurité, la coopération concrète, plutôt que la confrontation, constituerait l'instrument stratégique décisif. Cette approche trouve son fondement dans la politique de l'Alliance développée depuis 1967 sur la base du rapport "Harmel". L'OTAN devait par conséquent aider activement ses anciens adversaires à devenir des démocraties stables et confiantes, dans lesquelles un ferme contrôle démocratique s'exercerait sur les structures militaires.

Enfin, l'OTAN reconnaissait que dans la nouvelle architecture de sécurité naissante en Europe, aucun institution ne pourrait, à elle seule, offrir tous les moyens politiques, économiques et militaires nécessaires à la prévention ou à la gestion des crises. Ainsi, l'OTAN ne pourrait pas, et en fait ne devrait pas, rester l'acteur unique de la sécurité européenne. Au contraire, l'OTAN, l'Union européenne, l'UEO, l'OSCE et le Conseil de l'Europe se soutiendraient et se renforceraient mutuellement dans l'édification d'un cadre global de sécurité pour notre continent.

Je pense que les événements survenus depuis 1990 ont confirmé ces trois hypothèses. Et les mesures prises par l'OTAN en découlent : l'Alliance a réduit considérablement le volume de ses forces et, en même temps, elle les a restructurées pour mieux mener à bien ses nouvelles tâches de gestion des crises et de maintien de la paix.

En ce qui concerne la nécessité d'une approche coopérative de la sécurité, le succès du Partenariat pour la paix parle de lui-même, puisqu'il a amené 27 pays de l'OSCE à participer à un mécanisme de coopération militaire avec l'OTAN.

L'Alliance a aussi établi de bonnes relations de travail avec toutes les autres institutions liées à la sécurité. Un exemple clair en a été la coopération pratique qui a été mise en place avec les Nations Unies, l'OSCE, l'Union européenne, l'UEO et le Conseil de l'Europe, pour rétablir la paix en Bosnie.

Le conflit dans les Balkans, il est vrai, a modéré l'optimisme que l'architecture de sécurité européenne avait fait prévaloir depuis la fin de la guerre froide. Les choix et les décisions difficiles qui se sont imposés ont donné lieu à des hésitations de deux côtés de l'Atlantique mais il ne faut surtout pas sousestimer les progrès réalisés depuis.

Le processus de paix auquel nous assistons aujourd'hui en Bosnie repose sur une confiance mutuelle entre institutions. Sans la sécurité qu'assurent l'OTAN et ses partenaires, l'OSCE n'aurait pas pu organiser des élections démocratiques. Sans l'IFOR et la SFOR, la reconstruction économique et politique menée par les Européens, les Nations Unies et de nombreux organismes non gouvernementaux n'aurait pas pu être engagée. L'OTAN, en revanche, n'a pas les compétences nécessaires pour entreprendre les multiples tâches qui s'imposent dans les domaines civil et policier. Cette architecture, fondée sur la synergie plutôt que la hiérarchie, constitue un exemple fort pour l'avenir.

Devant la réforme de l'Alliance, certains observateurs sont restés sceptiques, voyant dans ce processus une manifestation d'activisme plutôt qu'une réelle activité. Pour eux, l'OTAN cherchait simplement à s'occuper.

Aujourd'hui, l'OTAN a réaffirmé son rôle et son utilité, et ces allégations ont cessé. L'opinion, cependant, ne perçoit pas encore bien tout le sens de la transformation de l'OTAN, mais celui-ci devrait apparatre de plus en plus clairement au cours des prochains mois, à mesure que nous nous rapprocherons du Sommet de Madrid, en juillet.

Je pense que le Sommet de Madrid sera véritablement décisif, qu'il fusionnera les divers éléments de la transformation de l'Alliance et créera une nouvelle dynamique dans la sécurité européenne. Ses effets positifs se feront sentir dans l'ensemble de la zone transatlantique. Il y a trois aspects de ce Sommet que je voudrais souligner pour en faire ressortir toute l'importance.

Tout d'abord, le Sommet officialisera des changements importants, à commencer par l'intensification des relations avec nos partenaires existants. Certains d'entre eux, évidemment, seront invités à entamer les pourparlers en vue de leur adhésion, qui devrait avoir lieu en 1999, cinquantième anniversaire de la fondation de l'Alliance. Notre porte restera toutefois ouverte pour d'autres adhésions ultérieures après Madrid.

Je suis persuadé qu'en accueillant des pays qui, au cours de l'histoire, ont connu tant d'insécurité, l'OTAN contribuera de manière réelle et durable à la stabilité de l'Europe. Je ne vois pas comment l'Europe pourrait être stable si les pays clefs du centre et de l'est de l'Europe sont condamnés à l'incertitude permanente.

Members of the Commission, Ladies and Gentlemen,

But, enlargement should not be considered separately. There are a series of other parallel initiatives which will bring all our Partners closer to NATO. We intend to develop Partnership for Peace further so that the opportunities for participating in NATO activities multiply. The new PfP will be set in a new political framework - the Atlantic Partnership Council. In recognition of the special position of Ukraine, we want to come to an agreement on a distinctive and effective relationship. Following the same logic of promoting good relations and mutual understanding, we intend to move forward in our dialogue with Mediterranean countries.

Our desire to go further with our Partnership applies to all our Partners, including Russia. Achieving a relationship between Russia and the Alliance is of special importance. Both have great contributions to make to European security. A close partnership with Russia would recognize that.

The Alliance has made a series of proposals: to have a Permanent Joint NATO-Russia Council which will meet regularly; to be as transparent and open with each other as possible; to build up a process of mutual trust; to consult and reach joint positions, where we can. If we can launch initiatives, we will do so.

I was given the task of negotiating a NATO-Russia document by NATO foreign ministers last December. We have met in four rounds of discussions. Each time there has been progress. We are now working jointly on the text of an agreement. My aim is to conclude the text as soon as possible. An end-May meeting, in Paris, of all NATO leaders and President Yeltsin to sign it, is envisaged.

Of course, there are some difficulties still to overcome. We understand Russia's concerns about NATO enlargement, and we have made a number of clarifications of our intentions. As a defensive Alliance, we threaten no one. The Allies will remain capable at all times of fulfilling our collective defence obligations. Yet, this should not be considered in a negative way by the Russians. NATO's enlargement does not require NATO to station nuclear weapons on the territory of new members, or reverse the reductions that have been underway for many years now. Nor does it require the same level of conventional forces or the kinds of forward presence in our conventional force posture that was necessary in the past. The Allies are ready to initiate further reductions in the conventional ceilings allowed under the CFE Treaty and have put forward a far reaching set of proposals to adapt this treaty to the new security reality of Europe.

Anyway I hope that in the end game these discussions about military arrangements will be overcome and we will be able to achieve our strategic purpose of a sound NATO-Russia partnership.

The result we want is an increased cooperation. A real Partnership between NATO and Russia represents a unique opportunity to work together in the wider interest of European security as a whole.

One of the points I constantly make to my Russian interlocutors is that NATO's military structure is being reduced and streamlined for new and different missions. The process of adaptation continues.

This is the second point that I want to emphasise about Madrid, where an agreement will be reached as to the main features of a new military structure, smaller, more streamlined and better suited for peacekeeping and crisis management without, however, jeopardizing its core function of collective defence.

NATO's Chiefs of Defence Staff meet today to review the progress on the work so far. Their aim is to reach agreement on the outline of a new structure to be forwarded to the North Atlantic Council for consideration.

The principles of the new structure are generally agreed upon. The principle of unity of command will continue to be applied. It will remain militarily efficient, though there will be a significant reduction in the number of headquarters in the chain of command. The lowest level of command will disappear, and over 50% of existing headquarters will also go. The Chiefs of Defence seem to be coming to a consensus on the need for two Regional Commands under SACEUR, instead of the present three.

Although the new structure should be less costly to maintain, this streamlining is not being done solely for saving money. Its purpose is mainly to enable NATO to undertake the whole range of its missions more effectively. Most notably, the new structure will implement the Combined Joint Task Force concept. In the past, we had a largely static system of command to defend designated territory or lines of communication. In the future, NATO will have the capability readily available to deploy and command forces beyond the territory of NATO members.

The lessons of Bosnia will thus be put into practice. The military side of NATO will be organised for mobility and force deployment. It will also be organised for cooperation with Partners. There will be extensive involvement of Partners in the new structure. If we can agree upon reciprocal arrangements, the Russians will have liaison officers at NATO major headquarters.

The Madrid Summit will have a third major impact through the further development of the European Security and Defence Identity within the Alliance. This will be reflected in the command structure and in an operational relationship with the Western European Union.

Reading through the press of recent months one could get the impression that the process of building a European arrangement within NATO is only about one question, namely "who gets what command?" in the military structure.

We have to resist the tendency to reduce such a complex issue to a mere soundbite. It risks diverting us from realising the major strategic benefits the new structure will offer, and it trivialises a European development of highest importance within the Alliance.

At an operational level, the development of the ESDI is simply an additional option for those contingencies where a European response would be more appropriate and where the United States and Canada have no compelling reason to be involved in a major way. In future crises, therefore NATO could make its assets available to the Western European Union. In other words, we are creating a new European response option tailored to the requirements of a more diverse security environment.

The development of ESDI within NATO also has a direct relation to Spain and France wanting to fully participate in the new structure. Europe's voice will be clearer, and the Alliance stronger. The decision to build the European Security and Defence Identity inside, and not outside NATO, means that the ESDI will be developed with our American Allies and not without them. This makes good sense. By doing so, we avoid costly duplication of effort and move the transatlantic relationship onto a better foundation.

So, Madrid will have concrete results: invitation of new members, stronger Partnerships, new command structure, and effective ESDI. Inevitably, this will affect the relationships between individual Allies and NATO.

Let me therefore end by making a few remarks on this point.

As a result of Madrid, the workload of the Alliance will considerably increase. The Alliance will have to fulfil its obligations to new members. The enhanced cooperation with Partners will have to be financed, too. The development of a stronger European Security Defence Identity within the increased Alliance requires the commitment of European Allies. Its purpose is to share the security burden, not to reduce it, in line with the solidarity and cohesion prevailing among the Allies.

I firmly believe that the Allies' peace dividend has been cashed in. It cannot be cashed in twice. Once a military organisation is allowed to decline, it cannot be reactivated quickly. Like any complicated instrument, it needs to be always kept in good working order. It is vital that our forces maintain the capability to handle the full range of the Alliance's missions which Ministers agreed upon in Rome in 1991, and at the 1994 Brussels Summit: collective defence, crisis management and peacekeeping.

Belgium makes a good and effective contribution to the Alliance's force structure and, particularly, to the reaction forces. With experience in Eastern Slavonia, in Bosnia, in Africa and other areas, Belgium has professional and highly skilled forces which are a real asset to the Alliance. The defence review of 1992 has already led to a far reaching restructuring of the Belgian armed forces. It was by and large in line with the general restructuring of Alliance forces at the time though in some respects the cuts were perhaps more radical than in most other countries. The result was a much smaller force. But today, together with many other Allies, Belgian troops find themselves committed in missions as never before.

The 1992 review, which led to a freezing of the defence budget in nominal terms - and therefore to a constant decrease in real terms -, foresaw the need to increase the Defence Budget in real terms from 1998 onwards. This now seems to be questioned. The Allies are concerned that continued limitations of the Defence Budget would still further delay the necessary modernisation of equipment and accordingly increase the pace of obsolescence. This problem occurs in other countries but is particularly acute in Belgium.

My task is to encourage the greatest degree of coherence between Allies. From time to time, when there are discrepancies between what Allies agree upon in terms of policy initiatives and what they are prepared to fund, I see it as my duty to remind the Allies either collectively or individually that they cannot expect to achieve their goals if they are not prepared to provide the means. The Alliance does not determine the security policies of its members. On the contrary, it is their Allies who determine Alliance policy, and it is their duty to finance it. At present, with the Madrid Summit in sight, the Allies are planning to place additional demands on NATO. If they are not adequately funded, we might erode our most valuable asset: our credibility.

Members of the Commission, Ladies and Gentlemen,

Now is the time to invest in a stable and secure future. I strongly believe that if the Allies make the right decisions now, we will have a real chance to enter the next century with a much better prospect for peace and stability than we entered this one. A permanent transformation of European security environment is possible and within reach. The Allies have to work together to complete this heavy task which started almost a decade ago. NATO is as essential as ever. Neither the same amount of defence nor the same amount of influence could be achieved outside NATO or without the NATO framework, which uniquely combines and coordinates the endeavours of North America and Europe.

The task that you have set yourselves is a formidable one. The Allies will follow your debate with interest. I wish you luck and am ready to answer your questions.


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