Force de renseignement, surveillance et reconnaissance de l’OTAN (NISRF)

  • Mis à jour le: 14 Nov. 2024 12:34

La NISRF (Force de renseignement, surveillance et reconnaissance de l’OTAN) est une force multinationale qui fournit en temps utile des produits de renseignement de haute qualité aux décideurs et aux pays membres de l’OTAN. Créée en 2015 sous le nom « Force OTAN de la capacité alliée de surveillance terrestre » (AGS), la NISRF mène et soutient des opérations ISR (renseignement, surveillance et reconnaissance) unifiées, en exécution des missions que lui confie le Grand quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) en concertation avec le Commandement aérien allié (AIRCOM). À ce titre, la NISRF contribue dans une large mesure à l’état de préparation opérationnelle de l’Alliance.

NATO Intelligence, Surveillance and Reconnaissance Force facilities at the Main Operating Base in Sigonella, Italy

Base d’opérations principale de la NISRF, Sigonella (Italie).

 

  • La NISRF est une composante essentielle des activités ISR de l’OTAN. Elle fournit en effet des produits de renseignement de haute qualité aux décideurs et aux pays membres de l’OTAN au moment où ils en ont besoin.
  • Opérationnelle par tout temps et déployable rapidement sur zone, la NISRF rend possible une surveillance terrestre et maritime persistante à longue portée grâce à ses capacités aériennes et terrestres, notamment à sa flotte de cinq drones RQ-4D « Phoenix » et à son équipe d’analystes experts.
  • La NISRF permet aux commandants des forces déployées d’affiner leur connaissance du milieu, en leur offrant une image claire de la situation dans leurs zones de responsabilité ou d’opérations respectives. À un échelon supérieur, elle permet au commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) de mieux appréhender la situation, et contribue ainsi à ce que le commandement militaire unifié de l’Alliance ait une image complète du territoire européen de l’OTAN.
  • La NISRF facilite également toute une série d’autres activités, telles que la protection des forces au sol et des populations civiles, le contrôle des frontières, la sûreté maritime, la lutte contre le terrorisme, la gestion de crise ou encore l’aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle.
  • La base d’opérations principale de la NISRF est située à Sigonella (Italie).

 

En quoi consiste la NISRF ?

La NISRF est un élément fondamental du système JISR (renseignement, surveillance et reconnaissance interarmées) de l’OTAN. Centre névralgique du traitement, de l’exploitation et de la diffusion fédérés (FEDPED) du renseignement à destination de l’Alliance, la NISRF se voit confier par le SHAPE et l’AIRCOM des missions de collecte et d’exploitation du renseignement qui impliquent qu’elle recueille les informations demandées et qu’elle les synthétise afin d’en faire du renseignement utile pouvant être partagé avec les hauts responsables de l’OTAN et les Alliés.

Pour mener ses opérations de recueil, la NISRF s’appuie sur des moyens propres, à savoir une flotte de cinq drones RQ-4D « Phoenix » de la capacité alliée de surveillance terrestre (AGS). Chacun de ces appareils est doté d’un radar à synthèse d’ouverture (SAR) qui permet à la NISRF d’effectuer des opérations de reconnaissance et de surveillance par tout temps, de jour comme de nuit et en toute autonomie, faisant ainsi de cette flotte une capacité unique et essentielle pour l’Alliance. La NISRF reçoit en outre de la part des pays membres de l’OTAN des données de surveillance et de reconnaissance qu’elle confie à ses services pour qu’ils les analysent, les exploitent et les fusionnent avec des informations provenant d’autres sources de données afin de produire du renseignement d’actualité à haute valeur ajoutée.

 

Composantes

La NISRF s’articule autour de trois grandes composantes : l’escadre opérations, l’escadre soutien et le centre de formation.
 

Escadre opérations

Des analystes du renseignement en service sur la base d’opérations principale de la NISRF, à Sigonella (Italie).Des analystes du renseignement en service sur la base d’opérations principale de la NISRF, à Sigonella (Italie).

Pierre angulaire de la NISRF, l’escadre opérations est responsable de la planification, de l’exécution et de la coordination de toutes les missions ISR. Elle est notamment chargée de mettre en œuvre les drones RQ-4D, de réceptionner et de traiter les données de surveillance provenant de sources diverses, ainsi que de produire du renseignement de haute qualité répondant aux besoins spécifiques des décideurs OTAN. L’escadre est armée par des analystes du renseignement, des opérateurs capteurs et des planificateurs de mission qui fournissent en temps utile des informations précises à l’appui des objectifs stratégiques et opérationnels de l’Alliance.

 

Un maintenancier de la NISRF inspecte la roue d’un drone RQ-4D « Phoenix ». Un maintenancier de la NISRF inspecte la roue d’un drone RQ-4D « Phoenix ».

Escadre soutien

L’escadre soutien fournit l'appui logistique et technique aux opérations de la NISRF. Elle est notamment chargée d’assurer la maintenance des aéronefs et des équipements, de gérer les installations et de veiller à ce que la NISRF dispose des ressources nécessaires pour mener à bien ses missions. Elle se compose d’une équipe de techniciens, de mécaniciens et de logisticiens qui collaborent étroitement avec l’escadre opérations de telle sorte que l’ensemble des besoins soient satisfaits.

 

Centre de formation

Des soldats de l'OTAN se perfectionnent au centre de formation de la NISRF.Des soldats de l'OTAN se perfectionnent au centre de formation de la NISRF.

Le centre de formation propose des programmes complets de formation à l’ensemble des personnels affectés à la NISRF, quelle que soit leur spécialisation : analystes JISR, pilotes, opérateurs capteurs, maintenanciers, etc. Ces formations visent à répondre à l’évolution des besoins de la NISRF et à faire en sorte que le personnel OTAN soit correctement armé pour faire face aux défis de l’environnement ISR actuel.

 

 

Le RQ-4D – Faits et chiffres
 

Un drone RQ-4D « Phoenix » sur la base d’opérations principale de la NISRF, à Sigonella (Italie).

Un drone RQ-4D « Phoenix » sur la base d’opérations principale de la NISRF, à Sigonella (Italie).

La NISRF dispose d’une flotte de cinq drones RQ-4D « Phoenix ». Le vecteur est équipé de capteurs radars de surveillance terrestre – l’un issu du programme d’insertion de la technologie radar à plates-formes multiples (MP-RTIP) et l’autre, un radar à synthèse d’ouverture (SAR) – ainsi que de plusieurs liaisons de données large bande de type LOS (Line-of-Sight, pour les transmissions à portée radioélectrique directe) et BLOS (Beyond-Line-of-Sight, pour les transmissions au-delà de l’horizon des drones à grand rayon d’action).

Caractéristiques générales du drone RQ-4D :

  • Fonction principale : renseignement, surveillance et reconnaissance « haute altitude, longue endurance » (HALE)
  • Groupe moteur : turboréacteur à double flux Rolls Royce-North American AE 3007H
  • Poussée : 33 800 N / 7 600 lbf
  • Envergure : 39,8 mètres / 130,9 pieds
  • Longueur : 14,5 mètres / 47,6 pieds
  • Hauteur : 4,7 mètres / 15,3 pieds
  • Poids : 6 781 kilogrammes / 14 950 livres
  • Poids maximal au décollage : 14 628 kilogrammes / 32 250 livres
  • Capacité en carburant : 7 847 kilogrammes / 17 300 livres
  • Charge utile : 1 360 kilogrammes / 3 000 livres
  • Vitesse : 575 km/h / 310 nœuds / 357 mi/h
  • Rayon d’action : 16 113 kilomètres / 8 700 milles nautiques / 10 112 miles
  • Plafond : 18 288 mètres / 60 000 pieds

Évolution

La NISRF (Force de renseignement, surveillance et reconnaissance de l’OTAN), initialement dénommée « Force OTAN de la capacité alliée de surveillance terrestre » (AGS), a été établie en septembre 2015 sur la base aéronavale de Sigonella, en Sicile (Italie).

Entre septembre et décembre 2015, plusieurs étapes importantes ont été franchies :

  • la station au sol générale mobile (MGGS) et la station au sol générale transportable (TGGS) ont été inaugurées ;
  • le premier essai au sol et le premier vol d’essai du premier RQ-4D ont eu lieu à Palmdale, en Californie, là où le drone a été développé ;
  • l’AGS a participé avec succès à l’exercice Trident Juncture 2015, depuis le banc d’essai de la capacité AGS de l’OTAN aux Pays-Bas.

Entre 2016 et 2019, un certain nombre de vols d’essai visant à tester plus avant l’AGS ont été effectués, notamment, fin 2017, le premier vol piloté à distance depuis la base d’opérations principale de Sigonella.

L’infrastructure AGS temporaire a été mise en place en 2018 et 2019 à Sigonella, et la construction des installations permanentes s’est achevée en 2022.

Durant cette phase de mise en place, les pilotes, les analystes JISR, les opérateurs capteurs et les maintenanciers ont suivi des formations au centre établi pour l’occasion sur la base de Sigonella.

Le premier des cinq drones RQ-4D de la Force a atterri à Sigonella, sa nouvelle base, le 21 novembre 2019. Ce premier vol de convoyage entre la Californie (États-Unis) et la Sicile (Italie) a marqué une étape importante dans la mise en œuvre de ce qui est un grand projet multinational d’acquisition d’équipements de pointe. S’en est suivie une phase de vérification des performances du système, qui visait à s’assurer de la pleine conformité de ce dernier avec les exigences de l’OTAN. Le deuxième drone a atterri à Sigonella le 19 décembre 2019, suivi des trois autres le 15 juillet, le 26 juillet et le 12 novembre 2020.

La remise du système complet à la Force OTAN de l’AGS a débuté en novembre 2020. La capacité opérationnelle initiale a été atteinte le 15 février 2021. La remise complète s’est terminée le 31 mars 2022, date à laquelle les 15 pays acquéreurs de l’AGS, organisés dans le cadre de l’Agence de gestion de la capacité alliée de surveillance terrestre de l’OTAN (NAGSMA), ont transféré ces moyens à l’ensemble des Alliés et à l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA).

En septembre 2023, la Force OTAN de la capacité alliée de surveillance terrestre (AGS) a été rebaptisée « Force de renseignement, surveillance et reconnaissance de l’OTAN » (NISRF). Ce changement de nom permet de refléter l’élargissement du périmètre de la NISRF, qui ne se limite plus à la surveillance terrestre, mais englobe également une capacité essentielle d’analyse du renseignement (traitement, exploitation et diffusion) au profit des Alliés.

 

  • Historique : développement de l’AGS jusqu’en 2015

    Note : avant septembre 2023, la NISRF (Force de renseignement, surveillance et reconnaissance de l’OTAN) était connue sous le nom d’« AGS » (Force OTAN de la capacité alliée de surveillance terrestre). Cette ancienne appellation est utilisée jusqu’à cette date dans l’historique ci-après.

    Le programme AGS, dont l’idée avait été émise par le Comité des plans de défense en 1992, débuta sous la forme d’une initiative d’acquisition de capacités en 1995, lorsque les ministres de la Défense des pays de l’OTAN décidèrent que l’Alliance devait poursuivre les travaux visant à se doter d’une capacité centrale minimale essentielle appartenant à l’OTAN et exploitée par elle, complétée par des moyens nationaux interopérables.

    Le programme AGS devait fournir à l’OTAN une capacité de surveillance terrestre complète et intégrée, qui offrirait à l’Alliance et à ses pays membres un accès rapide sans restriction et sans filtrage à des données de surveillance terrestre, et ce de manière interopérable. Il devait comprendre un segment air constitué de capteurs radars aéroportés et un segment sol composé de stations terrestres fixes, transportables et mobiles pour l’exploitation et la diffusion des données, le tout devant être interconnecté de manière totalement transparente par des liaisons de données à haute performance.

    Initialement, la capacité AGS devait être basée sur un ou plusieurs types de moyens de surveillance terrestre existants ou en développement dans les pays membres de l’OTAN. Par la suite, des propositions de développement de systèmes basés sur des radars américains ou européens furent également prises en compte. Aucune de ces approches n’obtint cependant des Alliés un appui suffisant pour être mise en œuvre, et, en 2001, le Conseil de l’Atlantique Nord décida de redynamiser l’AGS par un programme de développement accessible à tous les pays de l’OTAN et par le développement parallèle du TCAR (radar AGS développé en coopération transatlantique).

    En 2004, l’OTAN passa à une approche dite de « flotte mixte » : le segment air devait être constitué d’aéronefs avec équipage embarqué, des Airbus A321, et de drones Global Hawk, tous embarquant des versions du TCAR, tandis que le segment sol se composerait d’un vaste ensemble de stations fixes et déployables.

    En raison d’une contraction des budgets de défense européens, l’OTAN abandonna en 2007 cette approche de flotte mixte, et décida de se diriger plutôt vers un système AGS simplifié, dans lequel le segment air serait basé sur le drone Global Hawk Block 40 standard équipé du capteur MP-RTIP. Le segment sol, qui serait en grande partie développé et mis en place par l’industrie européenne et canadienne, demeurerait pratiquement inchangé, ses caractéristiques fonctionnelles et opérationnelles étant globalement indépendantes du vecteur et du capteur mis en œuvre.

    En février 2009, les Alliés participant au programme AGS entamèrent le processus de signature du mémorandum d’entente du programme, étape importante dans la concrétisation d’une capacité essentielle du point de vue opérationnel, et dont l’OTAN avait un besoin urgent. L’Agence de gestion de l’AGS de l’OTAN (NAGSMA) a été créée en septembre 2009, après que tous les pays participants eurent approuvé le mémorandum d’entente cadre, document de référence pour l’acquisition de cette nouvelle capacité OTAN.

    Le sommet de Lisbonne, en 2010, constitua une autre étape importante pour le programme AGS : le concept stratégique de l’Alliance a en effet reconfirmé le criant besoin opérationnel d’une capacité AGS appartenant à l’OTAN et exploitée par elle, et l’AGS figurait dans le paquet de Lisbonne regroupant les besoins capacitaires les plus pressants de l’Alliance.

    Le 3 février 2012, le Conseil de l’Atlantique Nord décida d’une ligne d’action pour la prise en charge collective des coûts liés à l’exploitation de l’AGS au profit de l’Alliance. La décision de recourir à un financement commun OTAN pour l’infrastructure, les télécommunications par satellite, l’exploitation et le soutien permettait d’envisager l’attribution du marché relatif à l’acquisition de l’AGS. En outre, un accord fut trouvé pour que le système Sentinel du Royaume-Uni et le futur système Heron-TP de la France soient mis à disposition comme contributions nationales en nature remplaçant partiellement l’apport financier de ces deux Alliés.

    En 2012, en marge du sommet de Chicago, les pays de l’OTAN franchirent une étape importante vers la mise en place d’une capacité de surveillance et de reconnaissance terrestres appartenant à l’OTAN et exploitée par elle : le contrat d’acquisition du système AGS était signé le 20 mai, ouvrant la voie à la fourniture d’une capacité vitale au profit de l’ensemble des Alliés. La NAGSMA, agissant pour le compte des 15 pays acquéreurs (Bulgarie, Tchéquie, Danemark, Estonie, Allemagne, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et États-Unis), a attribué le contrat principal du système à la société Northrop Grumman. Airbus Defence and Space (Allemagne), Leonardo (Italie) et Kongsberg (Norvège), ainsi que de grandes entreprises du secteur de la défense de l’ensemble des pays acquéreurs, figuraient au nombre des sous-traitants de premier rang et contribuaient ainsi à la livraison du système AGS. Ce contrat portait sur l’achat et sur l’exploitation et la maintenance initiales de drones équipés de capteurs radars de surveillance terrestre évolués.

    Le drone de l’AGS, c’est-à-dire le RQ-4D, qui est dérivé du Global Hawk Block 40 de l’armée de l’air des États-Unis, a été spécialement adapté aux exigences de l’OTAN afin que l’Organisation dispose d’une capacité ISR ultramoderne.

    En septembre 2015, l’AGS a été activée, ce qui signifie que les Alliés ont officiellement approuvé la configuration de l’unité (effectif, structure hiérarchique, etc.) et convenu qu’elle aurait pour base d’opérations principale la base aéronavale de Sigonella, en Sicile (Italie).