Rencontre avec Martina Ptáčková, qui forme des soldats de pays de l’OTAN au combat au corps à corps
« Pratiqué par des soldats dans le monde entier, le combat au corps à corps est un sport complexe, violent et où tous les coups sont permis. Mais c'est aussi une activité qui inculque les valeurs de respect et de persévérance », déclare Martina Ptáčková, octuple championne du monde d’arts martiaux, qui entraîne des soldats de pays de l’Alliance dans un centre d'entraînement militaire et au sein du groupement tactique multinational de l’OTAN déployé en Slovaquie. Qu'est-ce qui l'a poussée vers cette discipline et que signifie pour elle le fait de travailler avec l’OTAN ?
Les débuts d’une championne de sports de combat
« Tout a commencé quand j’avais huit ans », se souvient Martina. « Enfant, j’étais victime de brimades répétées à l’école. Pour briser ce cycle, et après en avoir discuté avec mes parents, j’ai décidé de m’inscrire dans une salle de sport où j’ai pu m’essayer à différentes activités physiques et goûter aux sports de combat. Et mon père a commencé à m’apprendre des techniques de lutte et d’autodéfense. Il s’attendait à ce que j’opte plus tard pour un sport plus "féminin", mais lorsqu’il a vu à quel point j’aimais ça, il m’a pleinement soutenue. » À partir de là, tout est allé très vite. Martina a rejoint un club d’arts martiaux et a commencé à pratiquer deux sports de combat : le combat au corps à corps et le kickboxing. Elle a rapidement participé à des compétitions officielles de kickboxing et elle a remporté ses premiers trophées à l’âge de 14 ans.
« Rapide et robuste, je n’ai peur de rien »
- Martina Ptáčková, championne de sports de combat
Aujourd’hui, en plus d’enchaîner les combats, Martina donne des cours. Comme elle l’explique, les sports de combat l’ont toujours attirée parce qu’ils lui permettent de donner toute la mesure de ses capacités. « Rapide et robuste, je n’ai peur de rien. J’aime me battre, m’entraîner dur et repousser mes limites, surtout lorsqu’on me donne battue d’avance. Ce qui m’aide à persévérer, ce sont les trois mots que je répète avant chaque combat : foi, courage et victoire. Croyez en vous, n’ayez pas peur, vous allez y arriver. »
Se battre comme une femme : entraînement de soldats de pays de l’OTAN en Jordanie
Martina a commencé à coopérer avec l’OTAN il y a six ans. Par l’intermédiaire des forces armées tchèques, elle a d’abord travaillé avec l’Alliance dans le cadre d'activités diplomatiques et d’entraînement au combat de petite envergure. La collaboration s'est ensuite intensifiée, et Martina forme désormais des soldats de pays de l’OTAN au combat au corps à corps à l’occasion de séances d’entraînement voire de missions. En outre, elle a formé des soldats au Centre d’entraînement Roi Abdallah II pour les opérations spéciales (KASOTC), à Amman (Jordanie), un centre international d’entraînement à la lutte contre le terrorisme, à la conduite d’opérations spéciales et aux tactiques de guerre hybride.
« Ce Centre est unique au monde. Le site d’entraînement comprend des polygones de tir spéciaux, un avion d'entraînement parfaitement équipé, des tours de rappel et d’escalade, ainsi que des infrastructures sophistiquées. Ressemblant à une petite ville, il offre aux soldats du monde entier des conditions idéales pour s’entraîner dans différentes situations. Lorsque vous pénétrez sur le site, vous avez l’impression d’être en plein tournage d'un film d’action : les tirs et autres effets sonores se mêlent aux cris, une vraie cacophonie. Si vous n’avez pas l’habitude, cela peut être très déstabilisant. »
L’entraînement qu’elle a donné comportait différents axes, tels que la protection des frontières et l'amélioration de l'aptitude au combat. « On n’est jamais préparé à ces scénarios car la situation évolue sans cesse. De plus, les conditions météorologiques sont éprouvantes. Le temps est incroyablement chaud et lourd dans la région, et le terrain montagneux rend l’entraînement encore plus pénible. »
Malgré ces conditions difficiles, Martina garde un excellent souvenir de son expérience en Jordanie. C’est là qu’elle a été invitée à participer au championnat du monde élite, en reconnaissance de son travail acharné au Centre ainsi que de ses nombreuses victoires. « Je suis heureuse d’avoir fait honneur aux femmes et à mon pays au Centre d’entraînement et d’avoir gagné le respect des soldats et des collègues », explique-t-elle. « Et surtout, je suis fière de moi car j’ai toujours dû me battre pour obtenir ce que je voulais, y compris ma place au Centre. »
Martina n’oublie pas que ses débuts n’ont pas été faciles. « La première fois que j’ai donné un cours de combat, je suis entrée dans la pièce, mais tous les participants attendaient qu’arrive le formateur, le chef. Ils ne pensaient pas que c’était moi leur entraîneur. J’ai vraiment dû faire mes preuves pour être acceptée et respectée en tant que formatrice. Tout cela est derrière moi aujourd'hui, mais une chose est certaine : tout est plus compliqué pour moi, en tant que femme, dans ce milieu. Je ne connais d’ailleurs aucune femme qui travaille dans mon domaine. »
Des groupements tactiques aux salles de conférences : servir de trait d’union entre les deux facettes de l’OTAN
Pour Martina, la coopération avec l’OTAN va au-delà de l’entraînement au combat. Diplômée en affaires internationales, elle s’intéresse de près à la dimension politique de l’Alliance : elle a participé à plusieurs sommets de l’OTAN en tant qu’ambassadrice de bonne volonté de la Tchéquie et jeune ambassadrice pour le sport, et en 2023, elle a prononcé un discours au sommet OTAN de la jeunesse, tenu à Bruxelles. « Ce sommet s’est déroulé dans un excellent climat, et je suis fière que mon discours ait été accueilli positivement. Recevoir des félicitations et rencontrer le secrétaire général de l’OTAN m’ont comblée de joie. »
Ce que Martina apprécie le plus lorsqu’elle travaille avec d’autres personnes au service de l’Alliance, qu'il s’agisse de soldats, de collègues formateurs ou d’agents civils de l’OTAN, c’est leur enthousiasme et leur attachement aux valeurs de l’Organisation. « Chaque mission à laquelle j’ai participé, que ce soit une activité d’entraînement ou une activité politique, m’a profondément marquée. J’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes du monde entier, qui ont une culture, des habitudes et des parcours différents, et j’ai eu la chance de nouer une relation de confiance avec elles et de m’enrichir à leur contact. »
Que faire, selon Martina, pour conserver sa résilience et atteindre ses objectifs malgré les embûches ?
« Souvenez-vous de ce qui vous a poussé à vous lancer. Tout le monde veut des résultats, mais rares sont ceux qui mettent tout en œuvre pour les obtenir. Il est important de faire preuve de détermination en toute circonstance ; ne laissez personne vous briser. Je dis toujours que mes objectifs et projets ne connaissent pas de limite. J’ai été à bonne école avec mon père : il m’a appris que quoi qu'il arrive, je devais prendre du recul, laisser passer un peu de temps et retenter ma chance. Je dis parfois en boutade que ceux qui ne connaissent pas mon père ne savent pas ce qu’est la vie. Cela dit, il faut garder à l’esprit que nous ne sommes pas infaillibles et que l’échec fait partie du jeu. »