La stabilité offre de nouvelles opportunités aux femmes afghanes

  • 06 Apr. 2011 -
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  • Mis à jour le: 19 Apr. 2011 17:45

Venir en aide aux femmes qui font leurs premiers pas dans le monde des affaires en Afghanistan est plus qu'une simple passion pour Nasria, diplômée en gestion, qui a quitté le Pakistan pour rentrer à Kaboul il y a six ans. C'est sa vie.

Chaque jour, aux côtés des quatorze autres personnes qui, comme elle, travaillent pour l'initiative « 10 000 Women » de Goldman Sachs, elle enseigne à certaines femmes afghanes particulièrement peu favorisées les rudiments de la réussite en affaires. Une chose qui, pour elle, n'aurait pas été possible il y a dix ans.

« C'est ma façon de contribuer à un avenir meilleur pour l'Afghanistan », déclare Nasria, 24 ans. « Quoi de mieux que de transmettre à ces femmes afghanes les compétences et les connaissances qui sont les miennes ? »

Retour au pays

Depuis qu'elle a quitté Quetta (Pakistan) à l'âge de 18 ans pour rentrer à Kaboul, où la stabilité est désormais plus grande, Nasria nor Nasri s'est inscrite à l'Université américaine d'Afghanistan pour y suivre une formation en administration des affaires. « L'Afghanistan a énormément changé ces dix dernières années », déclare-t-elle. « Qu'il s'agisse de l'infrastructure, de l'économie, du système éducatif ou des médias, les choses se sont améliorées. »

« L'excellent établissement d'enseignement qu'est l'Université américaine d'Afghanistan n'aurait pu exister à l'époque des talibans », ajoute-t-elle. « De même, les femmes n'auraient jamais eu la possibilité de sortir de chez elles et d'aller travailler pour gagner de l'argent pour leur famille. »

Aide aux femmes afghanes

Aider les femmes afghanes à surmonter certains des énormes problèmes auxquels elles sont confrontées est une des choses auxquelles Nasria nor Nasri se consacre depuis qu'elle est devenue membre active du cercle des femmes et du groupe d'entraide de l'université. C'est précisément l'expérience acquise grâce à ces groupes qu'elle a mise en avant lorsqu'elle s'est vu offrir un poste par Tamarra Myatt, directrice de l'initiative « 10 000 Women » de Goldman Sachs.

« J'ai parlé à beaucoup de femmes. Quand on les écoute raconter leur histoire, on peut difficilement retenir ses larmes », déclare Nasria nor Nasri. « Toutes ont vécu des moments difficiles ; certaines travaillaient à l'époque des talibans et prenaient de ce fait de gros risques. Mais leur courage et leur bravoure sont pour moi une source d'inspiration et de motivation qui me donne envie de faire plus pour ces personnes et pour mon pays. »

« Si elles pouvaient faire autant à l'époque des talibans, alors nous pouvons - nous devons - faire beaucoup plus aujourd'hui, vu que nos conditions de vie sont bien meilleures », affirme-t-elle.

La Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN (FIAS) est la première à inclure des conseillers pour les questions de genre. Ces personnes donnent des avis aux commandants et aux forces sur la meilleure façon d'établir le contact avec les femmes, de les protéger et de les intégrer dans le processus de développement et de stabilisation de l'Afghanistan.

À mesure que la situation s'est stabilisée en Afghanistan, un plus grand nombre d'initiatives dont certaines privées ont été prises pour aider à la relance de la société et des entreprises.

Initiatives pour un avenir meilleur

Pour Tamarra Myatt, il s'agit essentiellement de mettre au point un programme de microfinancement pour les femmes qui n'ont pas suffisamment de poids sur le plan politique, qui ne sont pas assez riches ou qui n'ont pas les connaissances suffisantes pour créer leur propre entreprise.

« Développer des entreprises est une stratégie pour parvenir à la paix, éviter le terrorisme et ne pas rater d'occasions sur le plan économique », affirme Tamarra Myatt. « Ce n'est pas la panacée, mais c'est tout de même un morceau du puzzle. »

À ce jour, 180 femmes ont bénéficié de l'aide de ce programme, et une diplômée s'est même vu décerner le prix « Fortune's Most Powerful Women » pour 2010. De nombreuses autres se sont distinguées. Un réseau d'anciennes étudiantes, alliant prestige et efficacité, s'est ainsi mis en place et permet de trouver de nouvelles recrues.

« Beaucoup de femmes possèdent des entreprises mais ne veulent pas en parler », affirme Tamarra Myatt, « ces femmes ont pourtant accès à des réseaux avec lesquels nous ne pouvons rivaliser. Kaboul compte cinq millions d'habitants, 49 000 chats, 39 000 chiens et 22 fous. Il nous faut une meilleure stratégie pour aider ces personnes, et cette stratégie, c'est l'éducation. Nous devons faire de l'intégration, pas de la ségrégation. »

Changer la façon de voir les Afghans

Nasrim Pashtun est l'une des vingt étudiantes à avoir participé au forum étudiants OTAN-Afghanistan organisé à Istanbul en septembre 2010. Lors de ce forum annuel, qui rassemble des étudiants de divers pays membres et d'Afghanistan venus partager leurs points de vue et leurs expériences, elle s'est rendu compte que beaucoup d'idées fausses circulent au sujet des Afghans mais aussi chez les Afghans eux-mêmes. C'est précisément ces idées fausses et ces stéréotypes qu'elle s'efforce de combattre.

« Nous, Afghans, avons certaines attentes vis-à-vis de l'OTAN, mais ce que nous perdons de vue, c'est ce que la population d'un pays de l'OTAN pense de l'action de l'OTAN en Afghanistan », explique-t-elle.

Elle se souvient en particulier que lors du forum d’Istanbul, une étudiante grecque est venue lui dire qu’elle lui avait prouvé que ses stéréotypes sur les Afghans étaient totalement infondés. On ne comprend pas souvent ce qu'est le « vrai Afghanistan », explique-t-elle, ajoutant que le pays est un « creuset » de cultures en raison du mélange des influences que les personnes rentrées au pays ont ramenées avec elles.

« On voit donc émerger une nouvelle culture, surtout chez les jeunes », explique-t-elle. « Toutefois, la plupart de ces changements se limitent aux centres urbains. Si ces changements limités et déséquilibrés se poursuivent, ils pourraient entraîner d'autres problèmes de ségrégation interne à l'avenir. »

Garantir l'avenir de l'Afghanistan nécessitera plus qu'un flux d'aide continu, ajoute Nasrim Pashtun. « Les Afghanes ont besoin d'aide, mais la meilleure solution est d'apprendre à ces femmes à s'aider elles-mêmes. C'est la clé de la viabilité. »