Ces technologies avancées qui bouleversent nos vies et l’environnement de sécurité : panorama de la coopération entre l’OTAN et les pays partenaires dans le domaine des TE/TR

  • 11 Jun. 2021 -
  • |
  • Mis à jour le: 16 Jun. 2021 10:15

Les technologies avancées sont en train de changer le monde – et l’environnement de sécurité – et constituent l’un des principaux points à l’ordre du jour du sommet 2021 de l’OTAN à Bruxelles et de l’initiative OTAN 2030. Avec le soutien du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS), des scientifiques et des établissements de recherche civils des pays membres et partenaires de l’OTAN s’emploient à atténuer les risques et à saisir les opportunités offertes par les technologies avancées, et notamment par des technologies émergentes et des technologies de rupture (TE/TR) telles que les technologies quantiques ou les systèmes autonomes.

Les TE/TR sont des technologies qui connaissent un développement rapide et qui peuvent perturber les systèmes existants comme les infrastructures critiques, les chaînes d’approvisionnement, les réseaux de données et bien d’autres encore. L’OTAN est consciente aussi bien des risques que des possibilités dont elles sont porteuses, et elle s’efforce d’en promouvoir une utilisation qui soit fondée sur des normes ainsi que de maintenir l’avance technologique de l’Alliance. Cela fait des années que le programme SPS soutient des projets de recherche sur des technologies civiles avancées ayant trait à la sécurité, dont plus de cinquante sont consacrés à des sujets qui figurent au cœur des discussions actuelles sur les TE/TR. « Les activités de recherche que le programme SPS mène de longue date sont axées sur la coopération pratique dans les domaines scientifique et technologique, ce qui crée naturellement un lien fort avec le thème des TE/TR », explique le Dr Deniz Beten, conseiller senior SPS et coopération avec les partenaires.

Protéger les données dans le cyberespace grâce aux technologies quantiques

Compte tenu des menaces imminentes et complexes que présente aujourd’hui le cyberespace, il est essentiel que l’OTAN et ses partenaires étudient des solutions permettant de sécuriser davantage les communications. Le professeur Miroslav Vozňák est l’un des scientifiques travaillant sur le projet QUANTUM5, lancé il y a peu. Soutenu par le programme SPS, ce projet étudie l’application des communications et de la mécanique quantiques – les interactions entre molécules, atomes ou photons – pour la sécurisation de la transmission des données. M. Vozňák, codirecteur du projet, travaille avec ses compatriotes de République tchèque et avec ses collègues de Bosnie-Herzégovine à l’intégration de la distribution quantique de clés dans les réseaux 5G. La distribution quantique de clés est un système de communication dans le cadre duquel les données transitent via les réseaux classiques, tandis que les clés utilisées pour décrypter ces données sont échangées par des moyens quantiques. Ce projet d’innovation technologique vise à déterminer comment transmettre des données cryptées sans risque d’écoute, et sera mis à l’épreuve dans le cadre de cyberattaques scénarisées, sur le campus de l’Université technique d’Ostrava, en République tchèque. « Avec ce projet, nous voulons examiner des méthodes adaptatives d’organisation et de gestion des réseaux conjuguant les hauts débits de la 5G et un niveau de sécurité découlant de la théorie de l’information », explique M. Vozňák.

Les technologies quantiques utilisent les principes de la mécanique quantique pour des applications pratiques. Elles sont appelées à avoir un impact considérable sur la société, et notamment à bouleverser radicalement les domaines des communications, du positionnement-navigation-datation, des capteurs et de la détection. Le programme SPS soutient une série de projets de recherche et de développement qui utilisent les technologies quantiques pour des applications pratiques ayant trait à la sécurité, telles que des capteurs et des systèmes de communication quantiques. Les scientifiques et les chercheurs étudient également des sujets tels que la cryptographie post-quantique – des algorithmes cryptographiques innovants résistant même à des attaques utilisant des ordinateurs quantiques – et des solutions destinées à faciliter la mise en application des principes de la physique quantiques.

Des robots à la gestion des catastrophes : comment les systèmes autonomes aident l’OTAN à rester connectée

Le programme SPS soutient des projets relatifs aux systèmes autonomes – des technologies capables de fonctionner au moins partiellement par elles-mêmes, sans instructions humaines directes – dans tous les milieux physiques (terre, mer, air et espace). L’un de ces projets est DAVOSS, une initiative menée par des scientifiques italiens et israéliens qui développent une architecture cloud capable d’intégrer un grand nombre de capteurs différents (caméras, capteurs thermiques et sonores, drones, etc.). Cette architecture est contrôlée à l’aide de ballons à haute altitude, qui contrôlent les capteurs, gèrent des équipes de drones aériens interconnectés et analysent et transmettent les informations recueillies. Une telle configuration permet de surveiller efficacement de vastes zones, même lorsque l’interaction et le contrôle humains y sont fortement restreints, ce qui pourrait révolutionner la gestion de crise, la gestion des catastrophes et bien plus encore. Comme le précise le Dr Fabrizio Granelli, codirecteur du projet côté italien, « ce projet permet également de repérer les lacunes des technologies actuelles ayant trait aux communications avec et entre les drones et à la gestion de systèmes autonomes. Il ouvre la voie à l’étude de futures solutions de connectivité – non seulement sur Terre, mais aussi sur d’autres planètes, telles que Mars – permettant d’automatiser le déploiement de réseaux et de faciliter la commande à distance de robots. »

Se tourner vers l’avenir et maintenir l’avance technologique de l’Alliance

Le potentiel de déstabilisation des technologies émergentes est considérablement plus important lorsque celles-ci sont combinées de manière inédite. Le programme SPS de l’OTAN soutient donc activement des activités qui font converger des perspectives issues de différents domaines de recherche technologique et qui peuvent aider à identifier les défis futurs et à leur trouver des solutions innovantes. Il a par exemple publié les actes de l’atelier de septembre 2019 du cluster sur les technologies avancées, qui a permis à des scientifiques participant aux activités du programme SPS de présenter leurs réalisations et de mettre en évidence les futures tendances technologiques.

Le programme SPS continuera de se pencher sur les technologies futures et de jeter des ponts entre les différentes communautés scientifiques opérant dans les domaines du quantique et des systèmes autonomes. En novembre 2021, un atelier de recherche avancée réunira des scientifiques étudiant la physique quantique et des mathématiciens et ingénieurs travaillant à la mise en œuvre de concepts quantiques. Dans le domaine des systèmes autonomes, le programme SPS va soutenir une série d’ateliers réunissant des experts du monde universitaire, du secteur des technologies et des forces armées, afin de contribuer à la prospective stratégique sur les implications de l’ère des drones en matière de sécurité.