La transition à Herat
La ville de Herat, dans l’ouest du pays, a été décrite comme le Dubaï de l’Afghanistan. Son patrimoine historique, de l’ancienne citadelle à la tombe de l’héroïne afghane Gorhashad, est également célèbre dans tout le pays.
Au mois de juillet de cette année, la responsabilité de la sécurité de la ville a été transférée aux autorités afghanes. Depuis lors, les habitants se déclarent satisfaits de la situation dans la ville et expriment leur confiance en leurs forces de sécurité, tout en étant bien conscients de la nécessité de les voir se développer.
« Les enlèvements ont diminué, tout comme les combats. Ils étaient très fréquents, avant, dans les districts, mais maintenant il y en a moins. Après le départ des forces étrangères, la sécurité s’est améliorée à Herat », déclare un marchand ambulant.
Un chauffeur, que son travail conduit régulièrement à Herat, nous dit que « la condition de sécurité dans la province de Herat est normale, et si nous avons une bonne direction de l’ANA, de l’ANP et d’autres forces de sécurité, nous aurons la capacité, et nous disposerons d’une force dynamique ».
Surmonter les défis
Hors de la ville, toutefois, dans le reste de la province, les problèmes de sécurité sont encore présents. Le mois dernier, cinq soldats afghans ont perdu la vie lorsque leur véhicule a heurté un EEI et, au cours des dernières semaines, une société de logistique travaillant avec la FIAS et la police afghane a été prise pour cible par des kamikazes.
Le général Sayed Agha Saqib, chef de la police de Herat, déclare que le nombre d’attentats déjoués dépasse très largement celui des attaques réussies.
« Nous avons arrêté, en ville, des groupes de terroristes qui préparaient des attentats suicide. Nous avons découvert, par exemple, une voiture contenant des tonnes d’explosifs, des EEI, des gilets suicide et des tracts contenant des menaces à l’encontre de la population locale. Le tout a été confisqué par la police. Une autre fois, nous avons trouvé – et confisqué – une grande quantité de gilets suicide, d’EEI et d’armes. Tout cela montre bien que les forces de sécurité afghanes travaillent avec une grande détermination », explique-t-il.
Quant au gouverneur de Herat, Daud Shah Saba, il affirme que ce sont les financements complémentaires provenant aussi bien de la communauté internationale que du gouvernement afghan qui ont aidé les forces de sécurité à se développer et à assumer davantage de responsabilités.
“Pour la ville de Herat, les gains sont aussi immenses sur le plan économique. Nous avons reçu de l’Italie une aide d’une valeur de près de 200 millions de dollars; des millions de dollars des États-Unis et un montant substantiel de notre budget de développement, simplement grâce à la transition. Et nous espérons que la transition débouchera sur une transformation de notre économie et de notre société, » déclare le gouverneur.
Engagement des Afghans en faveur de la sécurité
Malgré les investissements considérables consacrés à l’entraînement des forces de sécurité afghanes, les médias ont critiqué leur sous-équipement et jugé leur moral insuffisant. Tout en admettant que ses hommes pourraient tirer parti d’un meilleur équipement, le général Saqib réfute l’accusation de motivation insuffisante de la police d’Herat.
« Malheureusement, nous entendons dire que la police ou l’ANA n’ont pas un bon moral. Mais quelle est votre définition du moral ? Un terroriste porte un gilet et se prépare à une attaque suicide, et la police l’arrête. Ils se placent devant lui et l’arrêtent. Ils savent qu’ils vont mourir, mais ils l’arrêtent quand même. Je ne sais pas comment vous définissez le moral. »
Mais, malgré ces défis, le gouverneur Saba est résolu à faire en sorte que les Afghans conservent le rôle premier en matière de sécurité, et qu’ils prennent en charge la responsabilité d’une part croissante de leur province à mesure que progresse le processus de transition.
« Aujourd’hui, nous nous préparons pour 2014, et nous espérons que d’ici là le nombre et la qualité de nos policiers auront atteint le niveau optimal pour assurer la protection des districts, » déclare le gouverneur Saba. « Les crédits destinés à Herat à cet effet s’élèvent à environ 540 millions de dollars, ce qui est une somme considérable. »
Accroître la responsabilité des Afghans
Le 27 novembre, la responsabilité des Afghans en matière de sécurité a été officiellement étendue au reste de la province de Herat, à l’exception des districts de Shindand, Obi et Chisht Sharif. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la deuxième phase du transfert de responsabilité aux Afghans, qui verra des zones de 18 provinces - représentant plus de la moitié de la population – progressivement restituées aux forces de sécurité nationales afghanes. La mise en œuvre du transfert dans ces zones, qui débutera au cours des prochains jours, s’étendra sur une période 24 mois.