Destination : Bamyan

  • 06 Apr. 2011 -
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  • Mis à jour le: 14 Apr. 2011 17:32

Pour la plupart des gens, planifier des vacances en Afghanistan pourrait sembler bizarre ou dangereux. Une région du pays essaie pourtant de renaître et de devenir un centre touristique local et international.

La province de Bamyan, située à près de trois kilomètres au dessus du niveau de la mer, est connue dans tout l'Afghanistan pour sa nature d'une beauté remarquable.

C'est l'année dernière seulement que le gouverneur de la province, Mme Habiba Sarabi, y a ouvert le premier parc national   classé zone protégée   dans la vallée de Band e Amir.

« Bamyan a un gros potentiel touristique », affirme l'ancienne hématologue, qui gouverne la province depuis 2005. « Nous avons la ville des soupirs, que nous appelons Shahr i Gholghola, la cité rouge, et bien d'autres sites historiques encore, très attractifs pour les touristes. »

Dans les années 60 et 70, plusieurs vols commerciaux desservaient Bamyan chaque semaine, et les célèbres statues de Bouddha attiraient une foule de touristes afghans. Ces statues ont été détruites en 2011 par les talibans, et après trente années de guerres et des destructions, les vols sont aujourd'hui bien rares, et les routes en mauvais état. Mme Sarabi a promis de s'attaquer à ce problème en faisant construire des routes asphaltées dans toute la province au cours des prochaines années.

Le directeur des affaires culturelles et de l'information, M. Mohammad Ibrahim Akbary, s'en réjouit. Responsable de la supervision du site où étaient érigées les statues de Bouddha, il espère que les quelques rares touristes qui visitent l'endroit se feront plus nombreux grâce à la nouvelle initiative.

« Si la sécurité des touristes est assurée sur les autoroutes, je suis certain à cent pour cent que des milliers de visiteurs viendront ici tous les mois », affirme t il.

Favoriser le tourisme dans la province passe aussi par des initiatives plus originales, comme la création d'un pavillon de ski dans la ville de Bamyan. Géré par une entreprise touristique afghane, il propose des sorties à skis aux étrangers comme aux autochtones ; les cours sont donnés par un guide de montagne italien hautement qualifié employé par l'agence.

« Parler de skier alors que l'Afghanistan connaît tant de problèmes peut sembler absurde, mais il s'agit aussi d'un projet local d'aide au développement d'une agence de voyages », déclare Ferdinando Rollando, professeur de ski depuis plus de vingt ans. « Nous avons voulu faire en sorte de générer de réelles recettes pour l'économie. »

La luge est un sport pratiqué depuis longtemps dans la province de Bamyan, et des compétitions entre villages sont régulièrement organisées en hiver, mais le ski est un sport nouveau pour les autochtones. Ces derniers s'y sont pourtant mis facilement, et on peut d'ailleurs souvent voir Ferdinando emmener de jeunes skieurs à sa suite dans les montagnes.

Si Ferdinando donne des cours aux enfants du coin pendant son temps libre, Jawad Wafa, directeur de l'agence Rah e Abrisham et natif de Bamyan, explique l'importance que le tourisme pourrait revêtir pour la province. « Il ne s'agit pas seulement de nous », déclare t il. « Davantage de touristes, c'est un plus pour la population locale, les restaurants, les chauffeurs, les traducteurs engagés par les entreprises, pour tout le monde. »

Jusqu'à présent, le pavillon a assez de clients   essentiellement des travailleurs étrangers venus de Kaboul pour se changer les idées   pour assurer à ses employés afghans des revenus corrects. Mais Jawad ambitionne d'aller plus loin. Il voudrait que Bamyan devienne une destination touristique pour les voyageurs du monde entier, et il affirme que sa réputation de province paisible devrait contribuer à la rendre attractive pour les visiteurs. Jawad souligne que Bamyan vit en paix depuis près de dix ans et qu'elle n'a plus connu aucun attentat à la bombe ni kidnapping susceptibles de dissuader les touristes. « Bamyan, c'est un peu chez eux », déclare t il. « L'endroit devrait les inciter à se détendre et à se sentir en sécurité. »