La signature des Accords de paix de Dayton il y a 15 ans : une étape importante pour l’OTAN et les Balkans
Il y a 15 ans, le 14 décembre 1995, la signature à Paris des Accords de paix de Dayton a mis fin à trois ans et demi de violences et de guerre sanglante en Bosnie-Herzégovine ; ce conflit avait été le plus brutal que l’Europe ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Les accords prévoyaient le déploiement de la première force de maintien de la paix de l’OTAN, chargée de superviser la mise en œuvre de l’annexe militaire de l’accord de paix. Il s’agissait d’une étape importante, non seulement pour la sécurité des Balkans occidentaux, mais aussi pour la transformation de l’OTAN après la Guerre froide.
L’accord de paix a été négocié sous l’égide de l’émissaire américain, Richard Holbrooke, sur la base aérienne de Wright-Patterson à Dayton (États-Unis) entre le 1er et le 21 novembre 1995. Hélas, M. Holbrooke est décédé la veille de l’anniversaire de l’Accord de Dayton. Dans une déclaration publiée aujourd’hui, le secrétaire général de l’OTAN rend hommage « à ses qualités de diplomate, à sa vision stratégique et à sa détermination légendaire. ».
Dayton : un règlement complexe
« Les accords de Dayton ont mis fin à la guerre » explique Jamie Shea, qui était à l’époque porte-parole de l’OTAN et qui est aujourd’hui secrétaire général adjoint délégué à la Division Défis de sécurité émergents. « Les Serbes de Bosnie ont atteint leur grand objectif qui était d’avoir leur propre entité autonome et les Bosniaques (musulmans) ont pu empêcher le partage de la Bosnie et conserver la majeure partie du territoire. Bref, aucune des parties n’a atteint tous ses objectifs, mais elles ont pu clore les négociations avec le minimum qu’elles étaient disposées à accepter. Si les accords de Dayton n’avaient pas été signés, le conflit se serait probablement prolongé. »
Ce fut un règlement complexe. La Bosnie-Herzégovine a été divisée en deux entités : la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie (Republika Srpska). La ligne de séparation finale ne correspondait pas aux lignes de front à la fin des hostilités. Il a donc fallu transférer des territoires d’une entité à l’autre. Le gouvernement central n’avait plus que des pouvoirs limités et, dans un premier temps, la politique de défense lui échappait presque complètement, car elle était la prérogative des deux entités.
L’Accord de Dayton a certes permis de mettre fin au conflit, mais certains affirment qu’il a laissé la Bosnie-Herzégovine dans un état de relatif dysfonctionnement. « On le voit surtout dans les structures administratives pléthoriques et la difficulté à mettre en œuvre les réformes faute d’une autorité centralisée. » relève Jamie Shea. « Toutefois, changer la constitution pour rendre la Bosnie plus performante s’est révélé très difficile jusqu’à présent. »
L’Accord de Dayton prévoyait que plusieurs organisations internationales se rendraient en Bosnie-Herzégovine où elles seraient chargées de superviser la mise en œuvre dans des domaines particuliers. L’OTAN, pour sa part, devait superviser la mise en œuvre de l’annexe militaire, la première et de loin la plus longue et la plus détaillée de l’accord.
L’OTAN opère « hors zone »
Le soutien qu’apporte l’OTAN aux efforts que déploie la communauté internationale pour mettre fin à la guerre laisse entrevoir le rôle important que va désormais jouer l’Alliance dans la gestion de crise. Ce soutien donne un coup d’arrêt au débat sur la question de savoir si l’Alliance doit opérer « hors zone », c’est-à-dire intervenir hors des frontières de l’OTAN. L’Alliance était intervenue une première fois dans la guerre de Bosnie au début des années 1990 à l’appui des Nations Unies pour contribuer à imposer l’embargo sur les armes et la zone d’exclusion aérienne, et fournir un appui aérien rapproché aux troupes de l’ONU. Finalement, à la fin du mois d’août 1995, la situation de sécurité continuant à se détériorer, l’OTAN mène pendant deux semaines une campagne aérienne. Les frappes aériennes, couplées à l’action des forces internationales au sol permettent de lever le siège de Sarajevo et, en changeant la dynamique de la guerre, ouvrent la voie aux négociations de paix.
La collaboration avec les partenaires
Le déploiement de la première force de maintien de la paix de l’OTAN dans les Balkans marque le début de la participation de pays non membres à des opérations dirigées par l’OTAN. Au total, 43 pays, dont l’ensemble des pays membres, ont fourni des soldats à l’IFOR (force de mise en œuvre de l’OTAN), puis à la SFOR (force de stabilisation), plus réduite. L’OTAN a assuré la paix et la sécurité en Bosnie-Herzégovine pendant neuf ans, de décembre 1995 à décembre 2004, date à laquelle l’Union européenne a pris la relève de la mission de sécurité.
L’opération de maintien de la paix de l’OTAN en Bosnie a aussi jeté les bases d’une coopération étroite avec d’autres organisations internationales – en particulier les Nations Unies, l’Union européenne et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe – et lui a permis d’entreprendre avec celles-ci des activités de consolidation de la paix et de stabilisation. Les enseignements tirés en Bosnie-Herzégovine sur la nécessité d’une approche globale faisant intervenir tant les acteurs civils que les acteurs militaires ont ensuite été appliqués au Kosovo, et ils sont développés encore davantage en Afghanistan aujourd’hui.
Instaurer une paix et une sécurité durables dans les Balkans occidentaux
Au cours des quinze années qui se sont écoulées depuis la signature de l’Accord de paix de Dayton, les relations entre l’OTAN et la Bosnie-Herzégovine sont passées du maintien de la paix au partenariat. Au fil des ans, le soutien qu’apporte l’OTAN à la réforme de la défense a aidé le pays à réformer le secteur militaire, à réduire les effectifs et à rassembler les forces des entités sous un contrôle centralisé. L’OTAN continue aujourd’hui de soutenir les réformes essentielles et elle prépare aussi le pays à une adhésion éventuelle à l’Alliance.
Cette manière de procéder s’inscrit dans la ligne de conduite adoptée par l’OTAN depuis les années 1990 pour l’instauration d’une paix et d’une sécurité durables dans l’ensemble des Balkans occidentaux : la gestion active de crise et la stabilisation, puis un partenariat et un soutien des réformes de défense et la promotion de l’intégration euro-atlantique de tous les pays de la région.
« L’intégration de nouvelles démocraties dans l’OTAN a permis de renforcer l’Alliance, mais aussi de stabiliser l’Europe et de contribuer à la paix et à la sécurité » a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, M. Anders Fogh Rasmussen. « Si, un jour, tous les pays des Balkans adhèrent à l’Alliance, mon rêve sera réalisé. Ces pays font partie de la communauté euro-atlantique. »
Nouvelle vidéo : « Du maintien de la paix au partenariat »
La Division Diplomatie publique de l’OTAN a réalisé un documentaire vidéo en trois parties pour marquer l’anniversaire de l’Accord de Dayton et mettre en lumière les progrès remarquables que la Bosnie-Herzégovine a accomplis en 15 ans, depuis le déploiement des troupes de l’OTAN dans ce pays.
Cette vidéo porte sur les trois principaux aspects de l’évolution des relations entre l’OTAN et la Bosnie-Herzégovine :