Rencontre avec l’expert belge Tim De Zitter autour de l'acquisition multinationale de munitions
Tim De Zitter est gestionnaire de systèmes au ministère belge de la Défense. Avec des experts d’autres pays de l’Alliance, il travaille à l’acquisition de systèmes de missiles et de roquettes pour le combat terrestre.
« Grâce à ce projet, les Alliés peuvent mettre en commun leurs munitions. Ils peuvent aussi s’associer pour les acquérir et les stocker, ce qui génère des économies d’échelle et donc une réduction des coûts globaux », explique-t-il. « Cela permet en outre aux forces de l’Alliance d’opérer ensemble encore plus facilement. »
Lancée par la Belgique, et pilotée par la France depuis janvier 2020, cette initiative multinationale de l’OTAN est connue sous le nom de projet LBDM (munitions tactiquement décisives (Terre)). Elle regroupe actuellement vingt Alliés (Belgique, Croatie, République tchèque, Danemark, Estonie, France, Allemagne, Italie, Lettonie, Lituanie, Monténégro, Pays-Bas, Macédoine du Nord, Norvège, Pologne, Portugal, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Royaume-Uni) et trois pays partenaires (Autriche, Finlande, Suède).
Munitions stockées dans un entrepôt
Des projets multinationaux pour doper les capacités
Pour accomplir ses missions et ses tâches, l'OTAN a besoin que les Alliés investissent dans des équipements de pointe interopérables et d'un bon rapport coût-efficacité. C’est pourquoi l'Organisation aide ses pays membres à définir et à développer des projets de coopération multinationale destinés à fournir les capacités de défense clés nécessaires.
Le projet LBDM n'est qu’une des nombreuses initiatives mises en œuvre pour rendre la coopération multinationale plus efficace et plus rapide.
D’autres projets couvrent des domaines essentiels tels que les installations d’entraînement des pilotes de forces d'opérations spéciales, l’acquisition et l’exploitation de flottes multinationales d’aéronefs pour les missions maritimes, le transport de fret et le ravitaillement en vol, ou encore la mise en service de drones maritimes.
« La signature, au cours de l’été 2018, d’un mémorandum d'entente par des ministres de la Défense de pays de l’Alliance a marqué le début du projet LBDM. Six mois plus tard seulement, les premières munitions antichars acquises au niveau multinational dans le cadre de cette initiative étaient expédiées », fait observer Tim.
Les munitions peuvent notamment être acquises, au nom des Alliés et des partenaires participant au projet, par l’intermédiaire de l’Agence OTAN de soutien et d'acquisition (NSPA). Située au Luxembourg, la NSPA est le principal prestataire de services de l’OTAN en matière d’acquisition d’équipement. Elle fournit à l’Alliance, aux pays qui la composent et aux pays partenaires un vaste éventail de capacités intégrées. Et elle joue actuellement un rôle important dans la réponse apportée à la pandémie de COVID-19, en aidant les Alliés et les pays partenaires à acquérir et à transporter des fournitures essentielles.
Obtenir les effets voulus sur le terrain
Ancien chef de peloton, Tim a été déployé en Afghanistan. Il apprécie beaucoup son poste actuel, et notamment la diversité de ses activités : « Chaque jour est différent des autres. Aujourd’hui vous parlez aux soldats d’un groupe, demain vous travaillerez à un projet de simulation, et dans une semaine vous serez à l’étranger pour une conférence multinationale. »
Obus d'artillerie
La satisfaction du client reste toutefois sa principale motivation : il s’agit de faire en sorte que les soldats aient, sur le terrain, accès aux capacités bien précises qui leur sont nécessaires : « Tout ce que nous faisons, c'est pour qu’ils disposent des meilleurs moyens et se trouvent dans les meilleures circonstances possibles pour accomplir leur tâche. »
De taille et poids très divers, les LBDM sont de différents types.
« Sur le champ de bataille, ce qui est attendu des grenades, des obus de char et d’artillerie comme des missiles sol-sol, c’est un effet décisif : neutraliser les capacités d’un adversaire potentiel, créer un écran de fumée pour protéger vos soldats et vos moyens, ou, par exemple, éclairer les lieux au cours d’une opération nocturne », déclare Tim.