Rencontre avec l’apiculteur de l’OTAN, Bruno Harmant
« Quand j’ouvre la ruche, je me sens connecté à la nature », explique Bruno Harmant, apiculteur au siège de l'OTAN, à Bruxelles. Rares sont ceux qui s'attendraient à voir un rucher sur le site d'une organisation politico-militaire comme l’OTAN. Or depuis 2020, ce rucher s’inscrit dans le cadre d’un vaste projet visant à rendre le siège plus « vert ». Et pour Bruno, l’apiculture ne se résume pas à la production de miel, c’est aussi un moyen de sensibiliser davantage à la biodiversité et au développement durable, et de ne plus faire qu’un avec l’environnement qui l’entoure.
L'appel de la ruche
Bruno s’est lancé dans l’apiculture en 2013. Après plusieurs années consacrées à des projets de développement dans des pays proches de l’Équateur, retrouver la Belgique et ses changements de saison sonne pour lui comme un nouveau départ. « J'ai d’abord envisagé de faire installer des ruches, mais les apiculteurs qui auraient dû s’en occuper régulièrement habitaient tous trop loin. L’un d’eux m’a alors demandé : “Pourquoi ne pas t’en charger toi-même ?” Et me voilà, dix ans plus tard, responsable de 60 ruches ».
À côté de l’apiculture, Bruno se consacre également à l’agriculture biologique. Il est convaincu que l’agriculture comme l’apiculture aident les gens à se connecter aux cycles de la nature. « J'adore être en contact avec la ruche, car les abeilles sont en symbiose avec l’environnement. Au printemps, elles travaillent dur pour récolter le pollen, et en hiver, elles se nourrissent des réserves qu’elles ont constituées ».
Les abeilles de l’OTAN bourdonnent d'activité pour rendre l’Alliance plus verte, d’une ruche à l’autre
Lancé en 2020 avec deux ruches, le projet d'apiculture à l’OTAN s’inscrit dans le cadre de l’agenda OTAN 2030, qui entend préparer l’Alliance à faire face aux défis à venir dans divers domaines, notamment le changement climatique. Avec le temps, le nombre de ruches au siège a doublé. La taille d’une colonie évolue au fil de l’année, atteignant environ 50 000 individus en pleine saison, lorsque la collecte du nectar bat son plein.
Avant le début du projet, les abeilles ont dû se plier aux règles de l’OTAN et se soumettre à un contrôle de sécurité en bonne et due forme. « L’un des agents de sécurité a emprunté un blouson d’apiculteur et inspecté les ruches et leur contenu. C’était totalement surréaliste ».
Pour Bruno, la période la plus chargée de l’année s’étend d’avril à juin, lorsque les colonies d’abeilles se développent et doivent faire l’objet d'une surveillance accrue. Il faut en effet que la production de miel soit suffisante et que l’essaim reste sous contrôle. « Au printemps et en été, les ruches nécessitent une attention constante. Je viens souvent à l’OTAN pour vérifier que les colonies sont en bonne santé et qu’elles produisent suffisamment de miel pour se nourrir en hiver. La saison froide, en revanche, est plus calme ».
Au siège de l'OTAN, Bruno récolte du miel deux fois par an, en mai et en juillet. « Les ruches produisent 50 kg de miel en moyenne, selon les conditions climatiques. Nous en récoltons 25 kg et nous laissons le reste pour permettre aux abeilles de passer l’hiver », explique Bruno.
Pour l’Organisation, le miel est plus qu'une simple gourmandise. Chaque année, des pots de miel sont vendus pendant le NATO Charity Bazaar, et l’argent ainsi récolté est reversé à des organisations caritatives belges et internationales. En outre, la présence de ruches sur le site contribue à sensibiliser les agents de l’OTAN et leurs familles à l’importance des abeilles pour les écosystèmes locaux.
« Dans le cadre de ce projet, des ateliers d’initiation à l’apiculture sont organisés pour les employés de l’OTAN et les enfants qui participent aux colonies de vacances. En 2023, il y en a eu huit pour les enfants et deux pour les agents. Tous ont ainsi pu en apprendre davantage sur le cycle de vie des abeilles mellifères et sur l’apiculture. Comme les participants à ces ateliers pratiques constatent par eux-mêmes à quel point le miel est un nectar précieux, ils seront plus susceptibles d'adopter un mode de vie durable et d’acheter local ».
Selon Bruno, la récompense ultime de l’apiculteur est le miel lui-même : c’est la preuve que les abeilles se portent bien et qu’elles apprécient leur environnement. « C’est un sentiment particulier, comme un lien sacré, d'avoir du miel à partager avec la colonie d'abeilles », dit-il.
Un ambassadeur de la vie sauvage : protéger les abeilles à l'heure du changement climatique
Ces dernières années, l'apiculture est devenue plus difficile en raison du changement climatique. « Les saisons ne sont plus ce qu’elles étaient. Ces cinq dernières années, le temps a été anormalement pluvieux, froid ou sec. Certains éléments climatiques, comme la sécheresse, sont néfastes pour les abeilles et les perturbent beaucoup », déclare Bruno. « En tant qu’apiculteurs, nous devons nous adapter et adapter nos technologies pour faire face au changement climatique et à l’imprévisibilité des saisons, avec tous les défis que cela implique, par exemple les frelons asiatiques, qui sont des prédateurs pour les abeilles ».
« Nous devons comprendre que toutes les composantes de la nature sont interconnectées. Les abeilles récoltent le pollen dans un rayon de trois kilomètres et sont donc les meilleurs indicateurs de la qualité de l’environnement qui nous entoure ».
Bruno, qui se passionne clairement pour son métier, reste optimiste quant à l’avenir de l’apiculture et de la récolte de miel. « Les abeilles mellifères sont notre meilleur atout pour appeler l’attention du public sur la nécessité de préserver les habitats naturels et la biodiversité. Dans le cadre de mes activités de sensibilisation, j’amène les gens à s’intéresser aussi à d’autres espèces d'abeilles. J’ai l’impression d’être un ambassadeur de la vie sauvage ».