Une exposition de l’OTAN retrace 60 ans d’innovation scientifique
Le 29 novembre 2018, une exposition organisée par l’OTAN pour marquer le 60e anniversaire du programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS) s’est tenue au siège de l’OTAN. On a pu y voir des prototypes des technologies les plus prometteuses exposés par 25 scientifiques issus des pays membres et des pays partenaires de l'OTAN, venus présenter leurs travaux de recherche et leurs résultats à des confrères, à des diplomates et à des représentants officiels.
Ces prototypes s'inscrivent dans le cadre de travaux de développement visant à répondre à des besoins de l'OTAN dans divers domaines clés de la sécurité, comme la lutte contre le terrorisme, la sûreté maritime, la protection des infrastructures critiques et la défense contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN).
Créé en 1958, le programme SPS de l'OTAN finance des activités de recherche associant des scientifiques de pays de l'Alliance et de pays partenaires du monde entier. Ces dix dernières années, il a permis de mener près de 800 projets en collaboration dans les 29 pays membres et les 41 pays partenaires de l’OTAN, sur des problématiques comme la cyberdéfense (Jordanie) ou le déminage à but humanitaire (Ukraine).
Certains des prototypes présentés à l’exposition sont décrits ci-après.
-
Détection de mines terrestres et d’engins explosifs improvisés (EEI)
Un robot semi-autonome, baptisé « U-GO first » et destiné à détecter la présence de mines et d’EEI, permet de remplacer l'homme par une machine lors de missions de recherche d’explosifs et d’éviter ainsi toute perte de vie humaine. Ce robot, qui fait appel à un nouveau type de radar à impulsions et à des données 3D pour une détection en temps réel, est capable d'opérer une distinction entre un objet dangereux et une masse inoffensive. Le prototype mis au point a été testé avec succès dans un environnement extérieur contrôlé où étaient enterrées des mines d’exercice. Le projet est piloté par l'Italie, l’Ukraine et les États-Unis.
Robot semi-autonome pour la détection de mines et d’EEI.
-
Détection à distance de sécurité d’objets dangereux dissimulés sur un individu
Utilisée pour détecter des objets dangereux, tels que des explosifs ou des armes, dissimulés sur un individu, cette technologie fait appel à des détecteurs peu coûteux. Elle associe un système d'imagerie 3D à ondes millimétriques aux techniques de détection, aux logiciels et aux algorithmes nécessaires au fonctionnement de ces détecteurs. Le projet est dirigé par Israël et la Turquie.
Système d’imagerie 3D à ondes millimétriques permettant de détecter des objets dangereux ( des explosifs ou des armes, par exemple) dissimulés sur un individu. .
Présentation du système d'imagerie 3D à la secrétaire générale déléguée de l’OTAN, Rose Gottemoeller.
-
Protection des personnels militaires, policiers et autres professionnels de la sécurité
Piloté par le Canada et l’Ukraine, ce projet vise à protéger les personnels militaires et policiers contre les actes de terrorisme perpétrés par des individus se fondant souvent dans la masse afin d’infliger le plus de dommages possible. Il s'agit d'un système d'alerte compact et portatif (voire portable) destiné à la détection à distance d’armes dissimulées sous les vêtements. Ce système pourrait également servir à la protection des professionnels de la sécurité, par exemple des agents de sécurité.
Système d’alerte compact conçu pour la détection d'armes dissimulées sur un individu.
-
Détection d’armes à feu et d’explosifs dans les endroits fort fréquentés
Cette technologie permet de détecter les armes à feu ou les explosifs que dissimulerait unindividu dans un endroit fort fréquenté, par exemple les transports en commun, les aéroports ou les gares ferroviaires, et ce sans perturber le flux des passagers. Dirigé par la France, la République de Corée et l'Ukraine, ce projet porte sur la conception, la mise au point et le test d'un dispositif d’imagerie radar permettant de détecter à distance des explosifs et des armes à feu. Il fait appel à des modules hyperfréquences hautes performances disponibles sur étagère, et prévoit le développement d’algorithmes de traitement du signal spécifiques pour reconstruire l'image d’un objet porté par unepersonne en mouvement et reconnaître automatiquement un objet dangereux.
Des chercheurs de l’équipe chargée du projet de système de détection d’armes à feu et d’explosifs – siège de l’OTAN – 29 novembre 2018.
-
Détection de traces d’explosifs
Une équipe s'emploie à développer un système permettant de détecter en temps réel des traces d’explosifs et leurs précurseurs sur une surface au moyen de la spectroscopie laser. Piloté par l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Serbie et l’Ukraine, ce projet s'inscrit dans le cadre d'une initiative de l'OTAN dont l’objectif est de mettre au point un système capable de détecter en temps réel des explosifs et des armes dissimulés, pour une plus grande sécurité des infrastructures de transport collectif telles que les aéroports, les stations de métro et les gares.
La secrétaire générale déléguée de l'OTAN, Rose Gottemoeller, se fait expliquer les principes de la détection en temps réel de traces d’explosifs.
-
Renforcement de la sécurité des frontières et des ports
Des chercheurs de plusieurs pays (Australie, Croatie, Japon, Portugal et Slovénie) mènent des recherches sur lecarbure de silicium (SiC) afin de concevoir une nouvelle génération de détecteurs. Le but de ce projet de pointe, connu sous le nom d’e-SiCure, est de mettre au point un système capable de détecter la présence de matières nucléaires lors des contrôles aux frontières .
Le carbure de silicium est l’un des matériaux semi-conducteurs les plus prometteurs pour la nouvelle génération de détecteurs. Il est non toxique et non dangereux, et peut être produit à faible coût. À la différence des détecteurs neutroniques à gaz existants et couramment utilisés, les dispositifs intégrant des composants SiC présentent l'avantage d’être à la fois portables, utilisables à température ambiante et résistants aux rayonnements.
Détecteur de matières nucléaires pour des contrôles renforcés aux frontières et dans les ports.
Membres de l'équipe SPS avec l’un des chercheurs travaillant sur la détection de matières nucléaires.
-
Protection des infrastructures marines
Une équipe de recherche dirigée par le Canada, Israël et l’Espagne travaille sur le développement d'un véhicule sous-marin autonome (AUV) qui serait mis en œuvre pour sécuriser des infrastructures marines contre la menace que représentent les intrusions sous-marines et les mines immergées. Le système comprendra une plateforme marine qui balaiera activement une zone donnée au moyen de signaux acoustiques afin de repérer la présence de plongeurs, ainsi qu’un AUV chargé de déterminer dans cette zone la présence de mines ou d’autres dispositifs explosifs. Les images acquises par l’AUV seront segmentées et traitées en local, après quoi une synthèse des résultats sera transmise à un centre de contrôle à proximité par une porteuse acoustique.
Un système sous-marin sans pilote assure la protection d'une infrastructure marine contre les menaces d’intrusions sous-marines et les mines immergées.
-
Radar embarqué sur ballon stratosphérique
Un système radar miniaturisé est monté sur une plateforme novatrice montant dans les airs grâce à un ballon stratosphérique. Pendant les opérations et les missions de l'OTAN, fournir la bonne information au bon moment à la bonne personne est capital car cela peut sauver des vies. Le système mis au point permettra d’obtenir des images haute résolution de zones spécifiques et, ainsi, de repérer les adversaires éventuels, d’identifier des cibles potentielles et de les classer. La solution proposée sera peu coûteuse et facilement déployable.
Un chercheur installe l’affiche présentant le ballon stratosphérique.
-
Éliminer les problèmes de givrage dans des conditions maritimes extrêmes
Un système innovant a été conçu pour éliminer les problèmes de givrage dans des conditions maritimes extrêmes, phénomènes qui peuvent avoir des incidences négativessur les communications, les antennes, les paraboles ou les moyens de transport, notamment sur les bâtiments naviguant en eaux froides dans des températures extrêmes. Dirigé par la Belgique, le Canada et l’Ukraine, ce projet repose sur un système thermo-électrique novateur et d'un bon rapport coût-efficacité. La solution mise au point détecte la formation de givre et enclenche alors le processus de dégivrage.
Solution électronique retenue pour éliminer les phénomènes de givrage dans des conditions maritimes extrêmes.
-
Guérison rapide des lésions cutanées
Les patchs jetables à base de peau ou de muqueuses humaines artificielles mis au point sont destinés à être appliqués immédiatement sur la zone touchée en cas d’urgence médicale. Ils permettront de soulager rapidement les civils ou les militaires présentant des lésions provoquées par des agents chimiques ou physiques s'attaquant aux tissus cutanés ou superficiels. Baptisé RAWINTS (Rapid Skin Wound healing by Integrated Tissue engineering and Sensing), ce projet est piloté par la Belgique, le Japon, l’Italie et l’Espagne.
Ces patchs permettent de soulager rapidement une personne présentant des lésions occasionnées par des agents chimiques.