Le bouclier antimissile de l’Europe prend de l'ampleur – grâce à la marine des États-Unis

  • 11 Feb. 2014 -
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  • Mis à jour le: 21 Aug. 2014 10:41

L'arrivée en Espagne d'un destroyer lance-missiles américain marque une étape particulièrement importante du renforcement de la protection des pays européens contre les menaces balistiques.

ROTA, Spain (Feb. 11, 2014) -  Sailors man the rails as the Arleigh Burke-class guided-missile destroyer USS Donald Cook (DDG 75) arrives at Naval Station Rota. Donald Cook is the first of four Arleigh Burke-class guided-missile destroyers to be stationed in Rota. (U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist Seaman Edward Guttierrez III)

L’USS Donald Cook, qui est arrivé à la base navale de Rota, en Espagne, le 11 février, est le premier des quatre destroyers dotés de capacités de défense antimissile balistique (BMD) qui seront stationnés sur cette base.

Ces navires peuvent poursuivre des missiles balistiques et les abattre en plein vol, grâce à leurs radars Aegis et à leurs missiles intercepteurs SM-3. Ces capacités feront des destroyers une composante essentielle du bouclier antimissile de l’OTAN pour l'Europe.

De plus, ils sont en mesure de poursuivre simultanément jusqu'à 200 objectifs à plus de 200 milles marins de distance, d'assurer la surveillance et la poursuite longue portée des missiles balistiques intercontinentaux, et de travailler avec d'autres éléments BMD des États-Unis dans le cadre d'un dispositif d'alerte.

« Avec l’USS Donald Cook à Rota et trois autres bâtiments qui arrivent, nous aurons quatre navires et deux systèmes basés à terre qui seront stationnés en permanence en Europe ; c'est là une capacité réellement impressionnante pour protéger les populations de l'Europe », a déclaré Robert Bell, représentant du secrétaire à la Défense en Europe et conseiller de défense à la mission des États-Unis auprès de l'OTAN. « Grâce à ces navires stationnés à Rota, nous pouvons projeter une capacité de défense antimissile de façon beaucoup plus rapide et réactive dans cette région », a-t-il ajouté.

L'USS Donald Cook sera rejoint par l'USS Ross, l'USS Porter et l'USS Carney au cours des deux prochaines années. Les destroyers patrouilleront en Méditerranée, avec des rotations de quatre mois. Ils seront sous le commandement et le contrôle des États-Unis mais pourront être placés sous le contrôle opérationnel de l'OTAN si le degré d'alerte le justifie.

Au cours de ces patrouilles, ils effectueront également une gamme complète d'opérations de sûreté maritime, ainsi que des entraînements et des exercices bilatéraux et multinationaux, et ils participeront à des missions et à des déploiements (y compris de défense antimissile) de l’OTAN, si cela leur est demandé.

Accroître l’interopérabilité

L'Espagne exploite déjà les premiers navires européens embarquant le système Aegis, avec ses quatre frégates Aegis F-100 de la classe « Álvaro de Bazán ». Cela signifie que les navires espagnols et américains seront en mesure de développer les entraînements et les exercices conjoints.

« Les navires espagnols sont compatibles avec les navires américains », a déclaré le colonel Juan José Martin, conseiller de défense à la délégation de l'Espagne auprès de l'OTAN. « Nous sommes complètement interopérables avec eux, puisque nous utilisons le même système, Aegis. »

En plus du nouveau matériel, l'initiative des États-Unis amènera des personnels à Rota pour y renforcer la présence américaine. Quelque 1 200 marins et 1 600 membres de leur famille déménageront sur la base de Rota dans les deux années à venir, selon un conseiller principal Défense américain.

Poursuivre et détruire les missiles

Le déploiement de l'USS Donald Cook s'inscrit dans le cadre d'un programme désigné sous le nom d'« approche adaptative phasée des États-Unis pour la défense antimissile en Europe » (EPAA) et représente une contribution américaine au plan plus vaste de l'OTAN en matière de défense antimissile, qui comprend actuellement un navire Aegis, un système radar en Turquie et un centre de commandement à Ramstein (Allemagne). À l'avenir, des batteries d'intercepteurs basés au sol en Roumanie (attendues en 2015) et en Pologne (attendues en 2018) permettront d'améliorer considérablement cette capacité.

« La prochaine étape pour l’OTAN serait de déclarer une capacité opérationnelle initiale », a affirmé Roberto Zadra, chef de la Section Défense antimissile balistique au siège de l'OTAN. « La BMD de l'OTAN avance. »

Le système OTAN de défense antimissile est un bon exemple de défense intelligente, qui permet aux pays de l'OTAN de partager des capacités par la mise en commun de ressources et donc de mieux répondre aux défis de sécurité communs.

L'objectif à long terme de l’OTAN est de fusionner les différents moyens de défense antimissile des Alliés en un système de défense cohérent assurant la protection totale des populations, du territoire et des forces des pays européens de l’OTAN contre les menaces balistiques.

Le système devrait atteindre sa capacité opérationnelle totale au cours de la première moitié de la prochaine décennie.