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Mise à jour: 28-Mar-2001 | OTAN les cinq premières années 1949-1954 |
Partie 3
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L'effort individuel et l'assistance mutuelleLa communauté d'intérêts des membres de l'Alliance Atlantique, leur interdépendance et leur unité croissante sont les notions fondamentales sur lesquelles repose le Traité de l'Atlantique Nord. L'OTAN est une coalition agissante dont le succès dépendra des efforts collectifs de ses participants. L'Article 3 du Traité stipule en effet qu"afin d'assurer de façon plus efficace la réalisation des buts du présent Traité, les Parties, agissant individuellement et conjointement, d'une manière continue et effective, par le développement de leurs propres moyens et en se prêtant mutuellement assistance, maintiendront et accroîtront leur capacité individuelle et collective de résistance à une attaque armée'. Le développement continue et effectif de l'effort individuel et de l'assistance mutuelle avait déjà été l'un des principes essentiels du Traité de Bruxelles conclu en 1948 en vue d'assurer la défense collective des cinq puissances signataires. Ce principe fut aussi à la base du Programme de Relèvement Européen (plan Marshall) qui a associé les membres européens de l'OTAN et d'autres Etats d'Europe au sein de l'Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE), avec laquelle le Canada et les Etats-Unis entretiennent des relations étroites. En ce qui concerne les Etats-Unis, c'est en juin 1948 que le Sénat adopta la résolution Vandenberg qui proclamait le droit des peuples à assurer collectivement leur légitime défense et recommandait la participation des Etats-Unis aux arrangements régionaux ou collectifs, fondés sur l'effort individuel et l'Assistance mutuelle. Ainsi se trouvèrent jetées les bases d'une alliance de défense mutuelle nord-atlantique. L'historique des négociations, et les termes mêmes du Traité, marquent clairement que les engagements prévus à l'Article 3 n'ont pas seulement un caractère militaire. Il y est en effet reconnu que la force de l'Alliance dépendrait autant de la santé économique de ses membres et du moral des populations que des forces armées disponibles pour la défense commune et de la puissance globale des armements. Nous avons vu au Chapitre III que l'exécution de l'Article 3 n'oblige aucun pays à souscrire à un programme particulier d'effort individuel ou d'aide mutuelle. Chaque pays s'est simplement engagé à estimer lui-même la façon dont il pourrait développer et maintenir sa propre capacité de résister à l'agression et de venir en aide à ses alliés. Nous nous proposons d'examiner dans le présent chapitre quelques-uns des moyens auxquels ont eu recours certains pays membres pour aider leurs partenaires à renforcer leur puissance économique et militaire. L'aide mutuelle a pris des formes très diverses ; s'il est impossible de les énumérer et de les évaluer toutes, nous pouvons dire, que depuis l'entrée en vigueur du Traité, l'aide mutuelle a joué un rôle considérable dans l'édification de la puissance défensive et économique des pays de l'OTAN. Nécessité stratégique de l' assistance mutuelleDès que l'on eût mesuré l'ampleur de la tâche qu'imposait la défense de la région de l'Atlantique Nord contre la menace soviétique, on s'aperçut qu'un effort considérable devrait être demandé aux pays, tant sur le plan individuel que sur celui de l'assistance mutuelle, dans les domaines militaire et économique. Au cur même du problème se trouvait la nécessité de mettre sur pied des forces armées dans des pays ou des régions qui n'étaient pas en mesure de fournir à eux seuls la totalité de l'effort, en raison de leurs ressources limitées. Dans l'intérêt de tous les membres de l'Alliance il fallait assurer la défense de la partie occidentale du continent européen et de ses abords septentrionaux et méridionaux : or, les ressources financières et matérielles des pays de cette région étaient absolument insuffisantes. Les diverses formes d' assistance mutuelleL'une des solutions consistait à former des unités militaires dans les pays qui disposaient de ressources suffisantes et de les envoyer en Europe en qualité de forces expéditionnaires. Comme on le sait, les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient déjà en 1949 des forces d'occupation en Allemagne. Ces troupes ont été plus tard considérablement renforcées et regroupées de façon à répondre aux besoins de la défense proprement dite. (1) Une autre solution partielle consistait à porter le potentiel économique des pays d'Europe occidentale à un niveau qui leur permettrait de supporter les charges d'une défense commune adéquate, par le développement de leurs propres efforts et au moyen de l'assistance mutuelle. Déjà, l'économie de l'Europe occidentale se relevait des destructions et des bouleversements de la dernière guerre grâce aux efforts individuels et conjugués des pays d'Europe participant au Programme de Relèvement Européen et recevant l'aide des Etats-Unis au titre du plan Marshall. Il s'agissait là exclusivement d'un programme de reconstruction économique, sans aucune implication militaire - mais dès 1951 le degré de redressement atteint par de nombreux Etats membres d'Europe leur rendait possible de fournir un effort de défense mieux adapté aux dures nécessités de l'heure. Ils étaient encore loin, cependant, de pouvoir supporter à eux seuls la totalité du fardeau. Aussi l'aide économique américaine fut-elle maintenue, mais son volume diminua peu à peu et son orientation changea; elle s'appela désormais l'aide militaire pour la défense mutuelle'. Pendant ce temps, les Etats membres européens augmentaient leurs forces militaires. Leur principale difficulté était de se procurer les armes et le matériel nécessaires. Cette difficulté a pu être et est encore en grande partie surmontée grâce aux quantités importantes de matériels que les deux membres nord-américains de l'OTAN livrent gratuitement à leurs partenaires européens, dans le cadre des programmes d'aide militaire du Canada et des Etats-Unis. On trouvera plus loin quelques détails sur ces programmes. Nous avons vu au chapitre XI comment les besoins en infrastructure commune se sont développés parallèlement à l'effort de mise sur pied de forces alliées placées sous les ordres des commandants suprêmes de l'OTAN. Le financement et la mise en uvre des programmes agréés d'infrastructure OTAN sont des applications remarquables du principe d'assistance mutuelle et de partage des charges. Certains pays membres ont accordé à leurs
partenaires le droit de construire et d'utiliser des installations militaires
sur leur territoire, tantôt dans le cadre du programme d'infrastructure
commune de l'OTAN, tantôt sur une base bilatérale. Des
milliers d'hectares de terrain ont ainsi été fournis par
les Etats membres européens pour la construction d'installations
destinées à être utilisées par tous les pays
ou par certains d'entre eux: aérodromes, terrains de manuvre,
polygones de bombardement, de tir d'artillerie et d'entraînement
pour chars, casernes, bases navales, dépôts de matériel,
etc.. Certains des terrains atteignent une superficie d'environ 155.000
hectares : pour une grande partie, ils étaient précédemment
consacrés à la culture ou à d'autres fins productives. - prêt par les Etats-Unis et le Royaume-Uni de navires
et d'avions à d'autres membres de l'OTAN; La contribution de l'Amérique du NordLe montant total des crédits votés aux Etats-Unis et au Canada depuis 1948 jusqu'en avril 1954 pour les programmes d'aide aux pays européens de l'OTAN s'élève à 30 milliards de dollars environ, dont plus de la moitié a été consacrée aux livraisons de matériels militaires. Le reste leur a été fourni sous les formes suivantes : 1. aide économique (marchandises, outillage, assistance
technique et aide financière pour une valeur de plus de 11.500
millions de dollars) ; L'aide apportée par le CanadaLe programme canadien d'assistance mutuelle commença en 1950, à l'époque où le gouvernement du Canada prit la décision de rééquiper ses forces terrestres en matériel de type américain. Le matériel de type britannique utilisé jusqu'alors par les forces canadiennes ou conservé en stock fût mis à la disposition de l'OTAN. Dès le début, l'aide canadienne a été fournie aux pays de l'OTAN sur la base d'offres multilatérales. Les transferts de matériels aux différents pays d'Europe sont exécutés sur la base de recommandations faites, soit par le Groupe Permanent soit par le Secrétariat de l'OTAN, et acceptées par les autorités canadiennes. Le programme canadien d'aide militaire a permis ainsi de fournir l'armement de base d'infanterie et d'artillerie, les véhicules automobiles et d'autres matériels et munitions nécessaires à trois divisions terrestres européennes (une belge, une italienne et une néerlandaise). Le Canada a en outre fourni à titre de dons d'importantes quantités de matériel, de munitions et d'explosifs. Tous les pays européens de l'OTAN sauf l'Islande (qui ne possède pas de forces armées) ont bénéficié de l'aide militaire canadienne. Par la suite, ce programme d'aide a porté sur plus de 500 avions à réaction F. 86 du type 'Sabre' avec leurs pièces de rechange, sur des postes de radio, des radars de guet avancé, des dragueurs de mines et sur une gamme étendue de munitions et d'explosifs. Le Canada fabriquant une grande partie de son matériel d'après des modèles américains, un certain degré de standardisation se trouve ainsi réalisé. A fin mars 1954, la valeur de l'aide militaire' canadienne (c'est-à-dire l'aide en matériels finis tels que : véhicules, armes, munitions, etc.), s'élevait à 630 millions de dollars. A ce chiffre s'ajoute le crédit supplémentaire de 220 millions de dollars qui a été inscrit au budget pour l'exercice financier 1954-1955. En élaborant ce programme, le gouvernement canadien n'a pas perdu de vue la nécessité de maintenir en activité sa capacité de production pour certaines catégories essentielles de matériel militaire. En février 1953, son Représentant Permanent déclarait devant le Conseil Atlantique: 'II importe au plus haut point, dans l'intérêt général de l'OTAN, de continuer de produire certains types de matériels, que le Canada peut sans difficulté fabriquer en grandes quantités mais qu'il ne peut produire dans des conditions rentables s'il n'a comme débouchés que ses propres forces armées'. Il ajouta: 'Nous avons, dès l'abord, considéré comme un objectif important de notre programme les moyens qu'il nous offre de créer et d'entretenir au Canada d'importants centres de production nécessaires à nos partenaires de l'Alliance Atlantique comme à nous-mêmes'. En plus de son aide en matériel militaire, le Canada a également organisé, comme nous l'avons vu au Chapitre IX, des programmes d'entraînement à l'intention des pilotes et des autres catégories de personnel navigant des pays européens de l'OTAN. Grâce à ces programmes, dont le coût s'élevait, à la fin de mars 1954, à 200 millions de dollars, plus de 2.500 hommes ont pu achever leur entraînement et près de 1000 autres le poursuivent encore. Signalons qu'un crédit de 60 millions de dollars a été prévu pour ces programmes dans l'exercice financier en cours et que les autorités canadiennes ont approuvé leur continuation pendant trois autres années. L'aide apportée par les Etats-UnisNous avons parlé au Chapitre 1 de l'aide économique
des Etats-Unis aux pays européens et au Chapitre III des événements
qui aboutirent en 1949 au vote par le Congrès de la Loi d'Aide
Militaire pour la Défense Mutuelle. 1. Les programmes d'aide militaire et économique
des Etats-Unis devenaient les éléments d'un programme
unique; Au début d'avril 1954, la valeur du matériel militaire que les Etats-Unis avaient livré ou projetaient de livrer à leurs partenaires européens s'élevait à 15 milliards de dollars environ. Les livraisons effectuées comprenaient plus d'un million d'armes légères, plus de 20.000 pièces d'artillerie et mortiers, des milliers de chars et d'avions, des dizaines de milliers de véhicules automobiles, sans parler des munitions et autres matériels. Ces chiffres, comme on le voit, sont impressionnants. Ajoutons que les contrats en cours portent sur toute une gamme de matériels allant des dragueurs de mines aux avions à réaction et au matériel de radar. Le gouvernement américain envisage également de contribuer à l'entretien du matériel qu'il a livré en fournissant les pièces détachées qui, pour des raisons d'ordre technique ou économique, ne peuvent être fabriquées en Europe. Un des aspects importants de l'aide des Etats-Unis est le système des achats 'offshore', dont le financement est effectué au titre du programme d'Aide Militaire pour la Défense Mutuelle (MDAP-OSP).(2) En vertu de ce système, les Etats-Unis consacrent une part des crédits prévus pour le programme d'Aide Militaire à l'achat de matériel dans d'autres pays ; ils font ensuite don de ce matériel à l'un de leurs alliés (souvent au pays producteur) pour l'équipement de ses forces armées. Ce système commence à donner des résultats appréciables. A la date d'avril 1954, le gouvernement américain avait placé dans les pays européens de l'OTAN des contrats d'une valeur globale de 1.727 millions de dollars - non compris 388 millions d"Aide Militaire Spéciale' ('Spécial Military Support') à la France. La plus grande partie de ces sommes a servi à l'achat de munitions (852 millions de dollars) ; des sommes considérables ont également été consacrées aux commandes d'avions et de matériel aéronautique (366 millions de dollars) et aux commandes de navires (252 millions de dollars). Les paiements effectués en vertu de ces contrats s'élevaient à 280 millions de dollars environ, en avril 1954. Ce procédé des achats 'offshore' se révèle très satisfaisant pour les raisons suivantes: 1. Il permet de développer la capacité de
production de matériel militaire de l'Europe, qui devient ainsi
moins tributaire de l'Amérique du Nord pour ses approvisionnements
; en même temps, il encourage la mise au point et l'adoption de
techniques modernes de production d'armement et la formation de main-d'uvre
spécialisée. Dans certains cas, il permet d'éviter
la détérioration d'usines européennes ou leur mise
hors service ; Les paiements en dollars effectués au titre de l'aide économique, de l'aide intermédiaire, de l'infrastructure commune de l'OTAN ou des achats 'offshore', ainsi que les dépenses en dollars des unités et du personnel américain stationnés en Europe ont permis d'atténuer le problème économique le plus grave de l'après-guerre : la pénurie de dollars des pays européens. En fait, les recettes globales en dollars des pays européens de l'OTAN à ces divers titres en 1953 ont permis à ces pays d'accroître leurs réserves d'or et de dollars de près de deux milliards de dollars et de lever certaines des restrictions qu'ils avaient imposées aux achats en devises, il ne faut pas perdre de vue, toutefois, que cette façon d'améliorer la position dollar de l'Europe ne saurait être appliquée indéfiniment. Si certaines dépenses des Etats-Unis en Europe se renouvellent périodiquement, il n'en est pas de même, par exemple, pour les mises de fonds destinées à la construction de bases militaires ou à l'infrastructure commune. De même, les achats 'offshore' actuellement prévus iront en diminuant. A l'exception peut-être de certains cas particuliers ou urgents, la nécessité d'une aide économique des Etats-Unis à leurs partenaires européens au titre de la défense mutuelle devrait être très réduite à l'avenir. En effet, les contrats d'achats 'offshore' et les autres dépenses militaires des Etats-Unis en Europe assureront de toute façon à ceux-ci, pour plusieurs années encore, d'importantes rentrées de dollars. Il est également concevable qu'avec le temps les pays européens de l'OTAN arrivent à se passer de l'aide militaire en matériels - à moins évidemment que l'évolution de la situation internationale n'impose une révision des besoins militaires de l'OTAN. Si l'on tient compte du fait que, même après avril 1954, les livraisons de matériel militaire restant à effectuer au titre des programmes d'assistance déjà en cours représentaient encore plus de six milliards de dollars, on ne peut raisonnablement s'attendre à ce que les futurs programmes de temps de paix soient aussi importants que les précédents. Ceci n'implique pas un déclin de l'importance de l'assistance mutuelle dans le cadre de l'OTAN mais seulement que certains aspects de cette aide seront appelés à disparaître ou à se transformer après avoir atteint leur objectif immédiat. Bilan de cinq annéesLa notion d'assistance mutuelle, et la conception sur laquelle elle repose, ont abouti à des résultats durables, non seulement dans le domaine de la défense mais aussi, plus généralement, dans celui de la coopération internationale. Dans le passé, il a fallu des mois ou même des années de lutte contre un ennemi commun pour que des alliés se prêtent mutuellement assistance et parviennent dans une certaine mesure à coordonner leurs efforts. Dans le cas de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, des systèmes d'aide mutuelle ont été non seulement mis au point, mais appliqués avec succès dès le temps de paix. Nous pouvons, sans faire preuve d'un optimisme excessif, affirmer qu'ils ont permis : 1. un accroissement continu des effectifs et une amélioration
de la qualité des forces équilibrées communes destinées
à assurer la défense de la région de l'Atlantique
Nord; En 1949 et en 1950, un certain nombre d'experts avaient prédit que l'économie des pays occidentaux s'effondrerait sous le fardeau du réarmement. Or, bien que le total des dépenses de défense des pays de l'OTAN ait triplé depuis 1949 - et soit passé de moins de 20 milliards à plus de 60 milliards de dollars par an - la plupart des Etats membres ont réussi, pendant cette même période, à maintenir ou à accroître leur revenu national net par habitant. Dans le même temps, la situation de l'emploi s'est améliorée et s'est maintenue à un niveau élevé dans tous les pays, sauf deux où les problèmes de surpeuplement appellent des mesures spéciales. Il est indéniable que tous les Etats membres de l'OTAN se trouvent aujourd'hui, aussi bien du point de vue économique que du point de vue militaire, dans une situation bien plus saine qu'en 1949 et que chacun d'eux a atteint, par ses propres efforts et grâce à l'aide mutuelle, un niveau d'activité économique et financière qui lui permet de continuer à fournir, sur le plan militaire, une contribution substantielle à la puissance de l'Alliance. Avantages pratiques de l assistance mutuelleL'un des aspects importants de cette politique d'effort individuel et d'assistance mutuelle réside dans la recherche constante de l'utilisation la plus judicieuse et la plus économique des ressources affectées à la défense de la région de l'Atlantique Nord. Le but recherché, c'est-à-dire la constitution d'une puissance défensive maximum au prix le moins élevé possible, se concilie parfaitement avec le principe stratégique fondamental de la mise sur pied de forces OTAN collectives et équilibrées. Le simple fait que l'OTAN étudie les problèmes communs de défense, soit au cours de cet exercice collectif que constitue l'Examen Annuel, soit en établissant les programmes d'infrastructure commune, soit en s'acquittant de mille autre tâches quotidiennes, permet de réaliser des économies très sensibles, de répartir efficacement les efforts et d'éviter dans la mesure du possible les chevauchements et les doubles emplois. Des économies sont réalisées par l'application de méthodes standardisées d'entraînement, l'utilisation commune de terrains de manuvre et d'autres in- stallations, l'adoption des types d'armement les mieux appropriés, la mise en commun des connaissances techniques et les accords réalisés en matière de coordination des productions de défense. De plus, l'utilisation collective des ressources est le seul moyen de réaliser une disposition des forces permettant de couvrir tous les territoires de l'OTAN le plus efficacement possible, sans qu'il y ait nécessairement un rapport direct entre la répartition géographique de ces forces et le coût de leur entraînement et de leur équipement. Ainsi, la répartition des charges de la défense au sein de l'OTAN est poussée à un point que l'on méconnaît généralement. Ce résultat n'a pas été atteint en recourant à quelque formule magique, mais en appliquant quotidiennement chacune des méthodes indiquées dans le présent chapitre et que nous récapitulons; stationnement d'unités d'un pays membre sur le territoire d'un autre pays membre; entraînement des forces par le pays le mieux équipé à cette fin ; partage effectif des dépenses d'infrastructure ; aide économique pour la défense fournie par les Etats-Unis aux pays d'Europe et aide sous forme de livraisons de matériels militaires par les Etats-Unis et le Canada. Est-il possible de traduire en chiffres le total des économies ainsi réalisées et l'accroissement de l'efficacité du système défensif dû aux efforts collectifs de l'OTAN? Oui, en ce sens que chaque pays membre peut faire le calcul de ce que lui coûterait la défense de son territoire ou la protection de ses voies maritimes s'il devait assurer cette défense et cette protection à lui seul et sur le plan national. Ajoutés les uns aux autres, les coûts de tels systèmes de défense unilatéraux représenteraient une dépense globale beaucoup plus élevée que celle qu'implique le système collectif qui a été adopté. Au demeurant, les pays de l'OTAN seraient dans l'impossibilité absolue de fournir individuellement un effort financier leur assurant, dans le meilleur des cas, une protection des plus douteuses. Mais surtout, on conçoit mal la valeur que pourrait avoir pour l'un quelconque de ces pays, une organisation défensive purement nationale. Les armes modernes ont une portée si grande que nul pays, si vaste et si puissant soit-il, ne peut s'en protéger par ses propres moyens. Comme l'a dit un jour le Général Eisenhower: 'La lutte contre la menace d'agression dictatoriale ne connaît pas de limites géographiques ; elle est indivisible'. Nous nous sommes efforcés dans ce chapitre de rechercher comment l'OTAN a appliqué en temps de paix, au cours de ses cinq premières années d'existence, le principe de l'effort individuel et de l'aide mutuelle. Si, malgré tous les efforts faits pour décourager l'agression, une guerre était imposée aux pays de l'OTAN, le principe fondamental de l'aide mutuelle prendrait soudain un caractère nouveau. Les formes réellement vitales de l'effort individuel et de l'aide mutuelle entreraient alors en jeu pour défendre les libertés de la Communauté Atlantique; ceci impliquerait l'utilisation au maximum des ressources nationales au profit de la cause commune, l'envoi de renforts pour étayer les défenses des partenaires, la mise en commun des matériels et des approvisionnements - tout cela, dans l'unique dessein de repousser l'agresseur et de rétablir la paix dans nos pays le plus vite possible. Les sacrifices, ce jour là, ne s'évalueraient pas en dollars, en sterling ou en francs, mais en hommes, en villes, en familles, en foyers. C'est pour éviter les malheurs d'une troisième guerre mondiale que les pays de l'OTAN doivent poursuivre leur coopération volontaire et s'efforcer de réaliser entre eux une unité plus forte et plus durable que celle qu'une puissance d'agression peut imposer par la force à d'autres nations. C'est là que l'effort individuel et l'aide mutuelle prennent leur sens le plus large et le plus élevé : celui de l'entraide qui doit permettre aux nations de l'OTAN d'être délivrées de la crainte de la guerre et de demeurer solidaires dans la paix. Notes: ![]() |