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Faire face aux risques de prolifération:
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Lors de la rédaction de cet article, Ashton Carter était Secrétaire adjoint à la défense des Etats-Unis, chargé de la politique de sécurité internationale, et coprésident avec David Omand du Groupe défense de haut niveau sur la prolifération de l'OTAN. (35Kb)
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David Omand était Directeur des affaires politiques au ministère
britannique de la défense. (27Kb) |
En juin dernier, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'OTAN ont entériné les fruits de deux années de travail de l'Alliance relatifs au développement d'une nouvelle approche globale visant à faire face aux risques militaires que présente la prolifération des armes nucléaires, biologiques et chimiques (NBC) et de leurs vecteurs. L'attention croissante accordée au défi constitué par la prolifération des armes NBC est une preuve des changements entrepris par l'OTAN afin de relever les défis liés au nouvel environnement de sécurité. Le Groupe défense de haut niveau sur la prolifération (DGP) a récemment achevé, avec la participation de la totalité des 16 Alliés et de nombreuses autres organisations de l'OTAN, un programme d'activités intenses d'une durée de deux ans visant à définir les efforts de défense de l'Alliance contre les risques présentés par la prolifération des armes de destruction massive. Au cours de ces deux années, le DGP a innové et montré que l'OTAN, là encore, s'adapte au nouvel environnement de sécurité. Le DGP a mis au point un plan d'action, approuvé par les ministres de la Défense de l'Alliance en juin dernier, visant à préparer l'OTAN à faire face aux risques présentés par la prolifération, et a émis des recommandations visant à améliorer les moyens qui contribuent à la modernisation globale du dispositif en matière de défense de l'Alliance. Le DGP a adopté des méthodes de travail foncièrement différentes de celles des multiples comités et groupes qui se réunissent pour gérer les affaires courantes de l'Alliance. Son président et son personnel ne sont pas issus de l'Etat-major international ou d'un pays spécifique, mais de deux pays associés -l'un européen, l'autre nord-américain. La France a donné au DGP son premier coprésident européen et, au cours de ces 12 derniers mois, la coprésidence a été assurée par le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Bien qu'il s'agisse là d'une forme d'organisation nouvelle, le groupe ainsi coprésidé a fourni des résultats impressionnants: en l'espace de 24 mois, il a réuni au sein de l'Alliance, un large consensus fondé sur trois rapports qui ont reçu l'aval des ministres. En effet le rythme et l'étendue des succès du DGP depuis mai 1994 constituent une remarquable réussite pour l'Alliance et la coopération transatlantique.
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Origines du DGPLes efforts de l'OTAN pour résoudre le problème de la prolifération sont développés à partir du Concept stratégique de l'Alliance de 1991; celui-ci identifiait les différents défis et risques pour la sécurité des pays membres qui pouvaient naître des profondes transformations politiques ayant eu lieu en Europe centrale et orientale depuis 1989. Le Concept stratégique attirait l'attention sur les risques complexes et provenant de directions multiples qui pesaient désormais sur la sécurité de l'Alliance et soulignait notamment l'importance des facteurs de paix et de stabilité dans les pays situés à la périphérie sud de l'Europe; il constatait en outre la prolifération des armes nucléaires, biologiques et chimiques (NBC) et des missiles balistiques dans cette région. Le Concept stratégique dénonçait la prolifération des armes NBC et de leurs vecteurs comme un problème nécessitant une attention particulière, et il insistait sur la nécessité, pour l'Alliance, de maintenir des forces et un niveau de préparations appropriés aux différents types de risques auxquels les pays membres pourraient être confrontés, y compris des éléments de réaction rapide afin d'empêcher toute tentative de coercition ou d'intimidation.A la suite de l'adoption du Concept stratégique, une série d'événements importants et l'évolution à l'échelle internationale ont amené l'OTAN à se concentrer de manière plus intense sur le défi de la prolifération des armes NBC. Premièrement, l'étendue de la prolifération des armes NBC et ses implications pour la sécurité de l'Alliance devenaient tangibles aux membres de l'OTAN. En 1993, plus de 25 pays, pour beaucoup situés à proximité du territoire de l'OTAN, avaient été identifiés comme disposant potentiellement de capacités NBC, et la moitié d'entre eux, au moins, étaient en possession de missiles balistiques opérationnels,tandis que d'autres pays s'efforçaient de s'en doter. Deuxièmement, l'accès de plus en plus facile à des technologies-clés accélérait la croissance des capacités NBC dans le monde. Les pays cherchant à se procurer ces capacités bénéficiaient de la vague croissante de technologies pouvant recevoir un double emploi disponible sur le marché, dont il est difficile de limiter l'acquisition par la réglementation des exportations. Les préoccupations de l'Alliance ont été renforcées par l'éclatement de l'Union soviétique, en décembre 1991, et par la possibilité d'accéder plus facilement à la technologie, aux matériaux et aux connaissances liés aux armes NBC, jusque là strictement contrôlés et maîtrisés à l'intérieur des frontières de l'ex-Union soviétique.
La première étape concrète de la mise en pratique de la directive de ce Sommet a été l'établissement d'un Centre d'orientation global, approuvé par les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN lors de leur réunion à Istanbul en juin 1994. Le cadre d'orientation de l'Alliance sur la prolifération des armes de destruction massive énumérait les nouveaux risques liés à la prolifération et réaffirmait qu'à cet égard, l'objectif principal de l'Alliance et de ses membres était de prévenir la prolifération ou, le cas échéant, d'en inverser le processus par leur action diplomatique. Il constatait que la prolifération des armes NBC pouvait, toutefois, se produire en dépit des normes et accords internationaux pour la non-prolifération et demandait que soient entrepris des travaux destinés à déterminer le potentiel nécessaire pour décourager la prolifération, dissuader la menace d'utiliser ou d'employer effectivement des armes NBC et, si besoin est, protéger les populations, les forces et le territoire de l'OTAN. Trois groupes de l'OTAN de haut niveau ont été créés à cette fin. Le Groupe politico-militaire de haut niveau sur la prolifération (SGP) s'occupe de la dimension politique du rôle de l'OTAN dans la lutte contre la prolifération. Le DGP, quant à lui, s'occupe de la réponse défensive de l'Alliance, l'un comme l'autre rendant compte au Conseil de l'Atlantique Nord par l'intermédiaire du Comité mixte sur la prolifération. Le programme de travail du DGPPour définir la réponse défensive de l'Alliance face à la prolifération, le DGP a établi le programme de travail suivant, qui s'articule en trois phases:Phase 1: Evaluation des risques (achevée en décembre 1994). Phase 2: Implications et capacités nécessaires (achevée au printemps 1995):
Phase 3: Evaluation des capacités actuelles, identification des carences, et recommandations en vue d'y remédier (achevée en juin 1996):
Phase I: : Risques de prolifération pour l'OTANL'évaluation des risques, qui est un document classifié, a fourni un certain nombre de détails justifiant les inquiétudes exprimées lors du Sommet au sujet des Etats situés à la périphérie ou à la proximité de l'OTAN, qui ont acquis ou sont sur le point d'acquérir des armes NBC et des vecteurs associés. Le nombre de pays possédant déjà des armes chimiques ou biologiques est apparu particulièrement préoccupant. L'évaluation des risques s'est penchée sur les évolutions technologiques jusqu'à l'année 2010. L'analyse a porté sur le lien entre les Etats fournisseurs et clients dans le commerce des matériaux, des technologies et des connaissances nécessaires pour acquérir des armes NBC et leurs vecteurs. L'étude a constaté, en particulier, que dans de nombreux cas, les relations entre fournisseurs et clients avaient déjà atteint un stade de développement avancé et a montré comment un transfert de technologie rapide pouvait affecter considérablement les risques auxquels l'OTAN est confrontée; l'importance de surveiller les activités de ces pays a également été soulignée. A la lumière de ces travaux, le DGP a conclu que la prolifération des armes NBC pourrait constituer une menace militaire directe à l'encontre de l'Alliance et doit donc être prise en compte dans les plans de défense.
Phase 2: |
Encadré 2:Capacités requises - Niveau 1
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Nous nous sommes particulièrement attachés, au cours de nos travaux, à ce que l'approche globale de la prolifération et des conclusions et recommandations du GDP soient intégrée aux tâches courantes et activités connexes de tous les organes de l'OTAN. Un moyen décisif d'y parvenir consistait à faire en sorte que les capacités identifiées soient considérées parallèlement à d'autres priorités de l'Alliance dans le cadre des plans de défense de l'Alliance. Ce processus s'inscrit dans un cycle d'objectifs de forces de deux ans, et les ministres de la Défense venaient de recevoir le rapport concernant le dernier cycle en date. Preuve de l'importance politique attachée aux problèmes de prolifération, ils ont donné instruction qu'un processus accéléré soit mis en oeuvre afin de corriger, dans un délai raccourci, toute insuffisance des moyens, relevée dans les travaux du DGP. C'était la première fois en 12 ans que cet outil accéléré de planification des forces était utilisé. Il est également significatif que tous les Alliés aient été invités à participer au processus de planification des forces, auquel la France ne participe pas d'ordinaire.
Pour veiller à ce que ses conclusions soient suivies d'effet dans d'autres domaines d'activités de l'OTAN, le DGP a établi un vaste programme de 39 plans d'action distincts. Ceux-ci reflètent le large éventail de travaux que divers organes de l'OTAN doivent entreprendre dans les mois à venir; ils sont fondés sur les principes et les priorités définis dans le programme de travail de la Phase 2 et incluent une série de recommandations sur une approche graduelle de la réalisation de ce programme, prenant en compte l'adéquation des plans existants, la maturité des technologies actuelles et les implications de ces tâches en matière de ressources. Des échéances précises ayant été définies pour chacun des plans d'action, le DGP pourra suivre leur état d'avancement et tenir les ministres périodiquement informés du degré de réalisation des objectifs initiaux.
Toutefois, la mise à disposition de nouvelles capacités ne suffira pas à garantir le succès de l'Alliance dans sa lutte contre les risques de prolifération. Nous avons également défini d'autres tâches nécessaires pour améliorer et modifier parallèlement les politiques générales orientant les efforts de l'OTAN en matière de défense commune contre la prolifération, ainsi que de nouveaux concepts opérationnels et de planification et une doctrine et des plans révisés, afin d'optimiser l'utilisation des forces et des capacités techniques de l'OTAN.
Un soldat britannique en poste dans le Golfe boit à l'aide d'un tube spécial de
protection intégré à son masque anti-NBC. (Centre NBC de la défense, Royaume-Uni 44Kb)
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Au fur et à mesure que l'Alliance renforcera ses relations avec les nations partenaires et d'autres pays, le DGP aura également un rôle à jouer pour expliquer les efforts de défense de l'Alliance dans la lutte contre la prolifération et consulter ces pays au sujet des implications de la prolifération sur les plans de défense. Déjà, l'Alliance a établi avec la Fédération russe, en décembre 1995, un dialogue incluant des discussions relatives aux travaux effectués par le DGP. Nous souhaitons vivement établir des dialogues similaires avec d'autres nations partenaires dans les mois qui viennent afin de débattre de nos préoccupations communes en matière de sécurité, face à la prolifération.
L'Italie a désormais succédé au Royaume-Uni à la coprésidence européenne, aux côtés des Etats-Unis, et, les deux pays vont, ensemble, veiller à ce que le DGP demeure au coeur de la poursuite des travaux effectués dans ce domaine au sein de l'ensemble de l'Alliance. Il s'efforcera également de maintenir la dynamique de ces deux dernières années. Ce faisant, nous devons tous être conscients qu'il est impératif de communiquer les conclusions de nos travaux et de faire connaître leur importance tant aux opinions publiques de nos pays qu'aux pays partenaires, alors que l'Alliance se prépare aux défis qui l'attendent.
Il ne fait aucun doute que les conclusions et recommandations du DGP constituent un élément-clé de l'adaptation de l'Alliance au nouvel environnement de sécurité, parallèlement aux Groupes de forces interarmées multinationales et au Partenariat pour la paix. Les travaux effectués ont montré que notre réponse militaire à la prolifération doit être une des priorités de l'Alliance; cependant, le succès remporté jusqu'ici n'aurait pas été possible sans l'appui considérable de tous les pays alliés, de multiples autres organes de l'OTAN et la participation active des Autorités militaires de l'OTAN.