Exercices de l’OTAN

  • Mis à jour le: 04 Jul. 2023 17:17

Les exercices sont des outils importants qui permettent à l'Alliance de tester et de valider ses concepts, ses procédures, ses systèmes et ses tactiques. D'une manière plus générale, ils permettent aux forces armées et aux organisations civiles déployées sur les théâtres d'opérations de tester les capacités et de s'entraîner à travailler ensemble efficacement dans une situation de crise complexe.

US Army Special Forces soldiers drive snowmobiles through the deep snow of the Swedish Arctic ahead of exercise Cold Response 22, a Norwegian-led multinational exercise that helped NATO Allies and partners train for military operations in the High North.

Des soldats des forces spéciales de l'armée de terre des États-Unis manœuvrent sur des motoneiges dans l’épaisse couche de poudreuse de l’Arctique suédois au cours de la préparation à l’exercice Cold Response 22

 

  • Les exercices permettent à l'OTAN de tester et de valider ses concepts, ses procédures, ses systèmes et ses tactiques.
  • Ils permettent aux forces armées et aux organisations civiles déployées sur le terrain de travailler ensemble pour identifier les « meilleures pratiques » (ce qui marche) et les « retours d'expérience » (ce qu'il faut améliorer).
  • Les exercices contribuent aussi à améliorer l'interopérabilité et la réforme de la défense.
  • L'OTAN a récemment renforcé son programme d'exercices compte tenu de l'évolution de l'environnement de sécurité.
  • Les exercices sont planifiés et leur portée, leur durée et leur forme varient – il peut s'agir d'exercices réels sur le terrain ou d'exercices assistés par ordinateur se déroulant dans une salle de cours.
  • Pour promouvoir et soutenir l'interopérabilité, les exercices de l'OTAN sont le plus ouverts possible aux pays partenaires.
  • L'Alliance mène des exercices depuis 1951.

 

 

L'objectif des exercices de l'OTAN

Des exercices militaires sont planifiés et exécutés afin de préparer les commandements et les forces à mener des opérations en temps de paix comme en période de crise ou de conflit. Leurs buts et leurs objectifs doivent par conséquent correspondre aux priorités et aux besoins opérationnels du moment. Il existe trois types d'exercices possibles :

  • les exercices réels (LIVEX), auxquels des forces participent effectivement ;
  • les exercices de poste de commandement (CPX), qui sont des exercices faisant intervenir les commandants et leurs états-majors et mettant à l'épreuve les communications entre les quartiers généraux participants ;
  • les études théoriques, qui peuvent prendre diverses formes : exercice sur carte, jeu de guerre, série de conférences, débats en groupe, ou analyse opérationnelle.

Les exercices contribuent à la réalisation des objectifs ci-après :

  • Entraînement et expérience

Les exercices permettent aux forces de mettre en pratique la formation reçue antérieurement, et d'augmenter ainsi leur niveau d'efficacité dans un domaine déterminé. Ces exercices ont des niveaux de complexité variables, mais la plupart partent du principe que la formation de base est acquise et qu'un personnel formé est disponible en nombre suffisant.

  • Mise à l'épreuve et validation des structures

Les exercices sont conçus pour tester l'efficacité des structures et des personnels. Cela se vérifie tout particulièrement lors de la réforme périodique de la structure de commandement militaire de l'OTAN et lorsque de nouveaux quartiers généraux doivent tester leur capacité à assumer de nouvelles responsabilités. Une structure est composée de nombreux éléments – des concepts, une doctrine, des procédures, des systèmes et des tactiques – qui doivent fonctionner de concert. Les structures d'approvisionnement, par exemple, nécessitent un entraînement, des équipements et des procédures de fonctionnement spécifiques, qui doivent être combinés pour soutenir efficacement la réalisation des objectifs d'une mission. La mise à l'épreuve de ces structures permet de les tester et, au besoin, de les perfectionner.

  • Interopérabilité

Les forces dirigées par l'OTAN doivent être en mesure de travailler ensemble efficacement en dépit des différences de doctrine, de langue, de structures, de tactique et d'entraînement. L'interopérabilité s'acquiert en partie par une formation interforces régulière entre les pays membres de l'OTAN et par une coopération pratique entre les personnels des Alliés et des pays partenaires. Les exercices sont le plus ouverts possible à tous les partenaires officiels, qu'ils soient observateurs ou participants, ou même pays d'accueil d'un exercice dans certains cas. L'aval du Comité militaire et l'approbation du Conseil de l'Atlantique Nord sont cependant nécessaires avant qu'un partenaire soit invité à un exercice, comme observateur ou participant.

  • Réforme de la défense

La participation à des exercices de l'OTAN est une option parmi d'autres pour faire avancer la réforme de défense. Les exercices offrent la possibilité aux pays membres de l'OTAN de tester des réformes mises en œuvre au niveau national et permettent aux pays partenaires de s'associer aux structures et mécanismes en place dans les pays membres de l'Alliance et de les observer.

 

La préparation d'un exercice

Scénarios des exercices

Au cours d'un exercice, les forces doivent réagir à un scénario fictif qui fait intervenir des événements susceptibles de se produire dans la réalité. Les exercices portent sur la gamme complète des opérations militaires, qu'il s'agisse d'opérations de combat ou de secours humanitaire, ou encore de stabilisation ou de reconstruction. Ils peuvent durer d'un jour à plusieurs semaines, leur ampleur étant variable puisqu'elle peut aller de quelques officiers traitant un problème isolé à des scénarios de combat complets faisant intervenir en nombre des avions, des navires, des pièces d'artillerie, des véhicules blindés, et des milliers d'hommes.

Les exercices de l'Alliance bénéficient du soutien des pays membres et, selon le cas, de celui des pays partenaires, qui fournissent des troupes, des équipements ou d'autres types de soutien. Les pays qui participent à un exercice sont en principe responsables du financement de leur propre contribution.

Chaque exercice répond à des objectifs de formation définis au préalable, qui orientent le choix des activités à mener. Il peut s'agir de développer des aptitudes et des connaissances, de mettre en pratique des mécanismes de coordination ou de valider des procédures.

À la fin d'un exercice, les commandants et, dans de nombreux cas, les troupes, dressent ensemble le bilan des activités. Ils peuvent ainsi recenser les domaines qui fonctionnent bien (« meilleures pratiques ») et ceux qui sont susceptibles d'être améliorés (« enseignements tirés »). Ainsi, les exercices facilitent l'amélioration constante de l'interopérabilité, de l'efficacité et des performances.

Programme d'entraînement et d'exercices militaires

Les événements et les activités en rapport avec les entraînements et les exercices de l'OTAN sont élaborés par les deux commandements stratégiques de l'OTAN – le Commandement allié Opérations (ACO) et le Commandement allié Transformation (ACT). Ce processus conduit, chaque année, à la publication du programme d'entraînement et d'exercices militaires (MTEP). Depuis juillet 2012, l'ACO est chargé de définir les besoins en matière d'entraînement et de procéder aux évaluations OTAN, tandis que l'ACT est responsable de la gestion et de l'exécution du MTEP.
Le MTEP fournit des informations détaillées sur les entraînements, les exercices et les activités connexes prévues pour les cinq années calendrier suivantes. Les spécifications détaillées d'un exercice sont définies un à deux ans avant le début de l'exercice en question.

Le document se fonde sur les priorités et les intentions des commandants stratégiques. Les domaines généralement abordés sont les opérations en cours et à venir, la Force de réaction de l'OTAN, la mise en pratique de la transformation et les programmes de coopération militaire de l'OTAN.

Les besoins de l'OTAN en matière d'exercices sont coordonnés au cours de réunions du bureau de programmation du MTEP (auxquelles les représentants des pays partenaires peuvent participer), la première ayant lieu au moins dix-huit mois avant le début du cycle suivant. L'aboutissement de la planification préliminaire est la Conférence OTAN sur la formation et les exercices (NTEC), au cours de laquelle les commandements de l'OTAN, les pays de l'OTAN et les pays partenaires ainsi que d'autres invités procèdent à la coordination finale des exercices et apportent leur soutien à l'établissement du MTEP annuel.

Exercices à caractère politique

Les exercices sont organisés tant au sein des structures militaires qu'au sein des structures civiles de l'Alliance. L'OTAN organise des exercices en fonction de ses arrangements, concepts et procédures politiques afin d'améliorer les structures et les moyens de consultation et de prise de décisions. Les exercices à caractère politique visent aussi à faire en sorte que les conseillers de première ligne – responsables politiques de haut niveau non élus et commandants militaires dans les capitales et au sein des structures de l'OTAN – ne perdent pas de vue la complexité du fonctionnement d'organisations multinationales telles que l'OTAN. Dans certains cas, les pays partenaires engagés dans des opérations dirigées par l'OTAN peuvent participer à certains volets de ces exercices.

Transparence

L'OTAN, et plus particulièrement le Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe (SHAPE), publie son programme d'exercices annuel en ligne. Dans l'esprit du Document de Vienne sur la nécessaire transparence militaire, l'OTAN applique en outre les règles suivantes : lorsqu'un exercice fait intervenir plus de 9 000 militaires, il doit faire l'objet d'une notification (au moins 42 jours à l'avance) ; lorsqu'il fait intervenir plus de 13 000 militaires, des observateurs sont autorisés à le suivre. Les explications fournies ci-dessous concernant la convention utilisée pour désigner les exercices constituent également une source d'information et, partant, de transparence.

Tous les ans, dans le cadre du Document de Vienne et en vertu d'une importante mesure de confiance et de sécurité, des responsables de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) se réunissent pour échanger des informations sur les forces armées, l'organisation militaire, les effectifs et les systèmes d'armes et équipements d'importance majeure de leurs pays. Ils partagent aussi des informations sur leurs plans de défense et leurs budgets pour l'année.

Que signifient les noms des exercices ?

Les exercices OTAN sont identifiés par deux mots. La première lettre du premier mot indique le commandement OTAN responsable de la programmation de l’exercice. Par exemple :

S
Grand quartier général des puissances alliées en Europe
T
Commandement allié Transformation
B
Commandement allié de forces interarmées de Brunssum
N
Commandement allié de forces interarmées de Naples

La première lettre du second mot précise l’élément/les éléments concerné(s). Par exemple :

A
Air
L
Terre
M
Mer
C
Cyberespace
S
Soutien spatial
J
Interarmées
Sp
Forces d'opérations spéciales

Ainsi, Brilliant Jump est un exercice interarmées mené par le JFC Brunssum.

 

Les commandements stratégiques en première ligne

L'ACO et l'ACT travaillent en étroite coopération sur les exercices militaires de l'OTAN. Tous deux sont aidés par le réseau d'instituts de formation, d'entraînement et d'évaluation de l'Alliance et par les structures nationales.

Depuis juillet 2012, l'ACO est le principal responsable de la définition des besoins en matière d'entraînement collectif et de l'évaluation des quartiers généraux et des formations. L'ACT s'est vu attribuer la responsabilité de la gestion des entraînements et exercices collectifs, selon les besoins définis par l'ACO. L'ACT est aussi responsable de l'entraînement commun OTAN et PPP, de l'entraînement individuel, de l'élaboration d'orientations et de doctrines relatives à la formation, ainsi que de la direction des écoles de l'OTAN (le PPP est un ambitieux programme de coopération bilatérale avec des pays d'Europe centrale et orientale, d'Asie centrale et du Caucase).

 

L'évolution des exercices au fil des ans

Des exercices à l'échelle de l'Alliance sont organisés depuis 1951. Au début, ces exercices visaient à renforcer la capacité des forces de l'OTAN à mettre en pratique la défense collective. En d'autres termes, ils devaient faire en sorte que les forces soient bien préparées à faire face à une attaque.

Avec le déclenchement de la guerre de Corée, en 1950, les Alliés ont rapidement réalisé qu'il leur fallait disposer d'une force intégrée sous commandement centralisé. Le premier commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), le général américain Dwight D. Eisenhower, a été nommé en décembre 1950. Après cette nomination, les forces nationales ont été placées sous commandement centralisé.

Les premiers exercices de l'Alliance ont eu lieu à l'automne 1951. En 1953, les commandants de l'OTAN ont mené environ 100 exercices de divers types. À partir de ce moment, les forces de l'OTAN ont cessé de n'être qu'un rassemblement d'unités nationales, et elles ont commencé à gagner en cohésion. Un an après que le Commandement allié en Europe soit devenu opérationnel, le général Eisenhower a déclaré : « la préparation au combat de nos troupes s'est fortement améliorée ».

Dans les années 1970 et 1980, l'OTAN a mené un programme d'exercices très dynamique pour entraîner les forces dans le cadre du plus grand nombre possible de scénarios complexes. Les exercices étaient considérés comme un élément essentiel de la posture de dissuasion de l'Alliance, et ils ont contribué à faire en sorte que les forces soient préparées à faire face à une éventuelle agression pendant toute la Guerre froide.

En 1994, l'Alliance a lancé le Partenariat pour la paix (PPP). Un des objectifs de cette initiative était de promouvoir une coopération militaire plus étroite et une meilleure interopérabilité entre les pays OTAN et les pays non OTAN dans la zone euro-atlantique. Depuis lors, les membres du Partenariat pour la paix peuvent participer, sur le terrain, à des exercices de maintien de la paix.

En 2002, la Force de réaction de l'OTAN (NRF) a été créée. Il s'agit d'une force multinationale à haut niveau de préparation, faisant appel aux technologies de pointe, que l'Alliance peut déployer rapidement partout où cela est nécessaire.  Le concept original de NRF a été revu en 2009 et, depuis lors, l'accent a été mis sur les exercices menés à l'appui de cette force. Ces entraînements sont destinés à garantir que la NRF puisse se déployer rapidement et mener des opérations efficacement dans diverses situations.

Au sommet d'Istanbul, en 2004, les dirigeants des pays de l'Alliance ont élevé le Dialogue méditerranéen au rang de partenariat à part entière, permettant ainsi aux ressortissants des pays participants de prendre part en plus grand nombre aux exercices et aux activités d'entraînement individuel dans les établissements de l'OTAN. En même temps, l'Initiative de coopération d'Istanbul (ICI) a été lancée, ouvrant ainsi la voie à la coopération entre l'OTAN et les pays du Moyen-Orient élargi dans des domaines tels que la formation et l'entraînement, et donné la possibilité aux partenaires de participer à des entraînements communs à la lutte contre le terrorisme. Depuis le sommet de Lisbonne, en novembre 2010, et l'adoption du concept stratégique 2010 ainsi que de la nouvelle politique de partenariat, les exercices OTAN sont ouverts à tous les partenaires.

Au sommet de Chicago, en 2012, les dirigeants des pays de l'OTAN ont commencé à parler de développer les programmes de formation et d'entraînement et les exercices, et ils ont présenté l'initiative d'interconnexion des forces (CFI), qui visait à faire en sorte de préserver le haut niveau d'interopérabilité auquel les forces alliées sont parvenues dans le cadre des opérations menées en Afghanistan, en Libye, dans la Corne de l'Afrique et dans les Balkans. C'est en février 2013 que les ministres de la Défense des pays de l'Alliance ont entériné des plans destinés à redynamiser le programme d'exercices de l'OTAN. Ces plans ouvrent la voie à un calendrier d'entraînement pluriannuel plus rigoureux, le but étant que les forces des pays de l'OTAN et des pays partenaires entretiennent leur capacité à opérer ensemble efficacement.

Suite à l'annexion illégale de la Crimée par la Russie en mars 2014, le nombre d'exercices menés cette année-là a augmenté, et à leur sommet de 2014 au pays de Galles les dirigeants des pays de l'OTAN se sont engagés à mettre davantage l'accent sur des scénarios de défense collective. Depuis lors, les dirigeants des pays de l'OTAN ont approuvé une posture de dissuasion et de défense renforcée faisant fond sur tous les outils dont l'Alliance dispose, y compris les exercices militaires. Ils ont réaffirmé l'importance de ce principe pendant le sommet extraordinaire tenu à Bruxelles le 24 mars 2022, exactement un mois après le début de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine en l'absence de provocation. Au sommet tenu à Madrid en juin, les Alliés se sont engagés, en adoptant le concept stratégique 2022, à renforcer les entraînements et les exercices.

Les exercices continuent de permettre aux Alliés de développer leur capacité d'atteindre le niveau d'ambition de l'OTAN et de mettre cette capacité en évidence aux fins de dissuasion.